Ohlala n°15 (Lower Manhattan... Mode Fail)

Un jour férié, à Manhattan, c'est sacré, ça ne se gaspille pas. Je vous l'ai déjà dit, vendredi, tout le monde s'est enfui à 14h des bureaux pour ce long week-end ici appelé "holidays", rien que ça.

Alors qu'ai-je fait de ce jour supplémentaire ?

Eh bien pas grand chose jusqu'à 17h30 !

Déjà parce que j'ai dormi jusqu'à 11h30, miam miam miam. Bon, j'aurais bien dormi davantage mais des gens faisaient plein de bruit dans la rue. Les gens parlent atrocement fort ici, avec une fenêtre au 1er étage ça devient un peu usant - on dit que les Espagnols sont bruyants mais franchement si vous voulez secouer vos préjugés, venez aux Etats-Unis, vous serez pas déçus. Tiens, à l'instant où je vous parle, un gamin se met à pleurer en hurlant. Déjà qu'un gamin, dans ce genre de situation, est, pour le dire sobrement, aussi auditivement insupportable qu'un crissement de craie sur un tableau noir, laissez-moi vous dire qu'un gamin américain qui pleurle (pleure + hurle, c'est un néologisme, j'en suis très fière), c'est... pire qu'un crissement de craie. Donc on atteint un seuil de douleur acoustique impossible à se représenter mentalement. Il faut le vivre pour le croire.

Bon, donc j'ai été réveillée. Pour arranger les choses, la personne qui vit au-dessus de ma chambre et dont j'entends chaque déplacement sur le plafond - qui est un sol pour lui, certes - eh bien cette personne donc avait visiblement décidé de profiter de ce jour férié pour déplacer tous ses meubles non pas en les portant mais en les tapotant sur le sol. Va essayer de tapoter une commode : c'est impossible. Donc ça tapotait pas du tout en fait, ça donnait de violents coups sourds et rapides au-dessus de ma tête.

Ou peut-être qu'il tuait quelque chose à coups de masse après avoir pris de la drogue, ce qui lui donnait une force démentielle et lui permettait de taper très vite.

Ou peut-être qu'il était tout simplement très fort et rapidement naturellement. Ce qui est certain, c'est qu'à force de cogner le sol, quel que soit son mobile, il m'a réveillée.

Et pourtant, comme j'ai dit à Belette, pour me réveiller, il faut me poser un âne mort sur la tête (s'en est suivi une description palpitante et échevelée de mon installation wallace&gromitesque de poulies pour venir déposer un nouvel âne mort sur mon visage chaque matin).

J'ai skypé un peu, pris des nouvelles du Frère qui fait dans quelques heures son premier exposé de petit padawan Sciences Po. Discuté avec RJF qui refermait des balises après avoir atteint "51 000 operations a virgules flotantes par secondes".

Et surtout, j'ai parlé avec ma logeuse de la venue de RJF. Dès le premier jour, elle m'a dit que les "boyfriends" n'étaient pas les bienvenus ici. Dur. Mais elle avait dit qu'elle nous aiderait à trouver un endroit bien pour une semaine.

Aujourd'hui j'ai donc tenté de savoir à combien elle évaluait cette fameuse semaine "ailleurs". Et on en est venues à parler de son autre appart, où elle a bientôt une chambre libre et où sa fille ne vit pas. Parce que ce qui la gêne, c'est que sa fille de 13 ans soit confrontée à... je sais pas. Un couple stable qui s'aime ? Hum. Elle m'a dit "parce que tu vois, pour l'instant, elle ne sait pas." Elle ne sait pas quoi au juste ? comment on fait les bébés ? oula. Faut se réveiller. Elle a l'air d'avoir mon âge ta fille, ne la fais pas + naïve qu'elle n'est.

Bon, en tout cas, sa fille n'habitant pas dans son autre appartement, je pourrais y recevoir qui je veux sans que ça trouble son développement psychologique. Par contre il y a une Japonaise assez relou qui s'est déjà plainte d'un couple de colocataires et donc si RJF vient il faudrait qu'il se fasse passer pour mon frère. AHAHAHAH. Genre mais oui, bien sûr, on se ressemble tellement, c'est évident. Pour rappel, RJF est un parfait petit aryen et moi je suis hum plutôt le genre de personne qu'on aurait physiquement suspectée d'être concernée par les lois raciales de 1935.

Bon, de toute façon j'ai encore du temps pour inventer un mensonge + plausible, je vais visiter l'appart dans les jours qui viennent, je vous tiens au courant, tout ça, vous en faites pas.

Après, si vous voulez tout savoir, je me suis lavé les cheveux et j'ai envie réussi à les sécher d'une façon satisfaisante qui fait qu'on ne voit pas trop qu'ils sont ultra-tout-plats depuis que je suis arrivée à New-York (je résiste héroïquement à l'envie de les faire recouper - trop cher - ou de les couper moi-même - MAUVAISE IDEE, souviens-toi de l'épisode de la FRANGE en 5ème, me murmure-t-on dans l'oreillette / non, je ne vous dirai pas ce qu'est l'épisode frange, je vous laisse à votre imagination sadique).

C'est donc seulement vers 17h30 que je me suis dirigée vers Lower Manhattan. Où l'on remarque que les Américains ne se font pas traumatiser par leurs profs de géo, contrairement à nous pauvres Européens, puisqu'ils disent "en bas" (lower) pour dire "au Sud" et "en haut" (upper) pour dire "au Nord" et personne ne vient les engueuler en disant "le Nord est en haut par convention, mais on peut très bien choisir de mettre le SUD en haut si on veut, d'ailleurs CONTRÔLE SURPRISE, vous me placez le Kenya et la Mongolie sur cette carte, vous avez 29 secondes hinhinhin" en sortant une carte normale qu'il a juste retournée mais qu'il t'oblige à tenir dans ce sens absurde qui donne l'impression que les continents obéissent à la loi de la gravité puisqu'ils sont tous entassés en bas - parfois pour varier les plaisirs il te sort une carte anthropomorphique qui n'a de marrant que le nom et sur laquelle, quelle que soit la donnée choisie, l'Afrique est tout le temps + petite que la France, mais on s'éloigne du sujet.

J'ai donc pris la ligne 1 jusqu'à son terminus, Staten Island Ferrys, ce qui tombe bien puisque j'avais l'intention de prendre le ferry qui va gratuitement à Staten Island en passant au large de la Statue de la Liberté et en offrant un beau point de vue sur Manhattan. Il est recommandé un peu partout de faire le trajet au coucher du soleil, c'est-à-dire un peu avant 19h20 aujourd'hui. J'ai donc emprunté celui de 19h, j'étais super bien placée, j'ai sorti mon appareil photo... et j'ai découvert avec bonheur et allégresse que j'avais oublié sa carte mémoire dans mon ordi. Uhuhuh. Je t'entends grogner de déception d'ici, mon petit lecteur avide d'images. Eh bien oui que veux-tu, l'être humain fait tout le temps plein d'erreurs et moi je suis vraiment très très humaine. Donc pas d'images de la skyline pour ce soir ! En même temps, je peux pas tout le temps te faire tout le boulot hein, y a des trucs, si tu veux les voir, il faudra que tu viennes par toi-même les découvrir. Oui je sais ce que tu vas me dire, j'suis étudiant, j'suis fauché... bah moi aussi figure-toi, c'est pour ça que j'ai pris ce ferry gratuit et pas celui qui va sur l'île de la Statue. Mais ok, je vois que tu tenais vraiment à voir ce coucher de soleil, alors j'y retournerai rien que pour toi, ami lecteur aux yeux pétillants. De toute façon, aujourd'hui, il était pas génial parce que y avait des nuages à l'horizon.

Après un petit aller-retour d'une heure vers une île que je n'ai point pris le temps de visiter, je suis passée à Century 21, dont j'ai parlé hier et qui se trouve justement dans Lower Manhattan, ça tombait bien (mais c'était pas-du-tout-du-tout fait exprès hein). J'ai vu des cache-oreilles en fourrure noire, ohlala ! sans mentir, je rêve de ces cache-oreilles depuis un demi-siècle, j'en ai cherché partout à Paris pendant 2 ans sans succès et là, bam, ils sont là, on dirait deux petites boules de Roméo en encore + DOUX (si, c'est possible) - pour les ignorants, Roméo c'est le meilleur chat noir du monde.

Je les ai pas achetés, me disant que je ferais mieux de me trouver un bonnet pour me protéger toute la tête et pas juste les oreilles de l'hiver new-yorkais... mais franchement, 24$ au lieu de 60$... je crois que je vais pas tarder à y retourner avant qu'ils n'en aient plus.

Comme j'anticipe les questions et que j'ai bien conscience qu'il y a une forte frustration en vous après un article aussi long sans image, je vous rappelle qu'un cache-oreille, c'est ça :

Sauf que bon, voilà, moi je l'imagine plutôt noir hein.