jeudi 30 septembre 2010

Ohlala n°37 (5 Common Excuses to Not Donate to Charity)

Sur un site croisé par hasard en faisant des recherches pour CH, j'ai découvert plein de réflexions intéressantes sur le secteur des associations, ONG, etc., approximativement regroupées sous le nom de "charity" aux USA. Il s'agit de http://salvationarmycardonationsblog.blogspot.com.

Je vous traduis un article que j'ai beaucoup aimé (si vous êtes anglophone ou bien suspicieux et bon en anglais, vous pourrez aller vérifier en le lisant en V.O. : http://salvationarmycardonationsblog.blogspot.com/2010/09/5-common-excuses-to-not-donate-to.html)

5 Common Excuses to Not Donate to Charity

Il arrive souvent qu'on ait l'intention de donner de l'argent pour une cause, mais pour tout un tas de raisons, on finit par ne rien donner. Pourtant, quand on donne même un tout petit quelque chose à une organisation qui aide les autres, cela a un impact positif. Tout comme de petites gouttes de pluie peuvent provoquer un déluge (que c'est joliment dit), vos quelques dollars/euros combinés à ceux de milliers voire millions d'autres gens peuvent changer des vies.
Alors par quoi sont retenus les gens qui veulent vraiment donner ? Voilà le top 5 des excuses que les gens utilisent pour ne rien donner.
1. Je n'ai pas assez d'argent.
C'est vrai, il y a beaucoup de gens qui n'ont pas les moyens de donner de l'argent, certains mêmes ont davantage besoin de l'assistance de ces charities dont il est ici question. Cependant, pour la plupart d'entre nous, il est tout à fait possible de trouver 5dollars/euros à donner.
Il y a plein de façons de trouver l'argent suffisant pour faire un don. Aujourd'hui, faire une pause café de moins. Une fois dans la semaine, manger chez soi au lieu de sortir. Ne pas acheter de "snacks" au moment du déjeuner. Amener à manger au travail une fois par semaine plutôt que d'aller acheter son déjeuner dehors.
En gros, si on croit vraiment en une cause, on peut trouver de l'argent à lui consacrer.
2. Je ne veux pas que mon argent soit dépensé pour des frais annexes.
On souhaite tous que notre argent aille directement aux gens qui ont besoin d'aide. Cependant il faut bien que cette aide atteigne les gens à qui elle est destinée. Le transport, l'emballage et la sécurité sont des exemples de domaines où les charities ont besoin de dépenser de l'argent pour que leur aide parvienne aux bénéficiaires. Malheureusement, nous vivons dans un système où ces choses ne sont pas gratuites.
Il est important de donner à une organisation en laquelle on croit et qui a la capacité de délivrer l'aide qu'elle entend apporter. Prenez le temps de vous renseigner sur l'organisation à qui vous avez l'intention de faire un don, comme ça vous serez rassuré, vous saurez que votre argent sera bien utilisé. Ne renoncez pas à donner à cause de rumeurs, de déclarations infondées ou de quelques "fruits pourris" avérés.
3. Je crois que toutes ces ONG sont frauduleuses
Des organisations ont posé problème par le passé. Il y a effectivement des gens qui montent des charities dans le but d'utiliser les dons pour leur propre bénéfice. Mais il y a bien + de grandes et petites ONG qui aident vraiment les gens. Quand vous décidez de ne rien donner à cause des transgressions d'un petit nombre, c'est en fait les gens que vous aviez l'intention d'aider que vous desservez.
Ne permettez pas à quelques mauvaises personnes de vous arrêter. You can be a part of the solution (je laisse cette phrase en anglais parce qu'elle est typique, je la vois partout, même pour les poubelles de recyclage dans le métro). Renseignez-vous, choisissez une compagnie qui vous semble sérieuse et donnez.
4. Mon argent ne servira à rien
Comment un don de 5dollars/euros pourrait-il aider qui que ce soit ? Eh bien ces 5$/€ pourraient suffire pour acheter des médicaments vitaux, de la nourriture, de l'eau ou n'importe quoi d'autre qui peut sauver une vie. Ces 5$/€ peuvent, une fois encore, être combinés à des milliers d'autres dons de montants différents.
Ne pensez pas à votre don comme étant la fin de quelque chose, mais au contraire comme quelque chose qui va être ajouté aux dons de beaucoup d'autres gens pour produire un véritable changement. Chaque dollar/euro compte. Vous ne donnerez jamais trop peu. Décidez ce que vous pouvez vous permettre de donner sans vous pénaliser, vous et vos proches, puis donnez. Vous vous sentirez bien quand vous l'aurez fait ! (hum ça c'est la petite touche américaine-judéo-chrétienne que j'aime pas)
5. On n'a plus besoin de mon argent
Quand une crise diminue d'importance et que les journalistes rentrent chez eux, les gens pensent souvent qu'on n'a plus besoin de leurs dons. Quand les problèmes présentés comme majeurs semblent être en train de se résoudre, il peut sembler que les ONG ont fini leur travail. Le plus souvent, c'est tout le contraire.
C'est en fait quand l'attention du public se détourne de la crise que le vrai travail commence. Ne décidez pas de ne pas donner parce que vous pensez que le besoin d'aide est passé. Plutôt que de penser que le manque d'attention des médias en est la preuve, faites vous-même une recherche. Vous serez souvent surpris par la quantité de misère et de détresse humaine que le monde ignore.
S'il vous plaît, donnez ce que vous pouvez aux causes qui vous touchent le plus.

mercredi 29 septembre 2010

Ohlala n°36 (Where do you live?)

Avant de partir pour les Etats-Unis, j'avais lu que l'une des toutes premières questions qu'on pose à NYC quand on rencontre quelqu'un, c'est
"Where do you live ?".

Eh bien après un peu + d'un mois d'enquête, cette information est confirmée, en fait tous les gens avec qui j'ai parlé + de 5 minutes m'ont demandé dans quel coin j'habitais. Et depuis que j'habite dans Crown Heights, ils m'ont systématiquement recommandé de ne pas rentrer trop tard chez moi "c'est pas pour t'effrayer hein mais bon, il faut éviter, ou alors il faut être en groupe". Sympa. Bon, à moins qu'un groupe commence à 2, je ne suis jamais revenue chez moi en groupe et je ne me suis pas faite agresser - c'est pourtant pas faute d'avoir essayé, on est mêmes rentrées par le 2 train au lieu du 3, réputé + sûr - et les rues sont aussi tranquilles à 4h du matin qu'à n'importe quel moment de la journée, même davantage - surtout comparées à leur état vers 23h, quand la musique yiddish met tout le monde sur les nerfs.

So, where do I live?
Eh bien voici la première rue que je traverse chaque matin, Empire Boulevard pour vous servir :

Comme ça elle vous paraît peut-être gigantesque, mais comparées aux avenues de Manhattan cette petite ruelle me rappelle avec ravissement mon Europe natale.

Et puisque tout le monde, au lieu de saliver en silence, remet en question la nature de ce blog, aujourd'hui vous n'aurez PAS d'image de nourriture et ce sujet ne sera pas abordé (alors que j'avais encore des trucs à dire, par exemple le fait qu'avec ma nouvelle coloc polonaise on est bien d'accord pour dire que les Américains ne savent décidément pas ce qu'est un supermarché et qu'ils mettent n'importe quoi dedans sauf ce dont on a besoin).

Vous aurez, à la place, des photos de mon nouvel appartement que j'aime et qui sera encore + génial après un petit tour à Ikea samedi prochain (avec Audrey et Magdalena, mes 2 colocs !).

Ahaha, on ne perd pas si facilement une bonne habitude, donc pour faire la transition entre mon sujet de prédilection et le thème d'aujourd'hui, voici tout d'abord la cuisine ! Vous aurez l'amabilité de noter qu'il y a moult ustensiles, en fort bon état qui + est, pour la plupart neufs à vrai dire, et même, dans le fond, que vois-je ?! des bacs pour le RECYCLAGE. Ahahah, c'est le Destin qui m'a conduite en cette demeure.


Je n'ai pas allumé de lumière supplémentaire pour la photo du salon donc elle ne rend pas très bien, mais j'ai fait exprès pour enlaidir les lieux et que vous ne soyez pas trop jaloux.


Ceci est donc ma chambre, qui comprend depuis aujourd'hui une commode, c'est décidément le comble du luxe - en + elle est jolie et solide (sous-entendu : pas comme le meuble télé de mon ancienne chambre verte et rose qui se balançait de gauche à droite dès qu'on le touchait...)

Ceci est un point de vue artistique sur l'autre partie de ma chambre, ce qui vous permet d'admirer l'immense miroir très pratique (faut-il rappeler qu'à Harlem j'avais un miroir de 25cm de haut et que celui de la salle de bains était encore + petit ?) et d'apprécier la hauteur impressionnante du lit (il m'arrive à la taille donc j'ai besoin de sauter pour monter dessus, c'est très marrant)

Voici ma table de nuit, très jolie en imitation de vieille malle de voyage et décorée avec goût d'une jolie lampe et de deux peluches, Sid le rat et Milwaukee le chat-poussin argenté au centre de gravité pathétique (c'est-à-dire qu'il ne peut pas tenir sur ses pattes, il se ramasse tout le temps sur le museau s'il n'a pas quelque chose devant lui pour l'en empêcher).

Ceci, vous l'avez deviné tout seuls, est pour finir la salle de bains. On notera la présence suspecte mais marrante de moquette sur le dessus des toilettes.


Et pour vous récompenser de votre patience durant la visite, voici un autoportrait raté pris dans le salon.

mardi 28 septembre 2010

Ohlala n°35 (Guess who is playing some music in the street)

Allez cette fois je suis de bonne humeur alors je laisse la prof qui sommeille en moi propager quelques enseignements jusqu'à vos cervelles avides (les sonorités de la langue française sont ainsi faites qu'un cerveau de bovidé vient d'apparaître en mon esprit, mais n'en prenez pas offense, c'est juste de la synesthésie).

Certains le savent, je vis désormais dans le quartier de Brooklyn nommé Crown Heights. Personne n'a jamais su comment se prononce "heights", même les Américains me disent un truc différent à chaque fois, ça peut aller de "iggz" à "hhèizz". Si vous avez un peu suivi les derniers épisodes de ma vie tout à fait passionnante au lieu de regarder le début de la saison 5 de Dexter - si vous avez fait les 2, ça va, je vous aime encore - vous savez que mon nouvel appartement est juste à côté du quartier des juifs hassidim. Mais Wikipédia m'apprend qu'ils ne représentent que 9% de la population de Crown Heights ! Ils vivent en fait dans quelques blocs très précis. 90% des Crownheightiens - ce terme n'a rien d'officiel et heureusement car il est imprononçable - est en fait originaire des Caraïbes. On se calme tout de suite mesdemoiselles, non, Johnny Depp n'en fait pas partie - mais j'ai appris aujourd'hui qu'il est en train de tourner le n°4 de ses aventures de corsaire dégénéré.

Les esprits tatillons auront déjà noté que 90+9=99 et qu'il manque donc 1%. Eh bien je suis l'heureuse participante de cette minorité très minoritaire composée de gens qui viennent d'ailleurs. Wikipédia précise d'ailleurs "Latiano, Asian and other ethnic groups" donc j'imagine que je suis même minoritaire à l'intérieur de mon groupe minoritaire. C'est sûr que ça dépayse du VIe arrondissement, mais ça n'est pas pour me déplaire.

Les tensions sont assez fréquentes entre les afro-américains/caribéens et les juifs, au début des années 90 il y a même eu des émeutes très sérieuses entre les 2 communautés, mais aujourd'hui ça va mieux et le quartier est de + en + sécurité grâce aux nombreuses patrouilles de police (par contre leurs sirènes sont juste ridicules, faut faire quelque chose les mecs parce que ça fait pas sérieux). En 2007 le nombre de meurtres par an est même passé de 15 à 9 et le nombre de viols a chuté de 20%, c'est-à-dire qu'il n'y en a eu que 12. Trop cool, non ?

Quant à mon stage, il se passe toujours bien, aujourd'hui ma nouvelle mission a été de faire des impressions d'écran d'anciens mails envoyés aux abonnés de la newsletter, certes ça n'était pas particulièrement marrant et débattre du plan de carrière de RJF l'était surtout beaucoup +, mais j'aime bien bidouiller de nouveaux logiciels, maintenant je pourrai dire que je sais me servir de Paint Shop Pro.

En rentrant, j'ai décidé d'acheter une pâtisserie juive, parce que ça a l'air tellement bon que je voulais savoir quel goût ça avait. Je n'arrive pas à trouver le nom de ceci, mais comme vous pouvez l'imaginer c'est plein de crème à l'intérieur :

(au fond, vous pouvez aussi admirer mon nouveau pot de glace Ben&Jerrys Chunky Monkey)

Oh et je viens de découvrir que les croissants qui me font rêver depuis plusieurs jours s'appellent des Rogaleh, j'en achèterai demain pour vous montrer - et surtout pour en manger ahahahah niark niark niark.

Maintenant que vous me détestez, je vais essayer de vous faire rire - mais peut-être que vous allez juste me trouver encore + détestable après l'insinuation fort douteuse que je m'apprête à faire.

Franchement, choisir un logo pareil pour son supermarché juif, est-ce que c'est pas comme si Le Pen décidait de transformer sa flamme en croissant de lune ?

lundi 27 septembre 2010

Ohlala n°34 (Endless song)

Bon, j'avais l'intention de vous faire une présentation de ce qu'est la fête des cabanes dans le judaïsme, de vous parler de leurs petits bouquets, de leur calendrier et des hassidim.

Mais là je suis beaucoup trop énervée pour le faire, parce que je suis juste épuisée, la nuit dernière j'ai dormi moins de 4h parce qu'ils faisaient à nouveau un bruit pas possible, j'ai fini par sombrer après 3h en laissant mes 2 index très inconfortablement plantés dans mes conduits auditifs.

Impossible de porter des boules Qiès puisque vu mon état d'épuisement, je n'entendrais pas le réveil et je ne peux pas m'offrir le luxe d'employer la méthode expérimentale pour voir si je me réveillerais quand même puisqu'il faut forcément que je me réveille pour pouvoir aller travailler.

Aujourd'hui il y avait une réunion avec 2 gars qui ont analysé en détail les dons faits sur internet et par courrier après des appels aux dons à travers les newsletters ou autre de CH. Je ne peux pas vous dire si c'était bien ou pas parce que j'ai passé 2h à lutter pour garder les yeux ouverts, sans exagérer, si j'avais le malheur de poser le menton dans ma paume pour garder la tête droite, je m'endormais de façon absolument irrépressible, plusieurs fois j'ai soudain rouvert les yeux en me demandant depuis combien de temps ils étaient fermés. Peut-être que c'est marrant à lire mais moi je n'ai même plus la force d'en rire.

Ce soir je voulais me coucher avant 22h pour être sûre de dormir avant qu'ils commencent, et puis j'ai parlé avec Audrey, on a mangé ensemble, elle m'a dit qu'ils commençaient seulement à minuit alors je me suis dit que je pouvais passer du temps dans la salle de bain à prendre un peu soin de moi, ce qui fait du bien quand on est aussi fatigué. Et à 22h20, ils ont recommencé à jouer cette musique de merde que je ne peux plus supporter ; ce qu'ils jouent est à la musique yiddish ce que la techno des rave party est à la musique électronique. C'est à dire rien d'autre que du bruit qui passe en boucle.

Il y a quand même 2 bonnes nouvelles aujourd'hui :
- je peux sans problème me faire passer pour juive. Il suffit qu'à la question "Are you jewish?" je me mette à répondre "yes" au lieu de "no". Il y a encore une femme qui m'a posé la question aujourd'hui dans le métro - et j'en ai marre qu'après avoir dit "no" ils arrêtent soudain de me porter tout intérêt. Bon allez je vous livre une de mes découvertes du jour quand même : en fait les Hassidim ne rejettent pas la modernité, contrairement à d'autres ultra-orthodoxes qui vivent complètement coupés du monde, eux ils peuvent occuper beaucoup d'emplois modernes, ils ne rejettent pas la technologie comme par exemple la télévision... parce que tout ça leur permet de rencontrer d'autres juifs "light" et que ça leur donne donc une chance de leur parler de les convaincre de rentrer dans le droit chemin ! Owi, essayez de me convertir ! (bon ceux du métro parlaient hébreu ou yiddish donc la conversation puis la conversion auraient été compliquées)
- demain Molly me confie "un projet" pour le reste de la semaine ! Elle a décidé de garder le suspense de son contenu jusqu'à demain matin, donc je suis impatiente de savoir ce qui va remplacer les Google Analytics.

Bon. Bah je vais manger un mini croissant pour me réconforter. Ce soir Audrey m'a fait à manger (!) et on a partagé du poisson, des pommes de terre et des brocolis (ces derniers n'avaient heureusement aucun goût donc j'ai pas eu à me forcer trop pour faire semblant que c'était mangeable), c'était très bon et très sain, donc je peux bien rééquilibrer tout ça avec un croissant. Et un peu de Nutella...
(Défi fou de demain : acheter des fruits !)

Ohlala n°33 (Succos)

Bon, en n'ayant pu dormir que vers 4h à cause de la musique, je vais pas être bavarde ce soir. Précisons qu'ils ont recommencé aujourd'hui. Et qu'on a fini par remarquer que seuls les hommes dansent, séparés des femmes qui attendent derrière les barrières.
Mystère percé : c'est la fête des cabanes, ici appelée Succos. J'en dirai davantage un jour où je penserai à nouveau que les chants yiddish sont beaux et pas interminables.
Le Clara repart demain, aujourd'hui on n'a pas eu le temps de faire grand chose en se levant à midi, mais c'était quand même une bonne journée et on a trouvé un diner où manger très bon pour pas cher - ils ont même de la moussaka et des burger à la feta (Skylight Diner, 402 W 34th St.).
Allez, ils font une pause, on va essayer de s'endormir entre temps.

dimanche 26 septembre 2010

Ohlala n°32 (Happy Shabbat)

Cet endroit est fou.
Là tout de suite (il est 1h du matin), il y a de la musique yiddish dans la rue. C'est à 4 blocks et on entend les paroles (quand à les comprendre, c'est une autre affaire). Quand on est sorties du métro, il y avait même un remix de musique traditionnelle assez délirant avec une guitare électrique.
Avec le Clara on n'a pas pu résister même si tout le monde nous regarde avec un petit air étonné, on est allées voir de + près, il y avait des barrières pour bloquer la Kingston Avenue, une scène de concert et plein plein plein de gens massés autour qui dansaient/sautillaient. La densité était trop forte pour permettre des trucs du genre Rabbi Jacob, le trop dommage.

Bon reprenons depuis le début :

- j'ai des bleus sur les genoux : même si ce quartier était horrible, ce qui n'est absolument pas le cas ; même si cet appart était atroce, ce qui n'est absolument pas le cas ; même si la proprio et les colocs étaient débiles et chiants, ce qui n'est absolument pas le cas, il serait hors de question que je déménage une nouvelle fois. Parce que plus jamais je n'aurai la force de porter cette valise. Elle était tellement lourde qu'il m'a fallu 10 minutes pour descendre les 2 étages de mon ancien appartement, je me sentais tel le bousier confronté à une boulette beaucoup trop grosse pour lui. Arrivées au métro, heureusement, un type s'est emparé de ma valise sans vraiment me demander mon avis et quand je lui ai dit que je pouvais l'aider parce qu'elle était vraiment lourde il a rigolé et il a dit "Do I seem weak?" et certes, il ne semblait pas faible, mais quand même, je pense qu'il a pleuré sa maman pendant 24h après s'être probablement à moitié déboîté l'épaule - en gardant un visage impassible, certes, mais je ne peux pas croire qu'il soit humainement possible d'avoir déplacé cette aberration de l'empacketage humain à la force d'un seul bras sur 20 marches. Interrogation philosophique du jour : pourquoi crée-t-on des valises pouvant contenir tellement trop de choses qu'il n'est plus possible de les mouvoir ?

- Le Clara n'est pas faite pour être mère : ça c'était un peu la découverte du jour après qu'elle ait prononcé cette phrase mémorable : "mais moi je suis pas faite pour avoir des enfants, je les laisserais brûler quand je les ferais cuire !"

- Ici on porte les habits du dimanche le samedi : ça c'était ma réflexion christiano-centrée quand on est arrivées dans Crown Heights avec la fameuse valise-cauchemar. Pas un gars n'a bougé pour m'aider à hisser la chose jusqu'à hauteur de rue alors que le milieu d'Eastern Parkway Avenue est recouvert de banc sur lesquels les hommes juifs s'installent au début du shabbat - faut dire que pour venir m'aider il aurait fallu me voir galérer, or j'étais coincée dans les profondeurs obscures et souterraines du métro. Mais comme Clara me parlait du haut des escaliers qu'elle avait gravis gaiement, tout le monde a capté qu'on parlait français et plusieurs types nous ont dit "bonjour" et l'un d'eux nous a même indiqué notre direction dans un français parfait.
Et en fait tout le monde a l'air de parler français ici, en tout cas on a croisé plusieurs groupes de gens qui se parlaient en français et certains nous ont lancé un "bonjour".
Comme c'était le début du shabbat, tout le monde était en train de sortir dans les rues pour aller à la synagogue (enfin on a pensé que c'était dans ce but) et résultat on était les seules à aller à contre-courant des flots d'hommes en noir/barbe/papillottes, c'était assez étrange.

Un gars nous a demandé si on était juives et quand on a dit non il s'est détourné sans ajouter un mot. Quelques blocks plus loin, un petit garçon nous a aussi demandé si nous étions juives et comme le précédent il tenait une petite boîte entre les mains.
Le Clara : "mais sérieux pourquoi ils nous demandent ça ?"
Swan : "sûrement pour nous vendre un truc"
Le Clara : "pourquoi ils voudraient vendre des trucs ?"
Swan : "baaaah... ils sont juifs"
Voilà, c'était la très ignoble blague antisémite du jour, c'est mal, c'est très mal, les enfants, ne refaites pas la même chose chez vous.

- Les Devil's cheesecakes sont vraiment démoniaques : après l'emménagement dans mon nouvel appart trop bien, on est retournées sur Manhattan pour passer la soirée avec Edmond, qui venait sur NY pour le week-end - c'est un pote de ScPo qui est en stage/cours à Washington. On est parties à l'heure où Edmond était censé arriver à Penn Station. J'ai voulu prendre le D (express) pour gagner du temps, mais à 21h il n'y a pas beaucoup de métros, donc c'était une mauvaise idée de choisir l'option "plutôt que de rester dans la rame qui nous emmène direct à destination on va faire un changement". On est restées un gros quart d'heure sur le quai à attendre un D.
On est donc arrivées à Penn Station à 22h... c'est-à-dire 2 minutes avant que le bus d'Edmond n'arrive à destination. Verdict : évitez les bus chinois Washington-NY, à moins que vous ne souhaitiez vous retrouver enfermés + d'une demi-heure pour une pause "essence" enfermés à clés sans lumière et sans clim dans le bus avec à côté de vous une couche de bébé parfumée.
On est allés manger chez Junior's, parce que ça n'était pas très loin et que c'était une valeur sûre (déjà testée 2 semaines auparavant). Cette fois j'ai choisi le bacon cheeseburger et c'était génial (surtout pour à peine 15$).
Puis on a pris un dessert, chacun un cheesecake différent puisque c'est leur spécialité. J'ai pris le swirl chocolate (sorte de cheesecake marbré de chocolat - et là tu te dis que l'anglais parfois a le don d'attribuer le bon son aux choses, il n'y a rien au monde qui décrive mieux les marbrures au chocolat que "swirl"). Edmond a pris un cheesecake a la cerise. Et Le Clara a pris le Devil's cheesecake, ce qui est probablement le dessert le + sucré/fou/unhealthy/génial qu'on puisse faire : du cheesecake entrecoupé de couches de gateau au chocolat et de crème au chocolat. La part faisait presque 15cm de haut et ne tenait en fait même pas debout. En s'y mettant à 3, on en est venu très difficilement à bout. Et après on avait atrocement mal au ventre.

On a donc décidé d'une petite promenade digestive. Pardon. Edmond a exigé qu'on l'accompagne jusqu'à l'endroit où il allait passer la nuit. Tout ça parce qu'il n'est jamais venu à NY, qu'il n'avait pas de plan avec lui et qu'il fallait descendre 30 blocks. Comme nous sommes les filles les + sympa du monde, on a accepté de le guider. On a descendu Broadway entre 1h et 1h30 et il y avait encore plein de monde dehors. Bon après tout s'il n'y avait pas plein de gens sur Broadway à cette heure, où pourrait-il y en avoir ?

- Maintenant je vais faire des cauchemars du métro de New York : une fois qu'Edmond a eu passé le portique de sécurité de la résidence universitaire où un autre ScPo lui avait prêté sa chambre, on a voulu rentrer dormir à notre tour. On était à plusieurs blocks des métros 2 et 3 mais comme c'étaient les seuls qui étaient directs jusqu'à l'appart et que je n'avais pas envie de renouveler l'attente interminable due au changement de tout à l'heure, on a marché jusqu'à la station du 2 et du 3. Ce qui nous a pris + de 20 minutes (donc c'était pas très malin au final). Là Le Clara devait recharger sa carte de métro. On a tenté 2 fois le processus avant de lever les yeux et de découvrir que les machines n'acceptaient que du cash. Ahah. Pendant ce temps, au moins 2 rames sont passées pour nous narguer. Bien sûr, une fois sur le quai, il était 2h et nous avons découvert que le temps d'attente serait de 17 minutes. Je préférais prendre le 3 - qui arrive sur Kingston Avenue en plein quartier juif - plutôt que le 2 - qui arrive dans un quartier qui me semble beaucoup + populaire, mal réputé et un peu + loin de l'immeuble. Donc on a attendu le 3. Qui n'est arrivé qu'après + de 25 minutes finalement. Et qui, arrivé à Chambers Street, a... fait demi-tour. En effet son terminus était bien Chambers Street, parce qu'il remplaçait en fait le métro 1 qui ne roule pas ce week-end pour cause de travaux. Donc on est revenues à notre point de départ, résignées à prendre le 2. Sauf que le prochain était à nouveau dans 17 minutes. Alors on a décidé de prendre un taxi.

- Les préjugés sur les taxi drivers sont tellement en-deçà de la réalité ! J'avais lu dans le Routard qu'il était possible, voire fréquent, qu'un conducteur de taxi se perde une fois hors de Manhattan. Là, on a donné l'adresse au chauffeur qui rongeait un os de poulet (à 3h du matin. Normal) et il nous a dit "désolé mais je sais pas où c'est". Il a rien ajouté et on a compris que ça voulait dire "fin de la communication, sortez, je vais chercher un client + facile, qui reste dans Manhattan".
Hum. Ok. On était plutôt abasourdies.
On a hélé un autre taxi et avant de monter, on lui a demandé s'il acceptait de nous emmener dans Brooklyn. Il a fait "oui oui montez". Je lui ait l'adresse. Et il m'a demandé si je savais comment y aller. Non. Bon bah je suis désolé mais je peux pas vous y emmener alors. J'aurais bien demandé "mais euh vu que vous avez un GPS à 30 centimètres de votre tête, peut-être qu'en entrant l'adresse dedans ça vous guiderait au moins aussi bien que ce que j'aurais fait", sauf que payer 40$ pour voir un gars se perdre dans Brooklyn ça me tentait pas donc j'ai pas trop insisté. On est retournées dans le métro, sans payer, parce que faut pas exagérer, c'était leur faute si on n'arrivait pas à rentrer. Le 2 a fini par nous emmener à destination et on ne s'est pas faites agresser par un gang couvert de tatouages, on a donc enfin pu s'endormir, vers 4h30.


Le lendemain, debout à 10h parce que la future coloc venait faire connaissance (et accessoirement signer les papiers pour emménager). Elle est très sympa, Polonaise, elle fait une thèse sur l'histoire du judaïsme (les migrations polonaises vers Israël si j'ai bien compris) à Columbia.

Audrey nous a fait manger toute sa réserve de fruits, pommes kiwis ananas fraises, c'était trop bien - parce qu'on n'avait rien à manger et qu'on s'était justement promis qu'on mangerait des fruits ce midi pour compenser le repas monstrueux de la veille.

Puis on est retournées sur Manhattan. Sur le chemin vers le métro, on a croisé une femme qui a entendu qu'on parlait français et qui a absolument voulu nous expliquer pourquoi elle était Marseillaise et quelle était l'histoire de sa mère, émigrée d'Allemagne jusqu'aux Etats-Unis avant 1939. Elle nous a tout raconté en français, langue qu'elle ne maîtrisait pas vraiment mais qu'elle prononçait avec un accent très marrant - on ne comprenait pas tout mais c'était mignon. Puis elle s'est mise à arrêter les gens dans la rue pour leur demander s'ils étaient Français, parce que comme c'est "les vacances" il y a plein de Français ici en ce moment - c'est des vacances juives hein, je rassure ceux qui sont complètement déphasés d'avec la France, on n'en est pas encore à la Toussaint là-bas. Une fille a fini par s'arrêter et elle parlait mieux français qu'anglais en fait, elle était super sympa et marrante, j'ai pas pris le temps de lui demander ce qu'elle faisait là exactement, si elle vivait dans le coin ou si elle était juste de passage, en tout cas elle nous a dit que de temps en temps le quartier craint un peu et qu'il y a 2 semaines, il y a eu "un criminel" : il y avait plein de voitures de police après ça, parce qu'il y a eu 7 coups de feu tirés vers 16h, à 2 blocks d'ici. "Enfin je dis pas ça pour vous faire peur hein !". Bah non. Carrément pas.

Une fois arrivées toujours saines et sauves jusqu'à Manhattan (maintenant je vais m'émerveiller d'être en vie à chaque instant), on est passées à Victoria's Secret - magasin de sous-vêtement bondé avec que des trucs plutôt moches puis comme on avait déjà à nouveau faim, on est retournées au Food Emporium acheter des cookies et le fondant au chocolat dont je vous ai déjà parlé. On a aussi pris chacune un muffin aux pépites de chocolat et j'ai acheté un lot de croissants (3$ !! et y en a pleiiin). Bref, du sain et du diversifié.

Puis on a retrouvé Edmond près de Washington Square pour aller manger au Paul Oyster Bar qui était cette fois ouvert ! A 19h, on a pris notre réservation en nous disant de revenir 40 minutes + tard, donc en effet le lieu est plutôt bien rempli. Ceci dit la salle est plutôt petite et les New-Yorkais ont tendance à manger + tôt que les Français - disons qu'en fait 19h c'est l'heure classique pour le dîner. En tout cas on a pris des Lobster Roll (lobster = langouste) et c'était TROP bon ! On avait un voisin assez étrange qui avait décidé de façon complètement désintéressée qu'il nous refilerait tous les plats qu'il ne finissait pas, donc on a eu en prime des coquillages et des moules (il n'a même pas essayé de récupérer notre numéro ou de nous faire la conversation, il avait juste envie de faire découvrir ce qu'il mangeait aux autres apparemment).

Ensuite on avait décidé de rentrer pour dormir tôt, mais bien sûr ça n'est pas ce qu'on a fait. On s'est installés dans Washington Square où il y avait plein de monde et des musiciens et on a parlé de choses très diverses (l'amour est-il une construction de l'esprit ? quand les garçons se servent-ils d'un mouchoir ? auront-nous la force de retourner voir un prochain film de Gaspard Noe après avoir enduré Enter The Void ?)

Les répliques les + étranges de la soirée furent :

Swan : Et si on mangeait les cookies ?!
Clara (regardant dans son sac en plastique) : tu préfères pas un orgasme ?

Finalement on s'est décidées pour les cookies.
Clara (savourant son cookie) : C'est un des rares trucs que je préfère mou...
Swan (choquée) : Oh Clara ! (en fait je crois plutôt que j'ai eu un ricanement lubrique)
Edmond : Ah parce que le caca, tu le préfères... ?
Clara : Euh on met pas les mêmes choses dans notre bouche, Edmond...

Le concert mystère est enfin terminé (il est + de 2h) donc on va pouvoir se coucher (oui le problème c'est qu'on entend pas mal les bruits de la rue ici et que la musique yiddish, au bout de 2h, devient un peu répétitive, mais qu'on l'entend quand même toujours). Le défi maintenant c'est d'apprendre un maximum de truc sur les juifs hassidiques pour 1. s'instruire, 2. savoir ce qu'il se passe dans le quartier et quel était le but de toute cette musique, 3. pouvoir répondre "yes" à la fameuse question "Are you jewish ?" pour savoir ce qu'il y a dans la petite boîte.

Ah et puis ça permettra de savoir ce qu'il faut répondre quand on nous salue, parce que contrairement à ce qu'a suggéré Clara, la réponse appropriée n'est probablement pas "Happy Shabbat !"

samedi 25 septembre 2010

Ohlala n°31 (Crazy night)

Il est 4h du matin, passées de quelques minutes. Cela fait donc + de 20h que je suis debout, en ayant dormi 5h la nuit dernière, en me préparant à faire de même dans quelques minutes et en n'ayant jamais dépassé les 7h de sommeil consécutives depuis 15 jours.

Si je vous raconte notre voyage épique de la 45th Street à Kingston Avenue, dans le centre de Brooklyn (ma nouvelle adresse que j'aime que j'aime que j'aime), non seulement je vais encore réduire mon temps de sommeil (je dois me lever demain à 10h pour rencontrer ma future coloc. Elle veut me rencontrer. J'ai un peu envie de dire "emménage et on aura 7 mois pour se rencontrer" mais bon, elle est Polonaise, c'est peut-être une coutume polonaise, moi je veux bien m'adapter aux moeurs étrangères si ça peut aider à vivre en bonne entente), donc je disais, non seulement je vais réduire mon temps de sommeil mais en + vous ne me croirez pas (et moi-même je trouve que c'est juste une histoire de fou).

Alors, pour le repos de mon âme, je vais être obligée de reporter ce palpitant récit à demain.
Sachez juste que :
- j'ai des bleus sur les genoux
- Clara n'est pas faite pour être mère
- ici on porte les habits du dimanche le samedi
- les Devil's cheesecake sont vraiment démoniaques
- maintenant je vais faire des cauchemars du métro de NY
- les préjugés sur les taxi drivers sont tellement en-deçà de la réalité !

vendredi 24 septembre 2010

Ohlala n°30 (Dunkin Donut)






Dunkin Donut !
Regardez-moi ce donut parfait.
J'ai passé un quart d'heure à le prendre en photo avant de le manger ce midi.

Je voulais vous faire un article détaillé de ce qui me manque ou pas en France et ce qui va me manquer ou pas quand je partirai, pour fêter mon mois de présence aux Etats-Unis... mais j'ai passé la soirée à faire ma valise pour le déménagement de demain donc je vais me contenter de cette apologie du donut !

mercredi 22 septembre 2010

Ohlala n°29 (Google, I hate you, I love you)

Alors pour être honnête, les Google Alerts, je commence à en avoir un peu ma claque.
Un peu de temps en temps, c'est marrant, mais passer une journée dessus, faut être honnête, ça lasse.
Rappel : les Google Alerts, c'est un système qui permet de recevoir chaque jour par mail une liste de liens vers les sites qui ont mentionné une expression donnée que vous avez choisie. Par exemple, toutes les occurrences de "Bible". Cet exemple est un très mauvais exemple parce que vous allez mourir si vous choisissez un tel mot tellement vous allez recevoir de mails avec des milliers de liens chaque jour.
Vous pouvez donc recevoir une alerte à chaque fois que le nom de votre association est mentionné quelque part, partout dans le monde (sur le web uniquement ceci dit, car pour l'instant Google n'a pas encore installé de micros à reconnaissance vocale et de caméra qui lisent sur les lèvres dans tous les foyers du monde donc si quelqu'un prononce le mot, ça ne suffira pas, il va falloir encore attendre un peu pour ce nouveau joujou).

Alors certes, c'est très utile et instructif d'éplucher les mails ainsi reçus pour partir à la recherche de gens qui connaissent l'association et qui pourraient par exemple accepter d'ajouter une petite animation flash dans le coin de leur blog pour inciter aux dons.
Par contre, éplucher toutes les occurrences de "teen h*melessness" c'est juste interminable et à peu près inutile (depuis le début de mon stage j'ai trouvé peut-être trois sites qui pourraient se révéler intéressants et coopératifs grâce à cette alerte). Donc j'appréhende demain, parce que ça m'ennuyait tellement que j'ai tout simplement décidé de ne pas m'en occuper aujourd'hui et de me concentrer uniquement sur ceux qui mentionnaient CH.

Ceci dit, cette tâche n'a pas que des côtés négatifs, loin de là.
Elle permet de découvrir des blogs très étonnants, très marrants, très intéressants, très touchants. Il y a quelques jours je suis tombée sur le blog d'un homme qui est lui-même sans abri et qui écrit un article pour raconter sa (sur?)vie dès qu'il arrive à se procurer un accès internet. Malheureusement je ne retrouve plus l'adresse.

Je trouve aussi des blogs d'anciens bénévoles pour l'association, des récits de gens qui ont rencontré un sdf et qui ont envie de partager cette expérience, des gens qui lancent de petites initiatives pour récolter des fonds pour les homeless kids de leur quartier... aujourd'hui j'ai découvert par exemple qu'un gamin de 9 ans a décidé de marcher entre deux villes pas loin de chez lui (au départ il voulait faire Chicago-San Francisco ou quelque chose de ce genre mais ses parents l'en ont dissuadé) pour que les gens qui le soutiennent donnent de l'argent et qu'avec la somme récoltée, les églises de son quartier puissent accueillir à tour de rôle les sdf avec de la nourriture, un lit pour la nuit et des vêtements propres. Si on fait abstraction de la photo de famille complètement flippante qui accompagnait l'article (papa-maman wasp + 5 mini boy-scouts nés à un an d'intervalle, sourire figé, qui placent le mot Lord ou Jesus dans chacune de leurs phrases), si on fait abstraction de ça donc, je trouve ça vraiment génial - bien sûr il faut davantage qu'une soupe pour retrouver cesser d'être sdf, mais ça permet quand même de rester en vie en attendant que quelque chose de + grand fasse encore mieux.

Autre initiative découverte aujourd'hui : un groupe de gamins invités par leur église locale à expérimenter une nuit de homeless pour se rendre vraiment compte de ce que ça fait avant de s'engager dans une association d'aide aux sans-logis. Ils vont passer la nuit sur un parking avec juste un sac de couchage et des cartons et le lendemain matin à 8h leurs parents viendront les chercher pour les emmener direct à la messe, sans manger ou se laver entre temps.
Il y a énormément d'actions de ce type menées par des chrétiens. Il y en a aussi quelques unes menées sans caractère religieux, mais beaucoup moins. Pour l'instant je n'ai trouvé que quelques sites de communautés juives traitant du sujet, toujours des sites gérés par une autorité religieuse, pas par une personne privée se réclamant du judaïsme. Et absolument rien qui soit dédié aux musulmans, ce qui m'étonne beaucoup.

De façon générale je croise énormément de sites liés de façon + ou moins étroite à la religion, qu'ils soient officiellement tenus par des membres d'un clergé et bien simplement par des croyants - parfois très très croyants. Et je me dis que beaucoup de Français seraient effarés (voire scandalisés, vu comme je les connais) s'ils faisaient le même travail que moi. Les relations de la société civile avec la religion sont tellement différentes ici ! Pour l'instant je n'ai pas assez de recul pour tenter de les analyser, mais on peut déjà dire (je m'y attendais d'ailleurs) que parler de religion aux Etats-Unis est beaucoup plus naturel qu'en France et beaucoup moins dramatisé.

L'autre chose que j'ai découverte aujourd'hui, c'est l'agenda Google (ou Google Calendar). Puisque j'ai un compte Google (au cas où vous ne le sauriez pas, les blogs blogspot.com comme le mien sont hébergés par Blogger qui est un produit Google), j'ai décidé de tester leur fonction calendrier et je l'adore. C'est hyper intuitif, super simple à utiliser, on peut se créer plusieurs catégories d'événements (par exemple événements perso/événements pro) et choisir de ne faire apparaître que les uns ou les autres ou les 2 à la fois, les jours fériés sont automatiquement ceux du pays dans lequel on se trouve, il y a même des indications pratiques vitales du style "changement d'heure" (et là je dis vive l'heure d'hiver, ça fera 60 minutes de + avec RJF), bref, oui Google c'est le mal et ils collectent toutes nos info perso qu'ils concentrent entre leurs petites mains, mais quand même, pour le coup, ils sont très forts.

Résultat ma vie se remplit de Google ces temps-ci et malgré les mises en garde de Marie-No (et surtout de Quentin Le Geek), je vends gaiement mon âme à la world wide web company.

mardi 21 septembre 2010

Ohlala N°28 (African American Parade Day au pays des hommes forts)

Ce que j'ai oublié de vous dire dimanche, c'est que c'était l'African American Parade Day, c'est à dire la journée de la "fierté" afro-américaine, un peu comme la Gay Pride chez nous pour les homos. C'est là qu'on réalise que vraiment, les Etats-Unis, ce n'est pas la France.
Et ça tombait bien, cette parade remonte le boulevard Adam C. Powell, c'est-à-dire ma rue (pour encore quelques jours), de la 111th St à la 136th St.

En début d'aprèm, il y a donc de la musique qui a commencé à traverser les murs et puis ça ne s'est plus arrêté, tambours, haut-parleurs à fond avec différents morceaux de musique très radio-friendly, gens qui crient, fanfares... Comme il fallait que j'aille faire une lessive, j'ai profité de l'occasion pour aller voir ce qui se passait. Le boulevard était complètement vide de voitures et des milliers d'Afro Américains la remontaient en dansant et en jouant de la musique, il y avait des barrières sur les trottoirs pour les spectateurs, tout le monde était dans la rue à regarder le défilé passer. Il y avait les écoles, les policemen, les pompiers, les clubs de danse, tous les regroupements immaginables qui se succédaient, chacun avec une danse et une musique différente.

Le soleil avait été réglé sur la luminosité maximum et la chaleur avait suivi, des gars vendaient des glaces vertes (genre vert menthe à l'eau pure, pas vert gentil sorbet à la pomme), ceux qui ne défilaient pas se pressaient à l'ombre des arbres, les policiers qui géraient la circulation automobile et piétonne des rues transversales dégoulinaient de sueur... et l'ambiance était indescriptible.



Je crois qu'on ne peut pas trouver d'autre mot que "fierté". Les gens étaient fiers de cette parade, il régnait une euphorie un peu écrasée par les degrés Fahrentheit mais quand même, c'était beau à voir, c'était enthousiasmant, tout le monde était de bonne humeur et l'atmosphère était celle des jours exceptionnels où tout semble possible, plus rien n'est vraiment surprenant, pas mêmes les noirs géants et filiformes en pantalon à paillettes violettes et masque à antennes de hanneton qui dirigent les majorettes en soufflant dans un sifflet.


Aujourd'hui, réunion très intéressante à CH avec un gars spécialisé dans le management des non-profit organizations et leurs actions sur internet.
Molly va complètement redesigner le site internet (et ce qu'elle envisage d'en faire semble en effet beaucoup plus pertinent que ce qui existe déjà).
Ce dont ils ont parlé aujourd'hui (moi j'étais surtout là pour écouter) correspondait exactement à ce que j'attends de ce stage : apprendre comment rendre une association efficace, c'est-à-dire comment la doter des moyens pour atteindre ses objectifs. Choisir les mots, leur place, les options offertes. C'est passionnant.
Je crois que c'est là que je retrouve tout ce que j'ai cherché à travers les différentes pistes d'orientation professionnelle sur lesquelles j'ai fait quelques pas hésitants avant de rebrousser chemin. Ici, c'est à la fois créatif et extrêmement concret. Il faut persuader autant que convaincre. Il faut utiliser la psychologie, les émotions, les sentiments, mais pas juste pour faire des profits. Bien sûr, c'est l'objectif qu'on se donne et qu'il faut atteindre. Mais derrière, il y a une cause, on ne cherche pas l'argent pour en avoir plein et devenir + gros, on le cherche pour changer la vie de ceux qui ont eu moins de chance (et souvent moins de force) que les autres.

Dans un pays où il est si important d'être fort, se dire qu'on aide à redonner une chance à ceux qui n'ont plus que leur peau nue pour se protéger de la vie, ça me plaît.

Je suis en train d'écouter un morceau de musique sur le blog de Clo' (un de ces jours je vais ajouter en liens mes blogs favoris, même s'ils ne parlent pas de vie à l'étranger) et je me dis que les paroles de Her Morning Elegance pourrait très bien s'appliquer à une de ces filles qui viennent reprendre des forces dans les foyers de CH.



Sun been down for days

A pretty flower in a vase
A slipper by the fireplace
A cello lying in its case

Soon she's down the stairs
Her morning elegance she wears
The sound of water makes her dream
Awoken by a cloud of steam
She pours a daydream in a cup
A spoon of sugar sweetens up

And She fights for her life
As she puts on her coat
And she fights for her life on the train
She looks at the rain
As it pours
And she fights for her life
As she goes in a store
With a thought she has caught
By a thread
She pays for the bread
And She goes...
Nobody knows

Sun been down for days
A winter melody she plays
The thunder makes her contemplate
She hears a noise behind the gate
Perhaps a letter with a dove
Perhaps a stranger she could love

And She fights for her life
As she puts on her coat
And she fights for her life on the train
She looks at the rain
As it pours
And she fights for her life
As she goes in a store
With a thought she has caught
By a thread
She pays for the bread
And She goes...
Nobody knows

And She fights for her life
As she puts on her coat
And she fights for her life on the train
She looks at the rain
As it pours
And she fights for her life
Where people are pleasently strange
And counting the change
And She goes...
Nobody knows

Alors bien sûr, je suis loin d'être sans logis et j'en suis drôlement contente. Mais je serai encore + contente quand j'aurai quitté cette chambre. Comme mon Canon G10 est génial, la photo rend plutôt bien pour un appartement d'Europe de l'Est où vivent trois familles de mineurs et huit familles de cafards, certes, mais je tiens à préciser que la photo a été prise avec le plafonnier allumé, vers 14h le jour de la Parade (sunny day indeed) et que cet appareil a le don de rendre beaucoup + lumineuses les photos prises dans les endroits sombres.
Mon seul petit regret, c'est qu'on ne voit pas les tapis "rouge foncé" - couleur idéale pour rendre une chambre + lumineuse, c'est connu - et qui avaient été nettoyés avec tellement de soin avant mon arrivée que je me suis ouvert le pied sur un truc non-identifié et que j'ai mis 3 jours à réaliser que non, les petits points clairs ne font pas partie du tapis, ce sont des miettes, des déchets et de la poussière.

Ohlala n°27 ("Jeumay deux sans twoi")

Et voilà, c'est décidé, vendredi j'aurai le plaisir de procéder à mon 3e emménagement en un mois. Si on complète les cases manquantes du tableau d'hier, on peut dire que les colocs vaudront sûrement un +2 et la connexion internet vaut un +10. Surtout ce soir, où le modem de mon appart actuel avait décidé de sélectionner ceux qui auraient droit à internet selon des critères aussi limpides que l'eau de la Loire qu'on ramassait dans notre kayak en CM2 quand on se penchait trop sur le côté.

Bref, je déménage vendredi chez les juifs hassidiques et chacun en pensera ce qu'il veut mais je me sens + à l'aise là-bas que dans Harlem, j'ai du mal à savoir exactement pourquoi mais c'est comme ça. Après tout, mon rêve c'était de passer un an à Jérusalem, on s'en rapproche !
D'ailleurs il y a plein de trucs marqués en hébreu dans les rues, j'imagine bien que c'est pas des trucs qui doivent beaucoup me concerner, beaucoup de rassemblements religieux ou autre, mais quand même, ça me redonne envie d'apprendre à lire cette langue et maintenant j'ai une raison de le faire donc ça devrait m'aider à me lancer.

Que dire d'aujourd'hui en quelques mots ?
Je n'ai à peu près rien fait aujourd'hui parce que Molly était occupée avec plein de réunions donc elle m'avait dit de regarder les Google Alerts, mais puisque je le fais à chaque fois que j'ai du temps libre, j'avais déjà presque tout épluché.
Bon j'ai été un peu occupée par l'installation de mon ordi, il fallait que j'aie accès à certains dossiers du réseau pour lesquels mon ordinateur n'était pas configuré, "Anthony" s'en est chargé en m'expliquant que décidément je prononçais super mal les voyelles et qu'il ne fallait pas dire "Molly" mais "Mali". Sans déconner, j'ai dit "Mali", comme le pays, et il m'a dit "oui voilà exactement comme ça !". Ces Américains sont fous.
Les o sont des a. Les a sont des è. Les e sont des i. Les i sont des trucs entre le a et le è. Il n'y a que les y qu'ils savent prononcer correctement, pauvres d'eux.

En échange de ce cours spécialisé, il a voulu que je lui apprenne à dire "no problem" en anglais et il a eu beaucoup de mal à dire "de" (le "de" qui est présent dans "pas de problème" pour ceux qui ont du mal à suivre). Putain mais si t'es pas capable de dire "de", mec, faut pas essayer d'apprendre à parler français ! Ahah.
Et il était super fier de me traiter de "vieille sèche" parce que c'est une expression que la grand-mère de sa femme utilisait tout le temps. Il a précisé qu'elle était Belge...

Ce soir j'ai beaucoup parlé avec la coloc brésilo-japonaise, qui contrairement à ce que notre logeuse prétendait n'a pas du tout mauvais caractère et est vraiment très marrante... mais beaucoup moins diplomate que moi - ou peut-être qu'elle a perdu tout sens de la diplomatie après un an de cohabitation avec cette folle. Elle se contente de ne plus lui répondre parce qu'elle ne peut plus la supporter et je commence à la comprendre.
Cette femme se rend malheureuse toute seule en passant tout son temps à se mettre en colère contre des choses qui n'en valent absolument pas la peine. Elle ne parle jamais au téléphone. Elle crie. Toujours. Elle est tout le temps en train de se disputer avec quelqu'un ou de se plaindre de quelqu'un avec qui elle vient de se disputer. Et ce n'est jamais de sa faute. Elle se sent sans cesse attaquée par tout le monde. Elle répète sans cesse qu'elle est épuisée et je veux bien la croire. Pour l'instant j'ai la chance qu'elle m'aime vraiment bien, sans que je sache exactement ce que j'ai fait pour ça, peut-être juste l'écouter se plaindre alors que tellement de gens doivent finir par la fuir tellement elle se rend la vie impossible.
Je la connais depuis seulement un mois et tout ce que j'ai observé m'a été confirmé par ma coloc, qui la connaît depuis longtemps. Et rien que pour ça, je suis contente de partir, parce qu'il me faudrait de + en + me forcer pour rester gentille avec elle - et je voudrais vraiment rester gentille parce que même si elle a des côtés insupportables et qu'elle n'est vraiment pas très maligne, il y a quelque chose en elle, quelque chose qui fait penser au désespoir de ces petites bêtes qui tombent dans un verre d'eau et qui se noient sans réussir à s'accrocher aux parois, la comparaison peut sembler méprisante mais elle ne l'est pas du tout, cette femme me touche autant qu'elle m'agace, elle donne envie d'essayer de l'apaiser.

Hum évidemment à force de disserter sur la psychologie de presque inconnus, je n'ai pas vu le temps passer, il faut vraiment que je vous laisse.

dimanche 19 septembre 2010

Ohlala n°26 (Internal contradictions)

Wow... je viens de passer une super soirée avec mes roommates (P'pa : ça veut dire colocs) !
C'est con hein, à quelques jours d'un nouveau déménagement... dont je n'ai pas dit un traître mot à qui que ce soit ici, à NYC.
Demain je teste la connexion internet. Si elle est bonne, JE ME CASSE.

Ces roommates sont vraiment sympas et ont plein d'idées pour qu'on vive vraiment ensemble, donc si jamais je reste, je serai très contente aussi.
Ceci dit, la coloc suisse risquerait de m'énerver parfois. Elle se spécialise dans la défense des droits de l'homme. Elle est passionnée par Camus et Dostoïevski. Elle est passionnée et passionnante quand elle parle de ce qui l'intéresse. Mais elle ne laisse rien passer.
Certes, on ne peut pas connaître quelqu'un en une semaine, mais on peut deviner les grandes lignes d'une personnalité.
Elle est super sympa, drôle, dynamique, j'aime son regard sur le monde, que je partage en grande partie.
Mais quand S. a dit "I cannot live without TV", elle a passé 10 minutes à essayer de lui faire dire "I CAN live without TV".
Lui il voyait pas où était le problème, pour lui c'était juste une expression comme ça.
Mais pour elle c'était insupportable. C'est une sorte de déformation professionnelle sûrement, à force de toujours faire attention aux termes qu'on emploie quand on étudie le droit.
Tout comme elle, je trouvais ça excessif de dire "I cannot live without TV". Notamment parce que je peux. Mais hier soir, j'ai dit "I cannot live without Internet" donc je suis mal placée pour jeter le premier caillou et je n'avais aucune envie de le lancer. Alors qu'elle en avait envie, elle aime ça, elle l'a dit, "I like to fight".
Bien sûr que personne n'a besoin de télé pour vivre. Tout le monde a besoin de manger, de boire, mais pas de TV. Bien sûr. Et S. le sait aussi bien qu'elle. Mais elle voulait absolument qu'il retire ce qu'il avait dit.
Quand il nous a parlé de ses rêves (un peu stéréotypés, mais après tout, beaucoup de rêves le sont, peut-être même le sont-ils tous - en tout cas ceux de J. le sont probablement autant que S. même si elle pense que ce sont de bons rêves et qu'il est donc normal d'en rêver), elle l'a interrompu pour dire "you watched too many movies". CERTES. Mais il ne s'agit pas d'une profession de foi. Il s'agit juste d'une conversation entre roommates qui apprennent à se connaître.

Cette fille a énormément de bons côtés, mais elle est sur la défensive, elle ne veut rien s'accorder et ne fait aucune concession, même pas pour une conversation entre roommates. Elle ne pense pas en termes d'individus, elle pense "humanité". Et c'est là que nos points de vue divergent. Son engagement semble être basé sur "il faut" et pas sur "j'aime". Et ça résonne bizarrement en moi, il y a une faille quelque part. Quelque chose que j'aimerais prendre le temps de comprendre, même si je n'aurai probablement pas le temps, même en restant en relation avec elle après mon départ.

A propos de départ, après une aussi bonne soirée (on n'a pas passé notre temps à nous engueuler sur le sens des mots je vous rassure), je ne sais plus quoi penser. Si je reste finalement ici, je pense que je finirai par aimer cet endroit, malgré tous ses défauts. Même si, après avoir fait un tableau de décision grâce à Chloé, je pense de moins en moins à rester.

Brooklyn / Harlem
Distance -2 / 0
Loyer +1 / 0
Internet ? / +3
Possibilité de recevoir +1 / +1
Quartier +1 / -1
Intelligence/proprio +1/ -1
Salle de bains +1/ -1
Machine à laver +1 / -1
Luminosité +2 / -1
Colocs ? / +1

TOTAL 6 / 0

6-0 dans ta face quand même... Et je pense pas que la connexion internet puisse à elle seule battre les autres avantages. Et certes je connais pas encore les autres colocs (il y en aura un ou 2 autres) mais la proprio m'adore, elle veut absolument que je devienne sa roomie, elle me le répète dans chaque mail et je dois avouer que moi aussi ça me plairait bien de vivre avec elle. Elle fait partie de ces rares personnes à qui je ne crains pas de dire ce qui ne va pas, parce que je sens qu'elle est prête à comprendre et qu'on a à peu près les mêmes attentes sur beaucoup de points.

A propos de dire ce qu'on pense, ça m'a vraiment gênée, ce soir, de ne pas être honnête avec les autres et de ne pas leur dire que j'allais sûrement partir, que tous les projets qu'ils faisaient (le week-end prochain on prépare un gratin de courgettes !) ne devaient pas m'inclure.
R. m'a donné 2 jeans à elle qu'elle ne peut plus mettre et qui me vont parfaitement. J'ai voulu le lui acheter mais elle a tenu à me les donner en disant qu'elle était happy de s'en débarrasser. J'ai l'impression qu'en partant dans moins d'une semaine, c'est comme si je les volais.
Je sais très bien que c'est absurde, que ça ne doit pas changer ma décision de partir. Mais je ne voyais pas comment leur dire "écoutez j'adore cette soirée avec vous mais c'est sûrement la dernière". Ils auraient posé plein de questions, ils auraient sûrement dit qu'ils voulaient que je reste (sincèrement ou pour la forme), or il y a plein de questions auxquelles je ne peux pas répondre. Parce que j'ai promis à Taous que je ne dirai à personne de cet appart qu'elle en a un autre et que j'y ai vécu. Ce qui est débile puisqu'elle n'est jamais là, il faut bien qu'elle vive ailleurs. Mais j'ai promis.
Et j'aurais pu inventer un autre mensonge, dire que certes j'avais déménagé ici de mon plein gré il y a une semaine mais qu'entre temps je m'étais rendu compte que la luminosité me manquait trop, ou quelque chose de ce genre, mais ça n'aurait pas été super crédible, et puis c'était encore un mensonge de +, alors que pour l'instant j'ai juste menti par omission en ne parlant pas de l'endroit où j'avais vécu avant d'emménager ici.
Quitte à mentir, je préfère servir le même mensonge à tout le monde : j'ai une amie qui a trouvé un appart à Brooklyn et il reste une chambre libre là-bas, moins chère qu'ici, or mes parents paient aussi l'année universitaire de mon frère donc financièrement c'est mieux que je déménage, et puis c'est lumineux et je déprime sans lumière. Mensonge à peine mensonge donc - en fait il suffit d'enlever les mots "une amie qui a" et c'est la vérité, sans donner l'impression de préméditation - je prétendrai que je suis allée visiter son appart le soir-même et que j'en suis tombée raide dingue.

Ahahahah ! Je pourrais écrire des scénari de films. Ou commettre un meurtre parfait.

Enfin quand même. Je n'aime vraiment pas faire semblant d'être moi, sans pouvoir être parfaitement détendue et sincère, même si j'y arrive plutôt bien. J'aime beaucoup mieux la façon dont je suis avec Audrey, la propriétaire de l'appart de Brooklyn, certes je ne l'ai vue qu'1h30, mais je n'ai pas besoin d'omettre certaines informations quand je lui parle, dans les mails qu'on s'est échangés depuis on s'est dit les choses franchement et rien que ça, je crois que c'est encore une raison supplémentaire pour déménager.


Ohlala n°25 (Swaying Swan)

Certes, il n'est pas bon, en théorie, en cours de philosophie, d'avoir des certitudes.
Il faut tout le temps être prêt à tout remettre en cause, à douter de tout, pour ne pas devenir dogmatique.

Mais quand on passe une journée entière à être impatiente, agacée, indécise, à fleur de peau... alors que ça faisait bien longtemps que ça n'était pas arrivé, on se dit que ça a forcément un sens.
Et quand d'un coup, quand on s'était enfin résignée, ce qu'on espérait tant se produit, quand on ressent ce soulagement qui devient euphorie, là, oui, on a une certitude.
On n'a plus peur, on ne doute plus, les mots s'emmêlent parce qu'on voudrait dire tout son bonheur d'un coup. On répète sans cesse les trois mots qu'on s'est promis de ne pas trop utiliser pour qu'ils ne s'usent pas.

Aujourd'hui j'ai été au bord des larmes 2 fois, mais dans des situations antagonistes (toi aussi, joue à caser des mots dont tu es obligée de vérifier la définition avant de les écrire pour ne pas dire de connerie). J'ai largement préféré la 2e situation.

Aujourd'hui j'ai appris que je devrais davantage écouter mon instinct. Je le sentais pas ce Chinois, depuis le début, même si je ressemble pas à un chien. Eh ben ce type est sérieusement tordu. J'ai fini par lui envoyer un mail pour savoir s'il lui restait des chambres à louer. Il a absolument voulu que je lui donne un numéro de téléphone où il pouvait m'appeler.

Il m'a appelée 24h + tard pour me demander si j'étais bien moi, j'ai acquiescé, puis il m'a posé des questions genre comment je gagne ma vie, combien de temps je vais rester, quel est mon budget, etc. Il avait pas l'air emballé par mes réponses mais il m'a quand même dit qu'il me rappellerait le lendemain pour me dire quand je pouvais venir visiter.
Je me suis dit qu'il allait pas rappeler.

Eh ben si. Il m'a rappelée le lendemain à peu près à l'heure prévue pour me dire que je pouvais venir tout de suite. Ce que j'ai fait. Il m'a bien fait répéter l'adresse. Ce que j'ai fait. Et je suis partie à sa rencontre... mais je l'ai jamais rencontré. Parce que l'adresse n'existe pas, j'ai bien dû me rendre à l'évidence après avoir parcouru la 139th street de long en large pendant une heure. Je lui ai envoyé un sms pour lui demander de confirmer l'adresse et de préciser près de quelle avenue c'était. Aucune réponse.
Il a jamais rappelé.

Et là franchement je ne saisis pas.
S'il voulait pas de moi, pourquoi avoir pris la peine de m'appeler deux fois, de me donner son numéro de téléphone, de me donner rendez-vous... et d'inventer une fausse adresse ?!
This is weird (je prononce cette phrase en moyenne 10 fois par jour depuis que je vis à NYC).

Mais, me direz-vous, tout ça ne nous dit pas si tu vas déménager à Brooklyn ou pas !
Eh bien la réponse est probablement oui.
J'irai vérifier la puissance de la connexion internet demain soir ou après-demain soir. Et si la connexion est bonne je me casse d'ici, oooh qu'il est doux de penser cela. Certes les trajets seront + longs, mais la liste des avantages est sans fin et je peux certainement arranger mon emploi du temps avec Molly pour rentrer assez tôt certains jours de semaine. En +, j'avais pas encore pensé à ça, mais je serai au final + proche de downtown qu'avant, or c'est plutôt dans la moitié sud de Manhattan qu'il y a des choses à faire.

Ce ne sera guère que mon 3ème déménagement en un mois.

vendredi 17 septembre 2010

Ohlala n°24 (To move or not to move)

Bon, l'heure est grave.
Est-ce que je déménage ou est-ce que je déménage pas ?

J'ai visité un appart aujourd'hui dans Brooklyn, à Crown Heights exactement, c'est-à-dire le quartier des juifs hassidiques.

La propriétaire vit dans l'appart et ça, définitivement, c'est LE truc à rechercher, parce que quelqu'un qui vit là où il loue ne va pas laisser traîner les travaux, ne va jamais laisser quelqu'un "oublier" de faire le ménage et il a tout intérêt à rendre les lieux agréables puisqu'il y vit lui aussi.
On s'est super bien entendues, tellement que je suis restée 1h30 à parler avec elle. En anglais. Et qu'elle m'a jamais demandé de répéter. \o/
Elle s'appelle Audrey, elle a l'air d'avoir 35 ans mais elle en a certainement beaucoup + puisque son fils en a 27. Elle est belle, Americano-jamaïcaine et elle se prend pas la tête, même si elle considère qu'il y a des règles incontournables dans une colocation (ça tombe bien, c'est les mêmes que les miennes, par exemple si on emprunte quelque chose à quelqu'un on lui demande avant et on remplace après).

Il y a une chambre IMMENSE à louer pour le même loyer que ce que j'ai dans Harlem (c'est-à-dire une chambre avec une fenêtre qui donne sur un mur, un lit double, un bureau boîteux et un placard + salle de bains et cuisine sous-équipée à partager à 5 - donc 1 coloc invisible, sérieux je sais pas ce qu'ils ont comme problème avec la vie sociale les gens ici mais c'est inquiétant). Donc immense chambre avec une vraie fenêtre et une salle de bains privée. Mais Audrey préférerait la louer à un couple qui s'est déjà manifesté. De toute façon il y a trop de place pour moi, genre on pourrait ajouter 2 autres lits doubles dans cette chambre et avoir encore largement la place de marcher autour. Or je vis seule.

La chambre qui m'intéresse est donc 150$ moins chère (!!) et à vrai dire presque aussi spacieuse. Les 2 différences principales avec la première sont : la salle de bains est à partager avec Audrey et il n'y a pas une mais 3 fenêtres (AHAHAHAH !).

Autre avantage de l'appart : il y a une machine à laver dans la cuisine.
Autre avantage : la cuisine est entièrement et généreusement équipée.
Autre avantage : il y a aussi un sèche linge.
Autre avantage : vivre à Brooklyn dans un quartier avec plein de juifs c'est exactement comme ça que j'imaginais mon lieu de vie idéal pour la 3A. Je sais pas ce que j'ai avec les juifs mais je me sens en confiance avec eux - en tout cas davantage qu'avec les types de Harlem qui passe leur journée assis à 4 ou 5 sur les marches devant leur immeuble en dévisageant chaque passant et en écoutant du rap super fort sur leur auto-radio.

Et alors, au final, c'est quoi le problème, pourquoi ton titre c'est "to move or NOT" ?

Eh ben parce que cet appart de rêve est à 1h de mon lieu de travail, porte à porte. Ce qui reste encore raisonnable, mais compromet fortement toute communication directe avec la France en-dehors des week-ends. Et ça, je sais que certains ne le comprendront pas, mais ça me fait vraiment hésiter.

Sauf que je peux peut-être réussir à aménager mon emploi du temps avec Molly pour venir un peu + tôt et rester + tard de temps en temps et partir une demi-heure + tôt d'autres soirs.

Faut que je donne ma réponse demain.
Toute suggestion est la bienvenue, même si je sais déjà que vous allez tous me dire la même chose.