dimanche 17 avril 2011

Ohlala n°209 (Stop thinking like me!)

Le principal inconvénient de la procrastination, c'est qu'elle permet aux autres d'être plus rapides.

Depuis des semaines, je voudrais écrire des articles sérieux et argumentés sur des sujets au coeur de l'actualité mais à force de remettre les choses au lendemain, je finis par lire ailleurs ce que j'aurais voulu dire.

Prenez le cas de la nouvelle loi visant à protéger "la République" : l'interdiction d'avoir le visage masqué dans les lieux publics. Autrement dit l'interdiction du niqab en France. Et, dans le même temps, puisque les deux sujets sont très étroitement liés, le "débat sur la laïcité", souvent appelé à tristement juste titre "débat sur l'islam".

Un de mes amis disait hier sur Fb qu'il ne comprenait pas que le New York Times ait un avis négatif sur cette nouvelle loi française, parce que le fait de masquer son visage n'avait rien d'une obligation religieuse et que c'était un signe d'oppression. Il faut être plutôt naïf et ajouter à ça une jolie dose de mauvaise foi pour résumer la situation ainsi.

Critiquer cette loi, ce n'est pas dire que le niqab ne pose aucun problème, ni que les femmes qui le portent ont raison de le faire.

Mais puisqu'il est tard, je ne vais pas développer tous les arguments que beaucoup d'autres ont déjà très bien exposés.

D'abord, un journaliste de Slate.fr a expliqué le 3 mars en quoi un débat sur l'islam est inopportun, inutile et dangereux. Il me semble que ces 3 adjectifs peuvent aisément s'appliquer à l'interdiction du niqab.

Il y a aussi eu des réponses à la lettre de Jean-François Copé à un ami musulman dans L'Express. Celle de Marwan Muhammad, ingénieur en mathématiques financières, montre que la langue de bois, en amitié, ça n'est pas vraiment la bonne solution. Mais ma lettre préférée est celle découverte sur Twitter et qui se charge de rassurer les musulmans intégristes sur les conséquences des démarches actuelles du gouvernement.

Finalement, ce soir, je suis tombée sur l'article que j'aurais voulu écrire, Burq'ass toi pov conne. Valérie y résume l'essentiel : interdire une pratique ne fait pas réfléchir les gens, elle les crispe. Et le gouvernement le sait très bien, ne les prenons pas pour plus bêtes qu'ils ne sont.

Le problème de cette loi, c'est qu'elle ne soutiendra en rien les femmes qui pourraient être victimes de sexisme, mais qu'elle renforcera l'équation magique "islam = oppression = pas bien = différent de moi = différent des Français = immigré". On pourrait rajouter quelque part "arabe", "invasion", "islamisme", "danger" et "bleu marine", mais ce serait faire des amalgames et, vraiment, si notre gouvernement cherchait à renforcer les amalgames dans un but politique, ça se saurait.

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