vendredi 8 avril 2011

Ohlala n°200 (The Crazy Neighbor)

Je sais qu'A. vous manque. Ne faites pas les innocents, je sais très bien que sans la moindre once de compassion pour le pauvre être que je suis, vous regrettez le temps des récits rhinocérosiens à base de pathos, de règles absurdes et de guerre psychologique. Or, depuis qu'elle m'a rendu mon deposit, je n'ai plus la moindre nouvelle d'elle.

Eh bien, pour ce numéro 200, laissez-moi vous présenter...

My Crazy Neighbor!

Le premier soir passé dans mon nouvel appart, les voisins faisaient pas mal de bruit mais je me suis dit que c'était pas grave, j'avais croisé la voisine le jour de la visite et elle avait l'air très cool.
Sauf qu'il y a deux voisines. Soeurs.
Et effectivement, la voisine rousse est très sympa.
Le problème, c'est qu'elle a une soeur.
Qui, chose rigolote, a sa chambre de l'autre côté du mur de ma chambre.

Et cette voisine a un copain.
Enfin un amant punching ball.
Autrement dit, trois soirs par semaine au bas mot, elle se défoule sur lui. Ils sont en train de parler et puis d'un coup sa voix part dans les aigus et elle se met très vite à hurler.
Parfois, elle finit par ouvrir sa porte en lui gueulant de dégager, ce qu'il fait en balbutiant qu'il comprend pas et qu'il l'aime.
Et il revient toujours le lendemain ce con.
Une fois elle l'a accueilli direct en hurlant, je l'ai entendu monter l'escalier, toquer à la porte, elle a ouvert la porte et elle a poussé un grand cri d'exaspération avant d'entamer son habituelle suite ininterrompue de remontrances.

Un soir je suis restée une minute dans le couloir pour mieux comprendre ce qu'elle disait (le reste du temps je tente de fermer mon esprit pour ne pas suivre leur conversation, j'entends tout mais je me débrouille pour ne rien comprendre) et ça donnait à peu près ça : "De toute façon tu ne me comprends pas ! Et tu ne m'écoutes pas ! Et tu ne me connais pas ! Tu crois me connaître ? Tu ne sais rien de moi ! J'ai besoin de m'exprimer ! Je suis une artiste ! Et toi tu me parles comme si tu me connaissais ! Personne ne me connaît vraiment ! De toute façon c'est impossible de connaître vraiment quelqu'un !"
Le pauvre garçon a tenté un "bah oui mais si, je te connais, je sais ce que tu aimes, tout ça ! Toi, tu me connais ! Bon bah pourquoi moi je pourrais pas te connaître ?"
Mais c'était sans compter sur la répartie de sa copine philosophe "Bien sûr que non, je ne te connais pas ! Mais ceci dit, peut-être bien que je te connais davantage que tu ne me connais ! Parce que je t'écoute, alors que tu ne m'écoutes pas !"

Bien bien bien.
Ceci dit elle ne gueule pas que sur son copain hein.
Les voisines ont aussi deux chiens. Dont un qui s'appelle Dexter ahah.
Le problème c'est qu'elles sont souvent absentes toutes les deux en même temps pendant des heures.
Et les chiens s'emmerdent un peu. Donc ils appellent.
Plusieurs fois par semaine, il y a donc des aboiements en continu de 18h à minuit de l'autre côté de mon mur. Qui redoublent à chaque fois que quelqu'un (moi) doit passer sur le pallier pour aller faire pipi ou manger.

Et quand c'est la crazy voisine qui rentre en premier, elle monte lourdement chaque marche et à mi-chemin elle hurle "SHUT UP MAGGIE" (ce qui est le nom de l'autre chien).
Puis elle ouvre la porte en râlant et deux minutes + tard elle sort les deux chiens en râlant encore plus.

Mais attention, elle peut aussi hurler TOUTE SEULE ! Mademoiselle est en effet une artiste et parmi ses nombreux talents (et tableaux entreposés dans le passage pour accéder à ma chambre couloir), elle a la capacité de chanter. Si bien que j'ai parfois passé toute la soirée à écouter un accord de guitare. Un. Le même accord 14 986 fois.
Et de temps en temps, elle s'échauffe la voix. Elle ne chante jamais, mais elle fait des gammes sur un piano et elle accompagne avec la voix. Lililililalilililaaaa. Un ton + haut. Lililililalilililaaaa. Un ton + haut. Lililililalilililaaa. Un ton + haut. Lililililalilililaaa. ETC. ETC. ETC.

Alors je me suis dit, bon, pourquoi son copain continue de revenir alors qu'elle est exécrable ?
La réponse paraît simple : le sexe !

Eh ben permettez-moi d'avoir de sérieux doutes à ce sujet.
Parce que je les entends leurs performances (oui ce mur n'est décidément pas bien épais).
Il se trouve que la voisine a un lit qui grince fort. Et il y a certains grincement caractéristiques de certaines activités. Donc je suis très au courant de leurs activités de vilains.
Sachez que l'amant punching ball tient encore moins longtemps qu'un certain coloc pas si cool que ça qui vit à l'étage du dessus du côté de Toronto (pour ceux qui ne suivent pas le blog de Margaux, ça signifie "7 minutes").
Au moins c'est intense hein, ça va très très vite et ça a l'air vigoureux, mais ça se termine plutôt rapidement. Et chacune sa façon de manifester sa satisfaction, mais en tout cas j'ai jamais entendu beaucoup d'expression sonore de contentement du côté féminin (Que c'est joliment tourné !).
Mais puisqu'ils remettent ça 4 ou 5 fois par semaine, j'imagine que chacun doit quand même y trouver son compte - ou alors elle est + patiente qu'il n'y paraît - ou alors les grincements n'illustrent que le final et y a toute une chorégraphie compliquée hors lit avant, peut-être hein, je veux pas trop savoir en fait.

Enfin tout de même, les apparences suggèrent que ce ne soit pas vraiment le sexe qui incite le garçon à revenir. Alors quoi ?
Il me restait une hypothèse : elle est super belle.
Précisons que la soeur rousse est très mignonne dans le genre irlandais (spéciale dédicace à mes parents "mais pourquoi les Irlandaises elles sont toutes rousses ?"). Donc la soeur pourrait être canon aussi.

Il y a deux jours, en ouvrant ma porte pour aller travailler, je suis tombée face à elle.
Eh ben c'est loupé, sans être moche, elle n'a pas de charme, c'est une pâle copie blond frisotté de sa soeur, un nez trop court et des pommettes trop saillantes.

Alors je ne comprends vraiment pas pourquoi cet homme que je n'ai jamais vu s'acharne.
Il y a 3 nuits, il a réussi l'exploit de continuer l'engueulade sur le pallier pendant plus de 20 minutes. A 3h du matin. Ah oui parce que comme je vous l'ai dit, elle rentre au plus tôt à minuit. Donc tout ce qui a été décrit ci-dessus se déroule entre minuit et 3h du matin. Et peut-être encore après mais une fois que l'épuisement me terrasse plus rien ne peut me réveiller. D'habitude. Là l'engueulade de pallier a tellement duré qu'ils ont réussi à briser mon sommeil.

Nan mais y a plus de respect. Même mon frère qui se lève et qui allume le plafonnier quand on dort chez Mamie O. ne peut pas me réveiller au milieu de la nuit. Pour les faire taire il a fallu que je sorte de mon lit et que j'actionne bruyamment le verrou de ma porte. Grand silence. "T'as entendu ??" Putain le mec ça y est il va commencer à flipper sa race en imaginant qu'y a des fantômes... "Ouais bon viens euh on devrait continuer de parler à l'intérieur." Merci.
Le brouhaha de leurs voix était suffisamment étouffé par la cloison pour que je me rendorme tout de suite (j'ai la capacité très agaçante de me rendormir en 5 secondes).

Le lendemain, alors que je déjeunais (vers 15h30), N. m'a demandé si j'avais bien dormi. J'ai dit que oui. Elle m'a regardé avec des grands yeux. "It was so noisy!!"
D'un coup la mémoire m'est revenue et j'ai convenu que oui, en effet, ils avaient bien abusé la veille (ou très tôt le matin même). Et que j'avais été soulagée qu'ils aillent crier à l'intérieur.
Et N. m'a dit "oui mais bon après ils ont encore fait l'amour et on entend vraiment tout".

J'ai pas l'habitude de m'engueuler avec mon copain pendant 20 minutes.
Mais dans l'hypothèse où ça arriverait un jour, je m'imagine pas trop faire sauvagement l'amour avec lui juste après.
Eh ben la crazy voisine, ça lui fait pas peur, ça lui arrive souvent.

Moralité de ce n°200 : trouver une coloc géniale, c'est pas facile. Eviter les proprios bipolaires, encore moins. Mais vivre sans un fou à proximité, à New York, ça n'existe tout simplement pas.

5 commentaires:

  1. HAHAHAHAHA excellent !! Le cliché de l'artiste torturée en permanente crise existentialo-philosophique ! Je crois que tu es tout simplement maudite... Juste, "J'ai pas l'habitude de m'engueuler avec mon copain pendant 20 minutes.
    Mais dans l'hypothèse où ça arriverait un jour, je m'imagine pas trop faire sauvagement l'amour avec lui juste après." Au contraire --> MAKEUP SEX ! :p

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  2. -> Oui, je crois que je suis maudite. Et le makeup sex, mouais, si je m'engueule avec mon copain, franchement, c'est que notre couple est mal barré donc c'est pas comme ça que je m'imagine arranger les choses. J'aime autant qu'il y ait sexe sauvage sans engueulade avant (Papa, Maman, si vous me lisez, pardon).

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  3. Un qui a bien rigolé en lisant tout ça8 avril 2011 à 13:41

    Bon,j'ai rien contre le sexe sauvage mais avec ta maman, c'est pas ça qui lui convient (ma fille, si tu me lis, pardon). Quant à s'engueuler pendant 20 minutes avec son conjoint, ça m'est jamais arrivé en 33 ans de vie commune, alors je peux pas dire ce que j'aurais envie de faire après et à vrai dire, j'aime autant pas essayer !

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  4. C'qu'ya d'bien, quand les enfants grandissent, c'est qu'ya quasiment plus de sujet tabou avec eux, je dirais même que la complicité sur certains sujets est un vrai plaisir. Je me souviens en revanche avoir "choqué" ma fille en
    parlant de sexualité au restaurant en attendant les plats...
    Précisons qu'aborder n'importe quel sujet à table est un défaut que je ne cultive pas qu'en famille : cela fait 2 fois en peu de temps qu'un de mes collègues semble trouver que ma conversation est un peu déplacée pendant le repas. J'avais dû parler de cercueils...

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  5. -> Papa et Maman : JE NE VEUX PAS SAVOIR JE N'ENTENDS PAS JE N'ENTENDS PAS JE N'ENTENDS PAS...

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