Personne n'est au courant que ce double master interne à ScPo vient d'être créé bien qu'il ait été mentionné dans 2 newsletters (vous savez, les emails que les élèves ne lisent jamais et qui contiennent des informations importantes pour eux).
Comme les deux personnes qui sont citées dans les contacts pour avoir plus de renseignement sur cette nouvelle formation ne répondent pas à leurs mails (deux messages envoyés en 9 jours et aucune réponse), je commence à me demander si l'administration est elle-même au courant de la création de ce diplôme. En attendant, je ne sais toujours pas si le fait de ne pas avoir d'expérience "journalistique" dans le sens "stage au sein d'une rédaction" est éliminatoire ou pas.
Ce qui est un peu étrange c'est que le dossier à remplir pour être candidat est très fortement axé sur le journalisme et ne pose aucune question réellement internationale (quelques mentions de la "diplomatie" mais l'école d'Affaires internationales est loin d'être seulement focalisée sur la diplomatie). Alors que la formation elle-même, telle que décrite sur le site de l'école de journalisme, est principalement composée des cours du master affaires internationales avec une touche de journalisme lors d'ateliers effectués au sein de l'école de journalisme (mais apparemment pas avec les autres étudiants en journalisme).
Il n'est dit nulle part quel est exactement le but de cette formation, quels sont les débouchés ni quel est le profil des étudiants recherchés. Parmi les pré-requis, on trouve "avoir une expérience internationale" et "avoir une expérience professionnelle". Dont les apprentis bouchers qui ont participé à Pékin Express sont les bienvenus apparemment.
Et pourtant, je n'arrive pas à me sortir ce double diplôme de la tête.
Je n'ai objectivement pas le bon profil, puisque je n'ai suivi aucun cours en lien avec le journalisme au cours de ma scolarité, je n'ai jamais fait de stage au sein d'une rédaction, je n'ai pas de blog montrable à un jury (i.e. où je fais part de réelles réflexions sur l'actualité internationale), je n'ai pas publié d'article dans un journal papier ou en ligne, je n'ai pas mené d'interviews, bref je n'ai rien fait qui montre que j'ai envie de devenir journaliste parce que j'avais abandonné cette idée en entrant à ScPo.
Aujourd'hui, je me dis que j'aurais peut-être pu, finalement, me donner les moyens d'être une bonne candidate à l'entrée de l'école de journalisme. Mais en 2008, j'étais persuadée du contraire. Je ne regrette pas de ne pas y avoir cru parce que ça ne me ressemblait pas, d'y croire, à l'époque. Et je ne suis pas non plus certaine aujourd'hui que j'aurais vraiment réussi à atteindre le niveau nécessaire, mais je sais que c'était jouable. Par contre annoncer la création du nouveau diplôme quelques semaines avant l'admission en master, c'est un peu vicieux.
Pourtant, j'aimerais bien être prise. Parce que j'aimerais bien être journaliste. Pendant longtemps, j'ai eu cette idée sous la forme irréelle, je me disais "waaah si je devenais journaliste, ce serait bien" exactement comme on se dit "waaah si les barres de chocolat avec feuille en or de Willy Wonka dans Charlie et la Chocolaterie existaient, ce serait bien"
Et puis j'ai découvert que ce chocolat existait.
(Et il s'achète pour de vrai ici)
Alors, après tout, pourquoi ne pas devenir journaliste ?
C'est un des métiers que j'ai toujours voulu faire après tout, un de ceux qui m'intéressent le plus, qui permet de ne jamais s'ennuyer, de vivre plusieurs vies, il y a des dizaines de façons de faire du journalisme et dans ses formes les plus attirantes à mes yeux il y a les postes qui permettent de mieux connaître le monde, de chercher à le comprendre et à le faire comprendre à d'autres gens.
Quand je m'interrogeais sur mon avenir, le journalisme revenait sans cesse parmi les emplois qui semblaient pouvoir me convenir. Mais on m'a tellement répété que c'est impossible d'avoir une carte de presse, que tu passeras les 10 premières années à être pigiste et à te faire traiter comme un sous-être, que de toute façon il y a 10 personnes qui arrivent à s'en sortir et tous les autres restent de pâles anonymes méprisés... que j'ai fini par me dire que je n'étais pas assez solide pour ça, trop angoissée, pas assez douée pour réussir dans ce monde de brutes.
Et puis il y a cette petite phrase à laquelle je pense tout le temps depuis un mois.
Cette petite phrase prononcée par mon ancien prof de philo de terminale.
L'an dernier, alors que j'étais de passage au lycée, je l'ai croisé, il m'a demandé ce que je devenais alors je lui ai parlé des Etats-Unis, de MSF, de l'humanitaire et du fundraising.
Et il a dit : "Ah oui, tiens, pourquoi pas, je vous voyais plutôt devenir journaliste."
C'est idiot de se focaliser sur cette petite phrase prononcée par quelqu'un qui ne me connaît pas vraiment et que j'avais surnommé Sweeney Todd, le diabolique barbier. Sauf que mes copies de philo, c'est probablement ce que j'ai écrit de plus sincère au cours de mon parcours scolaire. Parfois j'osais à peine écrire ce que j'avais vraiment en tête parce que j'avais l'impression de déposer mon cerveau directement sur le papier (oui, cette phrase est dégoûtante). Alors je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'impression qu'avec un regard extérieur, il a probablement mieux décelé que moi ce que je suis vraiment et ce pour quoi je suis faite.
Encore faudrait-il qu'on soit "fait" pour quelque chose. J'en doute. Par contre il y a vraiment des voies qui semblent faites pour nous correspondre et nous permettre de nous épanouir.
Bon, on croise les doigts. Verdict fin mai. (verdict = qui dit la vérité. Mouais... Est-ce vraiment sûr?)
RépondreSupprimerIl faut se laisser porter par le Destin, en le sollicitant un peu. Wait and see ! Et bon séjour à Margaux à NYC !
RépondreSupprimerC'est pas vrai... Encore une qui va venir emmerder ses anciens profs !
RépondreSupprimerhttp://noiriel.over-blog.com/article-de-la-science-au-buzz-reflexions-sur-un-canape-71375304.html
Ne croyez pas ce que racontent les profs de philo, il n'y a que les profs d'histoire-géo qui détiennent La Vérité. Ne devenez pas journaliste, ne rentrez pas dans cette corporation d'autosatisfaits incompétents asservis par leurs directeurs financiers. Si vous voulez donner un minimum de sens à votre vie, cherchez ailleurs.
-> Msieur Négrier : Ah mais si vous voulez vous aussi votre part de responsabilité dans l'affaire, je puis vous rappeler que c'est vous qui avez mené pendant plusieurs années un journal auquel j'ai participé ! (trop peu, d'ailleurs)
RépondreSupprimerPour ma défense, je voudrais souligner que j'ai bien conscience des travers de bon nombre de journalistes et que la fréquentation de Twitter n'a pas vraiment fait remonter mon estime pour le copinage et la recherche systématique du "buzz".
Ceci dit, je pense qu'en cherchant parmi les "autosatisfaits incompétents", on trouve des gens sérieux, passionnés, qui ne cèdent pas à la facilité et qui continuent de se poser des questions sur leur pratique.
C'est un peu comme les profs finalement : il y a ceux qui font tout le temps de jolis ateliers qu'ils se contentent de photocopier (pendant le cours) dans un bouquin et qui attendent les vacances en cherchant des excuses crédibles pour éviter un maximum de conseils de classe et puis il y a ceux qui prennent leur métier au sérieux et qui essaient de le faire bien !
Quant à mon professeur de philo, notez qu'il a dit "je vous voyais plutôt devenir journaliste", il n'a pas précisé s'il trouvait que le journalisme était un noble métier (j'ai d'ailleurs plutôt tendance à penser qu'il ne porte pas lui non plus les journalistes en très haute estime).
Je sens qu'il y a du Mélenchon dans la vision du journaliste...
RépondreSupprimer@ Swan : Dois-je vous rappeler qu'il s'agissait d'un journal parodique ? ;-)
RépondreSupprimerIl y a quand même une énorme différence entre les professeurs et les journalistes : les premiers ne sont pas dans une logique de rentabilité à court terme (et c'est pas faute d'avoir essayé du côté de nos gouvernants...), contrairement aux seconds. Il suffit d'aller voir ce qui se passe du côté de Libé ou du Monde pour s'en convaincre : même les journalistes les plus intègres doivent se plier à une logique financière ou partir. Les unes des news magazines sont à pleurer : cette semaine les prix de l'immobilier, la semaine prochaine les francs-maçons, après coup de projecteur sur les "dessous du pouvoir" et pour finir le mois un gros problème sociétal qui tache (musulmans [pour les beaufs de droite], homosexuels [pour les beaufs tout court], le sexe ou le plaisir féminin [clientèle masculine oblige]...). Quant aux résistants (Rue89, ASI, Mediapart...), ils n'ont pas encore trouver un modèle économique viable.
Par ailleurs, j'en ai vu travailler des journalistes, et ça fait peur. Si vous avez lu le billet de Noiriel, vous avez compris que le journalisme n'a que faire de la science, de la raison, de l'exactitude, du décryptage de la complexité du monde. Il faut que ça se vende alors comme disait Godard c'est cinq minutes pour les Juifs, cinq minutes pour Hitler (du même voir l'extraordinaire interview par Philippe Labro au moment de la guerre des Malouines).
Maintenant vous êtes grande (enfin, un peu plus âgée), vous êtes libre (quoique... faudrait voir avec un prof de philo), mais vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenue...
@ Un qui... : Mélenchon est dans la logique du buzz telle que dénoncée par Noiriel. Il joue avec les journalistes comme cela se fait à l'extrême-droite. Pour ma part je suis un gros consommateur de la presse, mais je compare avec ce qu'écrivent des spécialistes (notamment sur des blogs), et la différence est trop énorme pour ne pas se poser la question de la profonde et décomplexée incompétence des journalistes. Un exemple récent : un prof de Polytechnique s'est rendu compte qu'un journaliste (unanimement salué pour son excellent travail jusqu'alors) avait placé dans la bouche d'un spécialiste (avec guillemets et tout...) une ânerie qu'on ne pardonnerait pas à un lycéen. Un mail plus tard, l'erreur était corrigée et le journaliste avouait avoir usé de ce procédé à des fins prétendument pédagogique (sauf que l'explication était fausse...). Et vous voudriez avoir confiance dans les journalistes après ça ?
Le journaliste est souvent simplificateur, je vous l'accorde, mais le public de Rue 89 et de Mediapart est très certainement de catégorie sociale CSP++, avec tout ce qu'il faut de temps et de connaissances pour décrypter l'actualité...Je suis d'accord que ce n'est pas une raison pour fourguer n'importe quoi au bon peuple mais :
RépondreSupprimer1.le journaliste ne vit pas dans un monde indépendant de la finance (faut bien vivre et tout le monde n'est pas payé par l'état...)
2.comment faire pour traiter un problème en 700 mots ou en 3mn, ce qui est le "format habituel" de la plupart des articles de journaux ?
3.Comment intéresser des lecteurs ou des auditeurs qui n'ont pas tous fait des ètudes type "bac+5" en présentant l'actualité avec rigueur (qu'est-ce d'ailleurs que l'objectivité dans ce domaine?) et aussi de manière accessible ?
1) Nous dépendons tous de quelqu'un ou de quelque chose. Cela n'excuse pas les journalistes qui se renient et oublient toute déontologie.
RépondreSupprimer2) Il fut un temps pas si lointain où, lors de l'épreuve d'histoire du consours d'entrée à Sciences-Po, on demandait aux candidats de parler d'un sujet en 100 mots maximum. Sous-entendu : c'est une longueur suffisante pour présenter les élements et problèmes essentiels. La concision n'est pas contradictoire avec l'exactitude et la nuance.
3) C'est un prof qui pose cette question ? :-)
Oui, je l'avoue, c'est un prof qui a même rencontré aujourd'hui M.Barbier (rapidement) et qui lui a signalé la mention de son nom sur le blog de ma fille (et oui, c'est ma fille !)et vos interventions pertinentes (je dois l'avouer) même si je trouve que vous manquez un peu d'indulgence pour un métier qui ne doit pas être toujours facile à faire...(même si, bien sûr, le métier d'enseignant est le plus périlleux qui soit, avec celui de chirurgien, puisqu'on travaille sur du vivant !)
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