samedi 16 avril 2011

Ohlala n°207 (Amy, William and Kenjetta)

Dernière journée new-yorkaise pour la Frenchie torontoise.
Comme promis, elle a découvert le "chicken and waffles" avec corn bread et beurre salé.
Ma prochaine tentative culinaire sera la création d'un énorme corn bread que je recouvrirai de mon beurre casher et que j'accompagnerai d'une poêlée de légumes à la sauce asiatiquement aigre-douce.
Au cas où vous en douteriez encore, je ne suis pas vraiment faite pour adhérer au concept de communautarisme.

Tout ça pourrait m'amener à parler de la nouvelle loi de la honte mise en vigueur par notre tendre gouvernement, mais je ferai ça de façon plus appliquée un autre jour, quand je n'aurai pas passé les 3 jours précédents à traverser New York de part en part.

Parlons donc anecdotique : après un déjeuner à Amy Ruth, il a fallu que Margaux emporte son sac à dos magique (sac qui peut contenir un ordinateur, une bouteille d'eau, un parapluie, des vêtements, un sac à main, des câbles, une boîte de Petits Lu périmés... sans dépasser de beaucoup la largeur de Margaux, ce qui n'est pas bien épais) vers le bus en partance pour Boston.

Sur le trajet vers Port Authority - Bus Terminal - Transfer is available to the 1, 2, 3, 7, A, N, Q, R and S train, deux jeunes hommes sont entrés dans notre rame de métro et ont commencé à hurler. Au bout de quelques secondes, on a compris que leur état n'était pas dû à la concentration d'alcool dans leur sang mais à leur statut de comédiens. Ils déclamaient en fait un texte. Et pas n'importe lequel : du Shakespeare. C'est une fois que Roméo a buté Tybalt (sympa la scène de corps à corps en plein métro) qu'on a compris qu'il s'agissait de Romeo and Juliet.

Ensuite, Roméo a tiré le corps du cousin de sa meuf par les pieds sur la moitié du wagon et a enchaîné sur sa tirade suicidaire. Moment awkward qui est vite devenu très drôle : Roméo avait décidé que j'étais Juliet (ça m'apprendra à regarder les gens quand ils font des choses bizarres). Passé le petit moment de gêne et après avoir réalisé qu'il était très probablement gay (comédien + habitant d'une ville où un homme sur 5 est homosexuel, ça laisse peu de place au doute), j'ai regardé Roméo mourir en rigolant. Difficile de faire autrement quand un type surgit de nulle part, hurle en vieil anglais, gesticule et te regarde dans les yeux en avalant du poison (et en se renversant de l'eau partout au passage) avant de tomber tout raide par terre.

Pour finir la journée, j'ai passé quelques heures au shelter, où j'ai obtenu une promotion : désormais je déplace toute seule le chariot avec les repas mis de côté pour les filles qui rentrent tard du travail et je ne me perds même plus dans les couloirs du sous-sol entre la cuisine et le 3ème étage.

On n'était que 3 ce soir à l'étage pour s'occuper des filles, sans imprimante et avec des tonnes de papiers à remplir puisqu'après une dispute devenue baston, 11 résidentes avaient été mises dehors dans l'après-midi, il fallait donc compléter tous les documents de renvoi du foyer pour 11 personnes.
Entre temps, une des filles nous a appris que deux autres avaient l'habitude de faire l'amour dans la salle des machines à laver. Sexy.

Au milieu du tumulte, il y a encore 4 filles qui m'ont demandé d'où je venais (et 3 qui m'ont demandé si je faisais vraiment partie du staff ou si j'étais une résidente). La semaine dernière, il y en a 5 qui m'ont demandé si j'étais russe. Apparemment, mon accent est tellement pourri qu'elles ne remarquent pas que je ne suis pas une blonde à forte poitrine. Et cette fois encore, elles ont toutes récité les 20 mots de français qu'elles connaissent. C'est réellement la classe internationale d'être française, il n'y a que les Français pour ne pas en avoir conscience.
Kenjetta a même déclaré que j'étais la personne qu'elle préférait ici parce que j'étais toujours calme. Je lui ai répondu que je n'étais pas calme du tout en français et que si j'avais l'air calme c'était seulement parce que je ne savais pas m'énerver en anglais. Elle en a profité pour réclamer que je revienne le lendemain soir pour lui apprendre à parler français, ce que j'ai vigoureusement décliné parce que c'est le week-end bordel, je suis Jésus Sauveur seulement 5 jours par semaine moi hein.

Et pour la première fois depuis bien longtemps pour un vendredi soir, je vais m'en aller dormir avant 1h du matin parce que 
Margaux m'a TUER.
(Ce message a été écrit avec du sang d'enfant qui hurle dans le bus)

2 commentaires:

  1. Un fan des Rolling Stones et de "Gimmie Shelter"16 avril 2011 à 12:59

    Tu vois que ça peut être animé au shelter...Fallait juste patienter un peu...

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  2. C'est vrai que maintenant que j'ai pris mes marques, ça devient plus intéressant. Et puis il y a davantage d'échange avec les gens, alors qu'au siège j'étais toute seule devant mon ordi. Je regrette vraiment pas qu'il y ait du changement sur la fin de mon séjour !

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