mercredi 24 novembre 2010

Ohlala n°85 (Twitter, French people and the overfreedom of speech)

Bon, j'ai passé la journée à réfléchir aux chansons les + tristes possibles donc je me retrouve avec un moral plutôt bas et pas des masses envie d'écrire, ce soir.
Il paraît que je prends parfois les choses un peu trop à coeur. Ahahah.

Nan mais en + j'suis déçue, j'me suis rendu compte que Twitter, non seulement c'est un peu snob, mais en + c'est pas trop clair ce que les gens cherchent, c'est quand même bizarre de suivre tout ce que publie quelqu'un qu'on connaît pas du tout.
On me rétorquera qu'avec un blog c'est pareil, mais non, parce que l'auteur est pas forcé de savoir que vous le lisez, alors que sur Twitter, vous savez qui vous suit, vous savez qui parle de vous dès qu'on écrit votre pseudo dans un tweet, fin c'est de l'hyperconnexion, l'étape encore après Facebook, si si c'est possible, vous êtes incités à mettre des trucs ultra perso et en même temps vraiment tout le monde peut le lire et le répéter en un clic sur son propre "mur" pour ceux qui sont + habitués à la terminologie facebookienne.

Enfin on peut très bien verrouiller son compte comme on fait avec Facebook, je dis pas le contraire, mais ça correspond moins à l'esprit de la plateforme je trouve.

Tout ça pour dire que ça peut être marrant de suivre des gens, mais le problème c'est que l'interaction est beaucoup encouragée, résultat on a l'impression que tout le monde se parle sans se connaître et qu'il faut faire pareil et moi bah j'aime pas engager la conversation dans le métro, peut-être que c'est un réflexe de sale parisienne ou une réaction épidermique à l'hyper-accessibilité des gens ici, ou plutôt au fait que les gens se sentent autorisés à donner son avis sur tout, tout le temps, qu'on ait envie de l'entendre ou pas.

Putain oui c'est exactement ça.
Voilà ce qui me perturbe, en France on a tendance à voir de façon négative les gens qui interviennent pour donner leur avis super perso à tout bout de champ. Alors qu'aux Etats-Unis, liberté totale et absolue d'expression faisant loi - et étant loi d'ailleurs - eh ben les gens passent leur temps à dire ce qu'ils pensent. Ceux qui sont en campus américain ou qui ont eu des américains dans leurs cours savent de quoi je parle : aux USA, on participe, toujours, tout le monde, quitte à redire mot pour mot ce que le voisin a dit, mais jamais vous entendrez comme en France "euh bah nan bah pareil que lui il a dit". Non non. On redit tout en détail et on ajoute des détails perso "d'ailleurs mon père dit toujours que...", même à l'université, oui oui, même en master. Et surtout, toutes les opinions se valent, on a le droit de dire que nan mais Platon il se plante complètement avec son histoire de grotte, en fait la philosophie c'est plutôt symbolisé par la lumière je trouve.

Aux Etats-Unis, dans le métro, les gens qui font la manche vous font un discours pour vous expliquer le sens de la vie. Vos voisins peuvent d'un coup vous dire qu'ils aiment vos chaussures ou que les cheveux courts ça vous va très bien. Au bout de 4 phrases échangées, ils vous tendent la main et vous disent "Nice to meet you, moi c'est machin". Je ne dis pas que c'est forcément énervant ou idiot, il y a plein de fois où ça m'a fait un bien fou d'entendre une de ces petites phrases sympa et gratuites - oui, gratuites, parce qu'ici les gens ne font pas ça pour vous dire que vous êtes bien charmante et qu'il faudrait aller boire un verre et qu'est-ce que tu fais dans la vie ah c'est intéressant tu voudrais pas qu'on se revoie ? Non ici les gens vous demandent ce que vous faites dans la vie, vous dites je m'occupe des SDF, ils disent GREAT et puis ils passent à la question suivante, comme si vous vous connaissiez depuis toujours, ils vous disent "oh putain aujourd'hui il va falloir que je passe à la banque ça fait trop chier" et puis ils passent encore à autre chose.

On m'avait prévenue : les Américains semblent facilement superficiels aux Français. Et il est très possible que je leur paraisse super froide, ce qui est la réputation des Français, parce que je ne sais pas quoi leur répondre, j'ai pas l'habitude, on dirait que les gens parlent de tout et de rien mais en fait il y a des codes super précis que je maîtrise pas, je sais pas à quel moment il faut faire le "nice to meet you" - en tout cas c'est toujours + tôt que ce que j'aurais pensé - je sais pas s'il vaut mieux juste acquiescer ou essayer de raconter une anecdote à soi, je peux pas m'empêcher de penser que si c'est un mec, il est probablement en train d'essayer de me draguer, alors qu'il est de + en + évident que non, les Américains ne draguent pas à l'emporte-pièce (est-ce que si je dis "comme des Arabes" c'est raciste ?).

Bref, pour l'article court c'est loupé, tout ce que je voulais dire c'est que j'aime beaucoup moins Twitter que Facebook alors que j'y suis allée volontairement (pour rappel on m'a droguée au chocolat chaud puis créé un compte Facebook de force il y a 2 ans), ceci dit j'aimais pas Facebook au début, mais au moins je savais comment "être" avec les gens, parce que je les connaissais et je choisissais d'être "amie" avec eux. Sur Twitter on contrôle beaucoup moins, fin en tout cas moi qui sais pas dire non, j'ai l'impression de rien contrôler.

Voilà, c'était l'analyse franco-française sociologique et virtuelle du jour !

5 commentaires:

  1. J'adhère complètement à ton analyse franco-américaine, surtout sur les phrases sympas et gratuites, et je peux dire que ça s'étend au Canada (dans une moindre mesure quand même j'ai l'impression), ça me rappelle d'ailleurs qu'il faut que je fasse un article dessus un de ces quatre :p

    Le truc qui m'a le plus perturbée, c'est quand tu passes à la caisse (ce qui arrive quand même hyper souvent, parce que c'est valable pour toutes les caisses), et qu'ils te font "Hi, how are you today?", et là je me sens toujours un peu conne à ne pas savoir quoi répondre. Enfin si, je sais que la réponse standard nord-américaine c'est "Great, thanks, how are YOU?", ce à quoi l'autre répond "Great, thank you", et basta c'est plié. C'est une convention sociale, un peu comme la bise chez nous (bon okay pas avec les caissiers). Mais perso je trouve ça aberrant de demander à quelqu'un de complètement inconnu, que je n'ai jamais vu de ma vie et ne reverrai certainement jamais, comment ça va ! Parce que quand on me pose cette question, bah je sais pas je trouve ça normal de développer, de raconter un truc qui m'est arrivé, mon humeur du jour, bref tout sauf se limiter à "Bien, merci". Ça paraît con mais ça me perturbait vraiment qu'une conversation dure aussi peu longtemps et soit aussi insignifiante. Pour moi, autant ne rien dire (parisienne un jour, ...). Mais maintenant que j'ai + l'habitude, j'ai appris à apprécier ce qui en fait n'est qu'une simple formule de politesse pour eux, c'est un "bonjour" élaboré, plus sympathique, et qui donne l'impression à tout le monde d'être finalement des êtres humains, et pas simplement des robots en mission (faire mes courses vs. faire mon boulot de caissier). Et quand je repense au passage à la caisse en France, surtout dans les supermarchés parfois.... Je l'avoue j'ai un peu honte ! Et d'une manière générale après 3 mois ici je ne m'étonne plus une demi-seconde de notre réputation, bien méritée il faut l'avouer.

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  2. Quant à twitter et au fait qu'il est plus difficile de parler aux gens, j'étais comme toi au début, je trouvais ça trop bizarre de parler à des inconnus, même si ça m'arrivait d'avoir envie de dire quelque chose. Mais en fait c'est ça le principe de base de twitter, c'est que peu importe qui tu es, ce qui compte c'est ce que tu dis, et ce que les gens vont penser de ce que tu dis. Et seulement après, une fois qu'ils auront lu pas mal de tes tweets, ils se feront une idée de qui tu es, qui peut être très partielle et superficielle, en fonction du contenu des tweets. Sur twitter tu n'es pas une personne tout de suite, tu es d'abord des mots (ou plutôt des caractères au nombre de 140 :p), alors que sur facebook tu es d'abord une personne (puisqu'on se connaît tous dans la vraie vie), et ensuite tu communiques, ce qui simplifie tout. Au final twitter c'est exactement comme un forum sur le principe, mais en beaucoup plus libre (d'où l'impression de bordel) parce que chacun se crée son mini-forum perso (les gens que l'on suit) et du coup ça fait plein de réseaux imbriqués les uns dans les autres qui partent dans tous les sens. Ca fait aussi qu'au début t'as l'impression de déranger en intervenant, genre de débarquer au milieu de plein de gens qui savent ce qu'ils font et qui ont leurs petites habitudes, et c'est pas eux qui vont venir vers toi, mais toi qui doit « te vendre », je trouve que c'est assez excluant au début (alors que n'importe qui qui s'inscrit sur facebook aura automatiquement des tas d'amis à ajouter et pourra commencer direct à poster des trucs). Autre problème, facebook c'est plus dans le long terme, tu peux commenter quand tu veux ce que tu veux, alors que twitter c'est hyper instantané, donc faut quand même être connecté souvent pour « être dans le coup ». Mais bon au bout d'un moment, tu es dans le réseau, et là c'est toi qui a tes habitudes :)

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  3. Ils font ça qu'à la caisse les Canadiens ? Parce qu'aux USA c'est tout le temps dès que tu entres dans un magasin, y a meme souvent une fille qui passe toute sa journée derrière la porte d'entrée et qui répète en boucle HIHOWAREYOUTODAY? Pour le coup, comme bonjour + personnalisé, on fait mieux.

    Et pareil j'avais trop de mal à savoir quoi répondre au début, d'autant qu'au contraire j'ai l'impression que bcp de gens se contentent pas de dire "good", ils racontent souvent leur vie. Ceci dit je critique pas hein, j'y suis habituée maintenant et quand c'est dit sincèrement c'est drolement agréable. Ce matin j'ai tenu la porte à une fille et elle m'a pas dit merci, j'ai été trop choquée. Le retour en France risque d'etre + douloureux que ce que je pensais...

    Et à propos de Twitter, ce qui me dérange en fait c'est pas tellement de parler à des inconnus, c'est + de pas trop savoir ce qu'ils ont en tete, genre (completement au hasard hein mais c'est arrivé à l'ami d'un ami qui...) si un mec répond plein de fois à tes tweet et qu'il t'envoie des msg privés.
    Tu me diras, c'est un problème récurrent de la vie en société, mais sur Twitter je le ressens comme + intrusif, notamment parce qu'on peut pas supprimer quelque chose qu'on a dit ou qui nous a été dit.

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  4. Un cinquantenaire taversois24 novembre 2010 à 16:38

    Bon, ben moi j'ai déjà du mal à suivre mes 3 blogs préférés, j'ai pas de compte Facebook et je me contente de remplir le cahier de texte électronique pour communiquer avec ceux que je vois tous les jours, alors Tweeter, j'suis pas près de/prêt à m'y mettre !

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  5. J'aime, j'adore la précision orthographique du cinquantenaire taversois ( ;) ). Celle-là, elle me hérisse le poil.
    On m'a fait le coup du "Hello how are you?" à ma caisse en France (magasin attrape-touriste bonjour). Bah j'ai failli répondre "WTF?"
    J'aime les gens polis mais enfin là ça a un côté dégoulinant désagréable.

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