jeudi 24 mars 2011

Ohlala n°186 (One movie and some music)

Il est tard mais les instants fragiles valent bien quelques minutes de sommeil.

Je rentre à peine au chaud, ce soir il est tombé une pluie glacée qui a recouvert les trottoirs de glace fondante.
Il gèle de nouveau la nuit.
Il reste 7 semaines à New York pour me voir partir en jupe.

Ce soir j'ai écouté un homme expliquer devant 50 personnes dubitatives que quand on met un mot en gras, il faut aussi mettre le signe de ponctuation qui suit en gras. Comme ça.
J'ai quitté la salle au moment de la pause et j'ai gagné une heure. Les cours du soirs gratuits en typographie ne m'ont pas convaincue, d'autant qu'il s'agissait des règles américaines.

Au lieu d'apprendre comment insérer des "caractères spéciaux" dans un texte quand on utilise un Mac, je suis rentrée manger des ravioli au crabe et à la langouste (les cousins de ceux aux champignons), du gâteau chocolat-banane qui devient meilleur de jour en jour (j'en viens à envisager de le laisser attendre 3 semaines avant de continuer la dégustation), un yaourt Danone (comme en France avec des morceaux de fruit, jamais cru que je me sentirais patriote en mangeant un yaourt) et du fromage de chèvre vrai (ce qui est tout compte fait très difficile à trouver en France, on a plein de variétés mais pas tellement de tellement frais qu'il est pas encore moisi).

Puis j'ai retrouvé F-Z au BAM Rose Cinema pour voir Le temps retrouvé, de Raoul Ruiz. Voir un film en français sous-titré donnait l'impression de mieux comprendre que le reste de la salle. Ce qui ne faisait pas de mal parce que le film fonctionne comme la mémoire, par associations d'idées, un son transporte dans une autre scène, un objet fait apparaître des voix sans visage, les personnages peuvent être remplacés par eux-mêmes 40 ans plus tard ou plus tôt à tout instant. Si on n'a pas lu au moins 100 pages de la Recherche, on ne comprend absolument rien. Quand on en a lu 120 comme votre dévouée narratrice, on comprend de quoi ou de qui il est question, on reconnaît les passages qu'on a lus (la lecture du livre de Sand), on se sert de ces indices pour reconstituer la chronologie. Et puis on abandonne, parce que le but n'est pas de reconstituer, c'est justement de se laisser porter de souvenirs en souvenirs pour voir apparaître l'histoire en filigrane.

L'expérience serait très agréable si le film ne durait pas 3h, ou plutôt si Marcel ne s'ennuyait pas aussi longuement dans ces fêtes mondaines où on passe son temps à dire le plus de mal possible les uns des autres pour éviter d'être celui sur lequel tout le monde tape. Marcel étouffe dans ce milieu étriqué et le spectateur aussi, on le supplie mentalement de couper la parole à cette vieille comtesse qui n'a rien compris mais pense avoir tout découvert et de se casser en hurlant ses 4 vérités à tout le monde. Mais il reste, il s'ennuie, il laisse les autres parler et ne dit pas un mot, parce que c'est la seule façon polie de dire "je m'en fous". A un moment, j'ai réalisé que tout ça me faisait penser à certaines soirées auxquelles j'ai participé, à Paris ou avant. Participé n'est peut-être pas le mot, parce que comme Marcel, ça m'emmerdait ferme d'entendre les autres bitcher sur ceux à qui ils font la bise tous les matins avec la mine réjouie.

Donc un bon film, puisqu'il y a Malkovich dedans (grandiose grandiose grandiose) et qu'Emmanuelle Béart est tellement belle qu'on voudrait avoir la même orientation sexuelle que son personnage.
Mais franchement Marcel, si j'étais comme toi sur mon lit de mort, au moment de repasser les souvenirs en vue, c'est pas les ragots sur la princesse de Guermantes ou ma rencontre avec Ariel Dombasle qui fait semble d'avoir l'accent américain que je me repasserais en scènes de 20 minutes.

Le détail qui change tout et qui m'a fait commencer cet article beaucoup trop long, c'est quand une guitare s'est mise à murmurer dans le métro du retour. Un homme avec trois fois ma longueur de cheveux a joué un morceau sur sa guitare électrique, les yeux fermés. Rien de racoleur ou d'improvisé à l'arrache pour justifier le bonnet tendu à la fin. Un morceau à lui, qui faisait des vagues et un ciel gris-bleu dans la tête.
Il était presque juste en face de moi et j'ai fixé ses mains pendant qu'il jouait lentement.
Ensuite il est passé dans le wagon avec un petit sac de toile et il donnait un CD à chaque personne qui lui donnait quelque chose.
Je n'ai pas sorti mon porte-monnaie parce que j'ai décidé de donner mon argent aux gens qui puent, je vous expliquerai pourquoi un autre jour.
Et pourtant, il m'a tendu un CD en disant "Take some more music with you".
C'est con, un tout petit geste comme ça, mais ça m'a donné le sourire pendant 10 minutes. J'ai dit Thank you en le pensant très fort. J'ai bien rangé le CD à l'abri dans la couverture de mon livre. Une fois rentrée, je l'ai écouté et je l'ai retrouvé sur internet (il a écrit l'adresse de son site sur le CD, malin le lapin).

Il s'appelle Ghsts n Guitars.
Son site est là.
Et vous pouvez l'écouter sur Myspace.

A New-York aussi, les gens sont beaux à l'intérieur.

2 commentaires:

  1. j'ai récupéré souvent des cd gratuits à Austin, souvent moyens mais parfois originaux. Le tien a l'air cool :)

    je suis ravi que le gâteau aille bien, avoue qu'on est trop des bons cuisiniers improvisateurs ;)

    meow.

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  2. Un auditeur fidèle24 mars 2011 à 17:30

    C'est pas mal du tout ce CD...Faudra m'en faire une copie quand tu seras rentrée. J'espère au moins que tu lui a donné un peu de thune à ce gars sympa !...

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