Première journée terminée : c'était une journée de formation et ça s'est plutôt bien passé.
Demain dans l'après-midi, on passera au travail concret dans la rue, c'est comme ça que je saurai si je vais supporter longtemps ce job ou pas.
Dans la théorie c'est moins pire que je ne craignais.
On nous a fait réfléchir sur notre rôle pour l'ONG, on nous demande de connaître pas mal de choses sur le travail de l'association, on nous interdit de culpabiliser les gens ou d'insister quand ils disent non.
Reste à voir si je reste motivée plusieurs heures de suite et si je réalise que ça ne marche pas tout simplement parce que j'ai envie d'être ailleurs. Comme on nous a dit que le fait de croire en ce qu'on fait est primordial pour réussir à convaincre les gens, j'ai peur que le choix d'une ONG qui s'occupe des enfants n'ait pas été des plus judicieux.
Ceci dit, quand je les ai appelés, je voulais travailler pour Aides. J'aurais clairement été plus combative et enthousiasmée s'il s'était agi de parler du sida. C'est une problématique qui m'intéresse beaucoup + et le challenge est bien plus grand puisqu'il faut aller à l'encontre de pas mal de préjugés, alors que les gens qui vous diront "moi j'aime pas les enfants, je veux pas donner mon argent pour ces petits êtres repoussants" sont peu nombreux (beaucoup de gens le pensent, mais ils se taisent, opprimés par la dictature de la majorité). Mais le monde est ainsi fait que je serai demain recruteuse de donateurs pour une ONG que je ne connaissais pas il y a 6 jours. Et qui, mis à part la population ciblée, fait un travail plutôt enthousiasmant, même pour quelqu'un comme moi qui suis un peu méfiante vis-à-vis du concept de "développement".
Il y a quand même eu un moment mémorable aujourd'hui. Le genre d'anecdote qui ne s'invente pas et quand tu la vois dans un film tu dis "nan mais GENRE ça peut arriver dans la vraie vie !! N'importe quoi !!"
C'était en tout début de journée. J'arrive sur le lieu de formation, je me fais kidnapper avec deux futures coéquipières par un ascenseur fourbe qui est redescendu sans s'arrêter après nous avoir montées au 3ème étage. On parvient enfin à s'échapper de l'engin. On entre dans la salle.
Et là il y a un type qui a l'air de me reconnaître et moi aussi je le reconnais. Sauf que je ne sais plus du tout d'où je le connais. Je rigole et je dis "le monde est petit" parce que je dis toujours des choses pourries quand je suis prise au dépourvu.
Je m'assieds (à chaque fois que je conjugue ce verbe correctement du premier coup, je me sens puissante et invincible) et le voilà qui me dit "puisqu'on va travailler ensemble, je tiens à m'excuser pour l'autre jour".
... L'autre jour ?!
Je demande donc : "... L'autre jour ?!"
"Ben oui, dans le parc de St Germain, c'est bien là qu'on s'est croisés non ?"
Et la Lumière fut.
Il y a quelques jours qui sont au nombre de 4, je vous ai parlé d'un mec roux qui avait tenté de s'incruster avec que j'étais dans un parc avec une amie de ScPo. En fait, il n'était pas seul. Il était avec son meilleur ami, Patrick. Qui n'a rien d'une étoile de mer rose en short ni d'un Saint (<-- l'article mis en lien ci-contre est celui consacré à la St Patrick sur ce blog et rafraîchira votre mémoire de poisson rouge si vous ne voyez pas à quoi je fais allusion).
Et le Patrick en question, qui ne nous avait pas dit à l'époque qu'il portait ce patronyme, était lui aussi venu nous faire chier pour essayer de nous vendre son pote avec autant d'insistance qu'un propriétaire d'esclave dans l'Antiquité.
Eh bien Patrick se trouvait ce matin dans la même salle que moi et il faisait partie de mes 8 nouveaux collègues. Ceci n'est pas une blague. Mais ceci m'a beaucoup faite rire.
Surtout quand on a été répartis en binôme pour se présenter (bienrevenus en classe d'anglais au collège, quand on nous a annoncé cette activité j'ai cru que j'allais partir sur le champ) et qu'évidemment on s'est retrouvés à faire chacun le portrait de l'autre. Il en a profité pour apprendre que je n'avais pas 24 ans contrairement à ce qu'on lui avait fait croire (et a osé me traiter de menteuse alors que c'est lui qui estimé tout seul mon âge). Aujourd'hui je me dis qu'on aurait carrément dû lui faire croire qu'on était lesbiennes, c'est une technique héritée de Clara qui est super efficace pour se débarrasser d'un mec lourd.
Si je ne reste pas longtemps "recruteur", j'aurai au moins gagné une super anecdote à raconter au coin du feu.
mardi 31 mai 2011
lundi 30 mai 2011
Ohlala n°244 (Indecisive)
Y a cinq jours j'étais ravie de venir passer tout le mois de juin à Paris en faisant un job intéressant et utile.
Ce soir j'ai l'impression d'être sur le point de faire une énorme connerie et de foutre tout mon mois de juin en l'air. Et surtout de ne pas oser, pour la millième fois de mon existence, dire non et refuser de faire ce que je me sens obligée de faire alors que rien, absolument rien, ne m'y oblige.
Vous l'aurez compris, ma candidature a été retenue et je commence demain matin.
Ce soir j'ai l'impression d'être sur le point de faire une énorme connerie et de foutre tout mon mois de juin en l'air. Et surtout de ne pas oser, pour la millième fois de mon existence, dire non et refuser de faire ce que je me sens obligée de faire alors que rien, absolument rien, ne m'y oblige.
Vous l'aurez compris, ma candidature a été retenue et je commence demain matin.
samedi 28 mai 2011
Ohlala n°243 (4 teachers and 4 children)
Avez-vous souvent passé une soirée en compagnie de 4 professeurs (de collège) et 4 enfants (de moins de 13 ans) ?
C'est ce qui vient de m'arriver.
Sur le papier c'était plutôt effrayant.
En fait c'était super marrant.
Grâce à mon magnétisme surpuissant, j'ai immédiatement gagné la confiance des 4 enfants, comme à chaque fois que je rencontre des enfants. J'ai vraiment un problème pour communiquer mon hostilité. Au bout de 20 minutes, A. a décrété qu'elle voulait être assise à côté de moi pendant le repas. B., qui est en maternelle, s'est installé à mon autre côté et pas à côté de sa mère. Les deux autres garçons se sont installés à côté de leurs frère et soeur. Opération réussie, j'étais cernée en bout de table et tenue à l'écart de la conversation des adultes pour le reste du repas.
J'ai donc discuté avec eux, je connais toute leur vie et aucun détail ne m'a été épargné, de leur chienne de 8 mois en chaleur au préau de la maternelle qui est en travaux, en passant par la liste des arbres fruitiers qu'il y a dans leur jardin et la maladie qu'A. attrape le plus souvent (une angine).
La petite avait une parlote incroyable et son grand frère n'arrêtait pas de lever les yeux au ciel avant de me jeter des regards désolés, ce qui ne réduisait en aucune façon le torrent d'informations dont elle m'abreuvait.
Ils ont finalement tous été terrassés par le sommeil - et une angine, justement, qu'ils s'étaient un peu tous refilée - sauf le plus âgé qui est resté à écouter les conversations des adultes.
J'ai ainsi pu rejoindre la conversation des adultes et les écouter deviser sur "l'affaire DSK". Comme quoi les profs n'ont pas un niveau de conversation beaucoup plus sophistiqué que les gars qui discutent avec un rire gras devant Gibert Jeune - ils ont refait exactement les mêmes blagues. Mon papa va encore dire que je déforme tout et qu'ils n'ont pas fait que parler de ça. Mais si je n'hyperbolais pas un peu de temps en temps, ce blog serait beaucoup moins marrant à écrire.
Pendant qu'on rigole, ayons une pensée pour Margaux qui passait aujourd'hui un concours à Arcueil, centre d'examen riant et déstressant depuis que les bâtiments à l'architecture soviétique ont été parés de chatoyantes couleurs (du violet m'a-t-on dit).
Demain, retour à Paris. Les chances pour que j'écrive ici seront assez faibles. Mais lundi je vous dirai si je suis acceptée comme "recruteur de donateur" et si j'accepte le job, parce que depuis hier je me tâte.
C'est ce qui vient de m'arriver.
Sur le papier c'était plutôt effrayant.
En fait c'était super marrant.
Grâce à mon magnétisme surpuissant, j'ai immédiatement gagné la confiance des 4 enfants, comme à chaque fois que je rencontre des enfants. J'ai vraiment un problème pour communiquer mon hostilité. Au bout de 20 minutes, A. a décrété qu'elle voulait être assise à côté de moi pendant le repas. B., qui est en maternelle, s'est installé à mon autre côté et pas à côté de sa mère. Les deux autres garçons se sont installés à côté de leurs frère et soeur. Opération réussie, j'étais cernée en bout de table et tenue à l'écart de la conversation des adultes pour le reste du repas.
J'ai donc discuté avec eux, je connais toute leur vie et aucun détail ne m'a été épargné, de leur chienne de 8 mois en chaleur au préau de la maternelle qui est en travaux, en passant par la liste des arbres fruitiers qu'il y a dans leur jardin et la maladie qu'A. attrape le plus souvent (une angine).
La petite avait une parlote incroyable et son grand frère n'arrêtait pas de lever les yeux au ciel avant de me jeter des regards désolés, ce qui ne réduisait en aucune façon le torrent d'informations dont elle m'abreuvait.
Ils ont finalement tous été terrassés par le sommeil - et une angine, justement, qu'ils s'étaient un peu tous refilée - sauf le plus âgé qui est resté à écouter les conversations des adultes.
J'ai ainsi pu rejoindre la conversation des adultes et les écouter deviser sur "l'affaire DSK". Comme quoi les profs n'ont pas un niveau de conversation beaucoup plus sophistiqué que les gars qui discutent avec un rire gras devant Gibert Jeune - ils ont refait exactement les mêmes blagues. Mon papa va encore dire que je déforme tout et qu'ils n'ont pas fait que parler de ça. Mais si je n'hyperbolais pas un peu de temps en temps, ce blog serait beaucoup moins marrant à écrire.
Pendant qu'on rigole, ayons une pensée pour Margaux qui passait aujourd'hui un concours à Arcueil, centre d'examen riant et déstressant depuis que les bâtiments à l'architecture soviétique ont été parés de chatoyantes couleurs (du violet m'a-t-on dit).
Demain, retour à Paris. Les chances pour que j'écrive ici seront assez faibles. Mais lundi je vous dirai si je suis acceptée comme "recruteur de donateur" et si j'accepte le job, parce que depuis hier je me tâte.
vendredi 27 mai 2011
Ohlala n°242 (Paris)
Paris
La gare d'Austerlitz où il y a enfin une zone de travaux qui est terminée, ils ont fait... des piliers avec un plafond blanc. Ceci leur a pris environ 2 ans. 75% de la gare reste pleine de trucs croulants ou "en travaux" avec des palissades + ou moins artistiquement décorées.
Le métro qui sent le pipi, avec ses courants d'air et ses rames tellement silencieuses qu'on dirait qu'elles glissent au-dessus du sol (mais qui sont très mal insonorisées une fois qu'on est à l'intérieur d'un wagon).
Le boulevard St Michel, les brasseries, les magasins qui n'ont pas changé, la rue Mazarine, les boutiques qui ont disparu, remplacées par des endroits qui ressemblent à une galerie d'art mais où on vend des t-shirts encore + fragiles que ceux de Zadig et Voltaire, suspendus en l'air entre des cubes blancs.
L'appartement où tout ressemble à "chez moi" mais n'est plus chez moi, mes affaires n'ont pas disparu mais elles sont toutes en piles dans un coin ou posées sur la dernière étagère dans les placards. La cage d'escalier défoncée où les travaux n'avancent pas vite mais font beaucoup de bruit.
Le soleil qui, contrairement aux 5 semaines consécutives précédentes, est resté presque invisible toute la journée.
Les mecs qui te scannent des seins aux genoux dès que t'as le malheur de croiser leur regard et LE mec (roux pour tout arranger - oh c'est bon je rigole, vous aussi vous avez le droit de vivre) qui vient s'incruster quand tu te poses 15 minutes sur un banc pour parler avec une pote que t'as pas vue depuis un an.
Le boulevard de Sébastopol, rempli de boutiques un peu miteuses mais qui semblent chics comparées à celles qu'on trouve dans la rue parallèle et qui traverse les Halles.
L'entretien qui ne se passe ni bien ni mal, mais qui commence par "vous avez un CV très intéressant, ça va donner un entretien intéressant, mais le problème avec les gens qui ont fait une prépa, ou ScPo c'est pareil, c'est que quand je les envoie dans la rue, ça ne marche pas. Vous avez l'habitude qu'on vous dise que vous allez devenir l'élite de la nation et vous ne restez pas motivés longtemps parce que vous vous prenez plein de refus dans la gueule." Bon, ben si tu veux qu'on joue aux stéréotypes, je peux aussi faire la Parisienne qui s'offusque et qui décline l'offre quand on lui dit qu'elle est acceptée, ou bien accepter l'offre et la jouer "fille de la campagne qui se prend pas la tête, qui s'habille avec des sarouels et des pulls trop grands, qui parle avec un air pseudo-cool "on peut se tutoyer ?" comme toi et qui arrive défoncée au taff avec 2h de retard" (je prends pas de drogue, mais ça peut être marrant de jouer la comédie), rendez-vous lundi pour la réponse.
La valise que j'oublie dans le coffre de la voiture le matin et qui rend impératif un retour chez mes parents par le dernier train, celui de 20h48.
Et malgré tout, j'ai l'impression d'avoir passé une super journée. Parce que j'étais à Paris et que j'aime cette ville. J'ai marché dans "mes" rues, celles que je connais par coeur, je suis allée jusqu'à ScPo, j'ai vu l'Apple Store appelé pompeusement "nouvelle bibliothèque". J'ai souri aux gens dans le métro, j'ai mangé un sandwich avec des tomates séchées, j'ai acheté un guide touristique pour trouver plein de choses à faire pour pas cher l'an prochain.
J'ai eu l'impression de rentrer une deuxième fois chez moi et c'était aussi bien que la première.
La gare d'Austerlitz où il y a enfin une zone de travaux qui est terminée, ils ont fait... des piliers avec un plafond blanc. Ceci leur a pris environ 2 ans. 75% de la gare reste pleine de trucs croulants ou "en travaux" avec des palissades + ou moins artistiquement décorées.
Le métro qui sent le pipi, avec ses courants d'air et ses rames tellement silencieuses qu'on dirait qu'elles glissent au-dessus du sol (mais qui sont très mal insonorisées une fois qu'on est à l'intérieur d'un wagon).
Le boulevard St Michel, les brasseries, les magasins qui n'ont pas changé, la rue Mazarine, les boutiques qui ont disparu, remplacées par des endroits qui ressemblent à une galerie d'art mais où on vend des t-shirts encore + fragiles que ceux de Zadig et Voltaire, suspendus en l'air entre des cubes blancs.
L'appartement où tout ressemble à "chez moi" mais n'est plus chez moi, mes affaires n'ont pas disparu mais elles sont toutes en piles dans un coin ou posées sur la dernière étagère dans les placards. La cage d'escalier défoncée où les travaux n'avancent pas vite mais font beaucoup de bruit.
Le soleil qui, contrairement aux 5 semaines consécutives précédentes, est resté presque invisible toute la journée.
Les mecs qui te scannent des seins aux genoux dès que t'as le malheur de croiser leur regard et LE mec (roux pour tout arranger - oh c'est bon je rigole, vous aussi vous avez le droit de vivre) qui vient s'incruster quand tu te poses 15 minutes sur un banc pour parler avec une pote que t'as pas vue depuis un an.
Le boulevard de Sébastopol, rempli de boutiques un peu miteuses mais qui semblent chics comparées à celles qu'on trouve dans la rue parallèle et qui traverse les Halles.
L'entretien qui ne se passe ni bien ni mal, mais qui commence par "vous avez un CV très intéressant, ça va donner un entretien intéressant, mais le problème avec les gens qui ont fait une prépa, ou ScPo c'est pareil, c'est que quand je les envoie dans la rue, ça ne marche pas. Vous avez l'habitude qu'on vous dise que vous allez devenir l'élite de la nation et vous ne restez pas motivés longtemps parce que vous vous prenez plein de refus dans la gueule." Bon, ben si tu veux qu'on joue aux stéréotypes, je peux aussi faire la Parisienne qui s'offusque et qui décline l'offre quand on lui dit qu'elle est acceptée, ou bien accepter l'offre et la jouer "fille de la campagne qui se prend pas la tête, qui s'habille avec des sarouels et des pulls trop grands, qui parle avec un air pseudo-cool "on peut se tutoyer ?" comme toi et qui arrive défoncée au taff avec 2h de retard" (je prends pas de drogue, mais ça peut être marrant de jouer la comédie), rendez-vous lundi pour la réponse.
La valise que j'oublie dans le coffre de la voiture le matin et qui rend impératif un retour chez mes parents par le dernier train, celui de 20h48.
Et malgré tout, j'ai l'impression d'avoir passé une super journée. Parce que j'étais à Paris et que j'aime cette ville. J'ai marché dans "mes" rues, celles que je connais par coeur, je suis allée jusqu'à ScPo, j'ai vu l'Apple Store appelé pompeusement "nouvelle bibliothèque". J'ai souri aux gens dans le métro, j'ai mangé un sandwich avec des tomates séchées, j'ai acheté un guide touristique pour trouver plein de choses à faire pour pas cher l'an prochain.
J'ai eu l'impression de rentrer une deuxième fois chez moi et c'était aussi bien que la première.
jeudi 26 mai 2011
Ohlala n°241 (Why I changed my mind)
Pourquoi ai-je finalement décidé de tenter ma chance comme "recruteur de donateurs" ?
Premièrement, parce que même si ce sont des organismes privés qui proposent leurs services aux ONG, le prix payé pour ces services est tout à fait intéressant. Si les ONG devaient aller chercher elles-mêmes chacun des donateurs, cela leur coûterait beaucoup + cher. Mener une campagne pour faire parler de soi coûte très très cher, même en bénéficiant parfois de prix spéciaux grâce au statut d'association. Et si les ONG organisaient elles-mêmes ce "démarchage" dans la rue, il faudrait payer une équipe chargée de poster des annonces de recrutements, de trier les candidats, de leur faire passer des entretiens, d'encadrer les recruteurs dans la rue, etc.
Tout ça coûterait beaucoup + cher et prendrait beaucoup de temps. Donc finalement, tout le monde y gagne avec ce système, en temps et en argent. Or le but d'une ONG c'est justement de pouvoir consacrer un maximum de l'argent récolté aux programmes.
Ensuite, certes il y a des gens qui vont être désagréables avec les recruteurs et qui penseront que les ONG sont souvent des organismes malhonnêtes qui escroquent la veuve et l'orphelin. Mais ils le seront qu'on aille dans la rue ou non. Par contre, ça peut être l'occasion de parler de l'association à des gens qui ne la connaissent pas. Même s'ils ne deviennent pas donateurs, ils sauront qu'elle existe. Or il faut entendre parler plusieurs fois d'une association pour lui faire confiance et avoir envie de donner, donc chaque occasion de faire entendre le nom de l'association est bonne à prendre, ceux qui prennent quelques minutes pour se renseigner sur le travail mené par cette association deviendront peut-être donateurs plus tard, dans quelques mois ou quelques années.
Enfin, puisque je reste un peu sceptique quant à l'efficacité de cette méthode, la meilleure façon de me faire une bonne idée de cette activité, c'est d'y participer. C'est seulement comme ça que je saurai ce qui est dit aux étudiants envoyés dans la rue, à quel point la sélection est rigoureuse, à quel point les recruteurs sont encadrés et à quel point les gens sont vraiment agacés par ce genre d'action (et dans ce cas, autant m'en tenir éloignée quand je travaillerai dans ce milieu) ou si certains sont plus réceptifs que je ne le pense.
Maintenant, je commence à plutôt bien cerner les activités de Partage, l'association pour laquelle je serai peut-être bientôt recruteur (recruteuse ? beurk le vilain mot). Demain, entretien d'embauche à Paris. Ce week-end, retour à la maison puisque j'avais oublié que dimanche c'est la fête des mères et qu'il est donc primordial que je sois présente. Dimanche soir retour sur Paris pour retrouver RJF et mardi, peut-être, début de mon nouveau job. Tout ça ponctué de retrouvailles avec des gens de ScPo.
Finalement cette procrastination qui m'a fait perdre les deux premiers jobs que j'avais en vue semble avoir des conséquences plutôt positives.
Premièrement, parce que même si ce sont des organismes privés qui proposent leurs services aux ONG, le prix payé pour ces services est tout à fait intéressant. Si les ONG devaient aller chercher elles-mêmes chacun des donateurs, cela leur coûterait beaucoup + cher. Mener une campagne pour faire parler de soi coûte très très cher, même en bénéficiant parfois de prix spéciaux grâce au statut d'association. Et si les ONG organisaient elles-mêmes ce "démarchage" dans la rue, il faudrait payer une équipe chargée de poster des annonces de recrutements, de trier les candidats, de leur faire passer des entretiens, d'encadrer les recruteurs dans la rue, etc.
Tout ça coûterait beaucoup + cher et prendrait beaucoup de temps. Donc finalement, tout le monde y gagne avec ce système, en temps et en argent. Or le but d'une ONG c'est justement de pouvoir consacrer un maximum de l'argent récolté aux programmes.
Ensuite, certes il y a des gens qui vont être désagréables avec les recruteurs et qui penseront que les ONG sont souvent des organismes malhonnêtes qui escroquent la veuve et l'orphelin. Mais ils le seront qu'on aille dans la rue ou non. Par contre, ça peut être l'occasion de parler de l'association à des gens qui ne la connaissent pas. Même s'ils ne deviennent pas donateurs, ils sauront qu'elle existe. Or il faut entendre parler plusieurs fois d'une association pour lui faire confiance et avoir envie de donner, donc chaque occasion de faire entendre le nom de l'association est bonne à prendre, ceux qui prennent quelques minutes pour se renseigner sur le travail mené par cette association deviendront peut-être donateurs plus tard, dans quelques mois ou quelques années.
Enfin, puisque je reste un peu sceptique quant à l'efficacité de cette méthode, la meilleure façon de me faire une bonne idée de cette activité, c'est d'y participer. C'est seulement comme ça que je saurai ce qui est dit aux étudiants envoyés dans la rue, à quel point la sélection est rigoureuse, à quel point les recruteurs sont encadrés et à quel point les gens sont vraiment agacés par ce genre d'action (et dans ce cas, autant m'en tenir éloignée quand je travaillerai dans ce milieu) ou si certains sont plus réceptifs que je ne le pense.
Maintenant, je commence à plutôt bien cerner les activités de Partage, l'association pour laquelle je serai peut-être bientôt recruteur (recruteuse ? beurk le vilain mot). Demain, entretien d'embauche à Paris. Ce week-end, retour à la maison puisque j'avais oublié que dimanche c'est la fête des mères et qu'il est donc primordial que je sois présente. Dimanche soir retour sur Paris pour retrouver RJF et mardi, peut-être, début de mon nouveau job. Tout ça ponctué de retrouvailles avec des gens de ScPo.
Finalement cette procrastination qui m'a fait perdre les deux premiers jobs que j'avais en vue semble avoir des conséquences plutôt positives.
mercredi 25 mai 2011
Ohlala n°240 (Money money money)
Vous ai-je dit que je cherche un job d'été pour le mois de juin ?
Je ne sais plus.
Maintenant vous le savez, en tout cas.
J'avais postulé pour devenir une sorte de surveillante d'examen pendant 15 jours en banlieue parisienne, mais j'ai appris aujourd'hui que ma candidature n'était pas retenue parce qu'ils avaient déjà trouvé assez de monde.
Comme j'avais remarqué un autre poste intéressant comme vacataire à ScPo, je les ai appelés juste après, mais entre temps ils avaient aussi recruté d'autres gens.
Autant dire que j'étais un peu dépitée parce que mes deux seules pistes, qui n'étaient pas très réjouissantes puisqu'elles ne risquaient pas de payer mes vacances, venaient de s'effacer dans la noirceur des ronces du temps qui passe trop vite (et de ma procrastination légendaire qui m'avait fait perdre 3 jours avant d'envoyer ma candidature).
Alors je me suis remise à chercher un emploi, y compris sur Paris alors que j'aurais préféré rester du côté de chez mes parents, avec la ferme intention de postuler à la première offre un peu intéressante.
Et je suis tombée sur les mêmes annonces qui retiennent à chaque fois mon attention mais auxquels je ne postule pas : les postes de recruteurs de donateurs pour les ONG.
Là, lecteur, tu te demandes pourquoi je ne postule pas alors que c'est justement "mon" domaine.
Oui, mais je n'aime pas beaucoup ces pratiques. Pendant un moment, j'ai pensé que c'était bien puisque ça permettait aux ONG de trouver de nouveaux donateurs et que même si elles dépensaient de l'argent pour ça, l'important était qu'elles en retirent davantage et que ce gain soit utile pour mener de nouveaux programmes.
Et puis j'ai changé d'avis parce que je me suis rendu compte de plusieurs choses.
- D'abord, ce sont des organismes privés qui louent leurs services aux recruteurs, ce ne sont pas les ONG qui envoient directement des gens qu'elles ont choisi. Donc elles paient ces organismes plus cher que si elles payaient juste un smic aux donateurs.
- Ensuite, l'opinion des gens compte énormément pour une ONG. Or la plupart des donateurs détestent l'idée qu'une partie de leur argent parte en frais de gestion et d'administration. Ils voudraient que tous ces hommes et ces femmes qui partent en mission, qui consacrent leur temps à soigner, bâtir, négocier avec les autorités, assurer la sécurité des autres soient des bénévoles et que tout soit gratuit. C'est bien connu, ceux qui sont chargés de recruter des donateurs se font généralement jeter comme des crottes de hérisson et j'ai bien peur que cette technique de levée de fonds ne fasse souvent qu'aggraver cette méfiance des gens à l'égard de la gestion de leur argent (alors que ça ne les gêne pas de payer plusieurs centaines d'euros pour rembourser la pub qui les a convaincus d'acheter leur nouvelle voiture).
- Enfin, le principe même d'aller accoster les gens dans la rue et de les culpabiliser (ils ne le font pas tous mais c'est la technique utilisée par certains) pour les inciter à donner, ça ne me plaît pas. C'est justement cette culpabilisation systématique, ces "comment madame, vous seriez prête à laisser mourir des enfants de faim alors que vous revenez tout juste du Monoprix ?", que je voudrais voir disparaître. J'ai l'impression que ceux qui acceptent de devenir donateurs sont juste ceux qui n'osent pas dire non. Et s'il y a bien un truc qui m'agace, c'est que ceux qui n'osent pas dire non se sentent forcés d'accepter quand ceux qui ont une grande gueule et qui méprisent ceux qui les entourent sont satisfaits de leur petite vie.
La dernière chose qui me retenait, c'est que je ne veux pas non plus aller recruter des donateurs pour n'importe quelle ONG. Le fait d'être une ONG ne rend pas automatiquement tout le travail accompli merveilleux, efficace et louable.
Et puis je suis tombée sur cette annonce d'ONG conseil. Ce sont probablement les plus connus du secteur - j'en ai découvert d'autres aujourd'hui en parcourant les offres mais je connais l'existence d'ONG conseil depuis au moins deux ans. Et en parcourant leur site, j'ai vu qu'ils allaient mener une campagne pour Aides, qui est une association de soutien aux gens touchés par le VIH. C'est ceux qui organisent le festival Solidays et la Grande nuit du Zapping avec Canal+.
Je connais mal leurs activités, mais j'ai justement prévu d'en apprendre davantage et de devenir peut-être bénévole auprès d'eux l'an prochain. Donc j'ai appelé ONG conseil.
D'abord, quelques minutes d'attente au son d'une musique super énervante et qui s'interrompait pour répéter les mêmes messages en boucle - parfois ils s'entre-interrompaient. S'il existait une épilepsie déclenchée par les sons violents et si j'étais épileptique, je serais tombée de ma chaise en avalant ma langue.
Ensuite, j'entendais très mal ce que me disait la personne qui m'a répondu, j'avais l'impression qu'à chaque fois que je lui demandais de répéter elle faisait le voeu qu'un bébé lama soit écrasé sous une pierre et j'ai failli lui dire que je m'étais trompé de numéro (oui au milieu de la conversation, je trouve ça marrant comme principe).
Et puis je me suis retrouvée sous un déluge de questions alors que j'avais pas prévu de passer tout de suite un entretien, on m'a demandé ce que j'avais compris du travail demandé, si j'avais conscience que c'était difficile, qu'il faudrait faire des autorisations de virements bancaires, etc.
Mais en fin de compte, j'ai persévéré parce que je suis une fille qui a du caractère comme dit la maman de Margaux. Ils n'avaient plus besoin de nouveaux recruteurs pour Aides, mais sur les mêmes dates ils avaient une campagne pour une autre association, Partage, qui permet de parrainer un enfant pour qu'il puisse aller à l'école et tout et tout. Un peu comme ce qu'on avait fait pour Charlotte au lycée, je pense que mes lecteurs les plus anciens s'en souviendront.
Je passe un entretien vendredi après-midi à Paris et si tout se passe bien, je commence mardi, jusqu'en juillet, la veille de notre départ en Grèce !
Tout ça bouscule un peu mes plans, j'avais plutôt prévu de travailler près de chez mes parents, mais être à Paris sera aussi l'occasion de voir plein de gens que je n'aurais pas croisés avant septembre sinon. Voilà qui risque de retarder le lancement de mon nouveau blog, mais ça donnera aussi une continuité intéressante à celui-ci après le stage à New York si je réussis l'entretien.
Ah, j'étais censée reprendre point par point mes réticences pour expliquer ce qui m'a fait changer d'avis. Eh bien ce sera pour demain !
Je ne sais plus.
Maintenant vous le savez, en tout cas.
J'avais postulé pour devenir une sorte de surveillante d'examen pendant 15 jours en banlieue parisienne, mais j'ai appris aujourd'hui que ma candidature n'était pas retenue parce qu'ils avaient déjà trouvé assez de monde.
Comme j'avais remarqué un autre poste intéressant comme vacataire à ScPo, je les ai appelés juste après, mais entre temps ils avaient aussi recruté d'autres gens.
Autant dire que j'étais un peu dépitée parce que mes deux seules pistes, qui n'étaient pas très réjouissantes puisqu'elles ne risquaient pas de payer mes vacances, venaient de s'effacer dans la noirceur des ronces du temps qui passe trop vite (et de ma procrastination légendaire qui m'avait fait perdre 3 jours avant d'envoyer ma candidature).
Alors je me suis remise à chercher un emploi, y compris sur Paris alors que j'aurais préféré rester du côté de chez mes parents, avec la ferme intention de postuler à la première offre un peu intéressante.
Et je suis tombée sur les mêmes annonces qui retiennent à chaque fois mon attention mais auxquels je ne postule pas : les postes de recruteurs de donateurs pour les ONG.
Là, lecteur, tu te demandes pourquoi je ne postule pas alors que c'est justement "mon" domaine.
Oui, mais je n'aime pas beaucoup ces pratiques. Pendant un moment, j'ai pensé que c'était bien puisque ça permettait aux ONG de trouver de nouveaux donateurs et que même si elles dépensaient de l'argent pour ça, l'important était qu'elles en retirent davantage et que ce gain soit utile pour mener de nouveaux programmes.
Et puis j'ai changé d'avis parce que je me suis rendu compte de plusieurs choses.
- D'abord, ce sont des organismes privés qui louent leurs services aux recruteurs, ce ne sont pas les ONG qui envoient directement des gens qu'elles ont choisi. Donc elles paient ces organismes plus cher que si elles payaient juste un smic aux donateurs.
- Ensuite, l'opinion des gens compte énormément pour une ONG. Or la plupart des donateurs détestent l'idée qu'une partie de leur argent parte en frais de gestion et d'administration. Ils voudraient que tous ces hommes et ces femmes qui partent en mission, qui consacrent leur temps à soigner, bâtir, négocier avec les autorités, assurer la sécurité des autres soient des bénévoles et que tout soit gratuit. C'est bien connu, ceux qui sont chargés de recruter des donateurs se font généralement jeter comme des crottes de hérisson et j'ai bien peur que cette technique de levée de fonds ne fasse souvent qu'aggraver cette méfiance des gens à l'égard de la gestion de leur argent (alors que ça ne les gêne pas de payer plusieurs centaines d'euros pour rembourser la pub qui les a convaincus d'acheter leur nouvelle voiture).
- Enfin, le principe même d'aller accoster les gens dans la rue et de les culpabiliser (ils ne le font pas tous mais c'est la technique utilisée par certains) pour les inciter à donner, ça ne me plaît pas. C'est justement cette culpabilisation systématique, ces "comment madame, vous seriez prête à laisser mourir des enfants de faim alors que vous revenez tout juste du Monoprix ?", que je voudrais voir disparaître. J'ai l'impression que ceux qui acceptent de devenir donateurs sont juste ceux qui n'osent pas dire non. Et s'il y a bien un truc qui m'agace, c'est que ceux qui n'osent pas dire non se sentent forcés d'accepter quand ceux qui ont une grande gueule et qui méprisent ceux qui les entourent sont satisfaits de leur petite vie.
La dernière chose qui me retenait, c'est que je ne veux pas non plus aller recruter des donateurs pour n'importe quelle ONG. Le fait d'être une ONG ne rend pas automatiquement tout le travail accompli merveilleux, efficace et louable.
Et puis je suis tombée sur cette annonce d'ONG conseil. Ce sont probablement les plus connus du secteur - j'en ai découvert d'autres aujourd'hui en parcourant les offres mais je connais l'existence d'ONG conseil depuis au moins deux ans. Et en parcourant leur site, j'ai vu qu'ils allaient mener une campagne pour Aides, qui est une association de soutien aux gens touchés par le VIH. C'est ceux qui organisent le festival Solidays et la Grande nuit du Zapping avec Canal+.
Je connais mal leurs activités, mais j'ai justement prévu d'en apprendre davantage et de devenir peut-être bénévole auprès d'eux l'an prochain. Donc j'ai appelé ONG conseil.
D'abord, quelques minutes d'attente au son d'une musique super énervante et qui s'interrompait pour répéter les mêmes messages en boucle - parfois ils s'entre-interrompaient. S'il existait une épilepsie déclenchée par les sons violents et si j'étais épileptique, je serais tombée de ma chaise en avalant ma langue.
Ensuite, j'entendais très mal ce que me disait la personne qui m'a répondu, j'avais l'impression qu'à chaque fois que je lui demandais de répéter elle faisait le voeu qu'un bébé lama soit écrasé sous une pierre et j'ai failli lui dire que je m'étais trompé de numéro (oui au milieu de la conversation, je trouve ça marrant comme principe).
Et puis je me suis retrouvée sous un déluge de questions alors que j'avais pas prévu de passer tout de suite un entretien, on m'a demandé ce que j'avais compris du travail demandé, si j'avais conscience que c'était difficile, qu'il faudrait faire des autorisations de virements bancaires, etc.
Mais en fin de compte, j'ai persévéré parce que je suis une fille qui a du caractère comme dit la maman de Margaux. Ils n'avaient plus besoin de nouveaux recruteurs pour Aides, mais sur les mêmes dates ils avaient une campagne pour une autre association, Partage, qui permet de parrainer un enfant pour qu'il puisse aller à l'école et tout et tout. Un peu comme ce qu'on avait fait pour Charlotte au lycée, je pense que mes lecteurs les plus anciens s'en souviendront.
Je passe un entretien vendredi après-midi à Paris et si tout se passe bien, je commence mardi, jusqu'en juillet, la veille de notre départ en Grèce !
Tout ça bouscule un peu mes plans, j'avais plutôt prévu de travailler près de chez mes parents, mais être à Paris sera aussi l'occasion de voir plein de gens que je n'aurais pas croisés avant septembre sinon. Voilà qui risque de retarder le lancement de mon nouveau blog, mais ça donnera aussi une continuité intéressante à celui-ci après le stage à New York si je réussis l'entretien.
Ah, j'étais censée reprendre point par point mes réticences pour expliquer ce qui m'a fait changer d'avis. Eh bien ce sera pour demain !
mardi 24 mai 2011
Ohlala n°239 (Administration fails)
Oyez oyez braves lecteurs assidus, j'ai reçu un mail de confirmation : mon dossier de master est complet et va être examiné.
22 jours après l'avoir envoyé, on peut dire qu'ils sont minutieux pour vérifier chaque pièce.
La bonne nouvelle c'est que visiblement il n'y aura pas d'entretien, puisqu'il est écrit que la décision sera rendue après étude approfondie du dossier.
Plus besoin donc de se déplacer à Paris pour tenter de convaincre un jury que je suis une journaliste dans l'âme, ils le devineront rien qu'en lisant mon dossier. Rempli de fautes d'anglais. Moui moui moui.
On dirait que les critères d'admission évoluent au fil des jours. Tout cela renforce ma confiance dans la personne qui a répondu à mon email du mois de mars le dernier jour de soumission des dossiers et qui m'avait affirmé que tout le monde passerait un entretien.
S'ils sont assez dégourdis pour tomber sur ce blog, ce qui n'est pas extrêmement difficile, je suis assurée de ne pas être prise. On est souvent un peu chatouilleux vis-à-vis des critiques au sein de cette institution. Dommage, c'est pourtant grâce à elles qu'on peut apprendre beaucoup de choses sur soi.
Autre mail reçu ce matin : un rappel de ceux qui gèrent nos stages pour me demander d'envoyer une fiche d'évaluation remplie par mon maître de stage. Ce qui est embêtant c'est que Molly l'a envoyée il y a deux mois.
Difficile de savoir ce qui se passe avec C., la responsable des stages de 3A, mais je finis par douter qu'elle existe encore. La plupart des derniers mails qui nous étaient adressés étaient envoyés par quelqu'un d'autre et on m'a déjà redemandé un autre document pourtant bien envoyé en temps donné, dans un message qui disait en substance "nous savons que vous l'avez envoyé mais nous ne l'avons plus".
Quels que soient les raisons des court-circuits de C. opérés régulièrement par l'administration, ça ne fait pas très sérieux. Si seuls les étudiants s'en rendaient compte, après tout, ça ne serait pas bien grave puisque quoi qu'il arrive c'est un sport national en France de taper sur l'administration. Sauf que là, je vais probablement devoir demander à Molly de re-rédiger en entier ce document qui a été perdu...
Pour le titre d'établissement à la carrure internationale, il va encore falloir bosser un peu - et surtout parvenir à gérer l'augmentation démentielle des effectifs au cours des dernières années.
22 jours après l'avoir envoyé, on peut dire qu'ils sont minutieux pour vérifier chaque pièce.
La bonne nouvelle c'est que visiblement il n'y aura pas d'entretien, puisqu'il est écrit que la décision sera rendue après étude approfondie du dossier.
Plus besoin donc de se déplacer à Paris pour tenter de convaincre un jury que je suis une journaliste dans l'âme, ils le devineront rien qu'en lisant mon dossier. Rempli de fautes d'anglais. Moui moui moui.
On dirait que les critères d'admission évoluent au fil des jours. Tout cela renforce ma confiance dans la personne qui a répondu à mon email du mois de mars le dernier jour de soumission des dossiers et qui m'avait affirmé que tout le monde passerait un entretien.
S'ils sont assez dégourdis pour tomber sur ce blog, ce qui n'est pas extrêmement difficile, je suis assurée de ne pas être prise. On est souvent un peu chatouilleux vis-à-vis des critiques au sein de cette institution. Dommage, c'est pourtant grâce à elles qu'on peut apprendre beaucoup de choses sur soi.
Autre mail reçu ce matin : un rappel de ceux qui gèrent nos stages pour me demander d'envoyer une fiche d'évaluation remplie par mon maître de stage. Ce qui est embêtant c'est que Molly l'a envoyée il y a deux mois.
Difficile de savoir ce qui se passe avec C., la responsable des stages de 3A, mais je finis par douter qu'elle existe encore. La plupart des derniers mails qui nous étaient adressés étaient envoyés par quelqu'un d'autre et on m'a déjà redemandé un autre document pourtant bien envoyé en temps donné, dans un message qui disait en substance "nous savons que vous l'avez envoyé mais nous ne l'avons plus".
Quels que soient les raisons des court-circuits de C. opérés régulièrement par l'administration, ça ne fait pas très sérieux. Si seuls les étudiants s'en rendaient compte, après tout, ça ne serait pas bien grave puisque quoi qu'il arrive c'est un sport national en France de taper sur l'administration. Sauf que là, je vais probablement devoir demander à Molly de re-rédiger en entier ce document qui a été perdu...
Pour le titre d'établissement à la carrure internationale, il va encore falloir bosser un peu - et surtout parvenir à gérer l'augmentation démentielle des effectifs au cours des dernières années.
lundi 23 mai 2011
Ohlala n°238 (Procrastination)
Ce soir, en discutant avec le Frère, on s'est rendu à l'évidence : la procrastination, cette incapacité de l'homme à ne pas faire tout de suite ce qu'il peut faire + tard, est un truc encore + vicieux qu'on ne le pense.
Tout le monde a déjà remarqué que c'est le jour où il faut absolument avoir fini un truc d'ici la fin de la journée qu'il devient insupportable de ne pas avoir réparé ce stylo-plume qui fuit depuis 4 mois ou de travailler dans une pièce où il y a de la poussière.
Mais le pire, c'est que la procrastination attaque aussi durant les périodes de tranquillité. Dès qu'on n'est plus pressé par plein de projets, on devient incapable de faire le truc le plus simple, notamment réparer un stylo qui commence à fuir ou passer un coup de balai dans la cuisine.
Juste avant de partir des Etats-Unis, comme Molly me demandait si j'étais contente et pressée de rentrer, je lui avais répondu que oui, j'avais très envie de partir, mais qu'en même temps j'étais un peu triste parce que d'un coup, j'allais arrêter d'avoir un emploi du temps à peu près régulier et qu'inévitablement, j'allais me mettre à faire beaucoup moins de choses que lorsque j'étais à New York, pour la simple raison que j'avais plein de projets en tête mais qu'une fois rentrée, sans obligation temporelle, je remettrais sans cesse à plus tard tout ce que j'avais très envie de faire là tout de suite.
Je ne suis pas la seule dans ce cas et ça ne me fait en rien relativiser les choses. Il faudrait passer moins de temps sur cet ordi, se forcer à finir ce qui est commencé, se fixer des objectifs à atteindre chaque jour, s'en fixer trop pour être sûre d'en faire au moins la moitié. Et en même temps je sais que cette période de 4 mois sans obligations, ces immenses vacances, c'est sûrement l'avant-dernière fois que je peux en profiter et qu'il faut aussi en profiter pour prendre le temps de ne rien faire, pour une fois, pour une des dernières fois.
Sauf que j'ai passé une bonne partie de cette année à ne pas faire grand chose quand je "travaillais", donc c'est maintenant l'occasion de pouvoir faire tout ce dont j'ai été tenue éloignée pendant ces neuf derniers mois. Tiens d'ailleurs aujourd'hui, ça fait exactement 9 mois, j'étais partie le 24 août.
Tout compte fait, je n'ai pas été tout à fait inactive depuis que je suis rentrée, mais je ne peux pas m'empêcher de faire traîner de petites choses qui ne prendraient qu'une ou deux heures à terminer (trier et ranger mes vêtements, imprimer des photos, envoyer mon appareil photo en réparation, etc.). Or tant que quelque chose n'est pas tout à fait terminé, j'ai l'impression de n'avoir rien fait.
Vivement que je me trouve un job d'été, puisque comme dit le Frère, il faut avoir un truc chiant dans sa vie pour faire plein de projets qui deviennent des échappatoires.
Tout le monde a déjà remarqué que c'est le jour où il faut absolument avoir fini un truc d'ici la fin de la journée qu'il devient insupportable de ne pas avoir réparé ce stylo-plume qui fuit depuis 4 mois ou de travailler dans une pièce où il y a de la poussière.
Mais le pire, c'est que la procrastination attaque aussi durant les périodes de tranquillité. Dès qu'on n'est plus pressé par plein de projets, on devient incapable de faire le truc le plus simple, notamment réparer un stylo qui commence à fuir ou passer un coup de balai dans la cuisine.
Juste avant de partir des Etats-Unis, comme Molly me demandait si j'étais contente et pressée de rentrer, je lui avais répondu que oui, j'avais très envie de partir, mais qu'en même temps j'étais un peu triste parce que d'un coup, j'allais arrêter d'avoir un emploi du temps à peu près régulier et qu'inévitablement, j'allais me mettre à faire beaucoup moins de choses que lorsque j'étais à New York, pour la simple raison que j'avais plein de projets en tête mais qu'une fois rentrée, sans obligation temporelle, je remettrais sans cesse à plus tard tout ce que j'avais très envie de faire là tout de suite.
Je ne suis pas la seule dans ce cas et ça ne me fait en rien relativiser les choses. Il faudrait passer moins de temps sur cet ordi, se forcer à finir ce qui est commencé, se fixer des objectifs à atteindre chaque jour, s'en fixer trop pour être sûre d'en faire au moins la moitié. Et en même temps je sais que cette période de 4 mois sans obligations, ces immenses vacances, c'est sûrement l'avant-dernière fois que je peux en profiter et qu'il faut aussi en profiter pour prendre le temps de ne rien faire, pour une fois, pour une des dernières fois.
Sauf que j'ai passé une bonne partie de cette année à ne pas faire grand chose quand je "travaillais", donc c'est maintenant l'occasion de pouvoir faire tout ce dont j'ai été tenue éloignée pendant ces neuf derniers mois. Tiens d'ailleurs aujourd'hui, ça fait exactement 9 mois, j'étais partie le 24 août.
Tout compte fait, je n'ai pas été tout à fait inactive depuis que je suis rentrée, mais je ne peux pas m'empêcher de faire traîner de petites choses qui ne prendraient qu'une ou deux heures à terminer (trier et ranger mes vêtements, imprimer des photos, envoyer mon appareil photo en réparation, etc.). Or tant que quelque chose n'est pas tout à fait terminé, j'ai l'impression de n'avoir rien fait.
Vivement que je me trouve un job d'été, puisque comme dit le Frère, il faut avoir un truc chiant dans sa vie pour faire plein de projets qui deviennent des échappatoires.
dimanche 22 mai 2011
Ohlala n°237 (To play tag)
Ce qui est bien, avec ces titres d'article en anglais, c'est que j'ai appris plein d'expressions pour pouvoir traduire le titre en français que j'avais dans la tête.
Par exemple aujourd'hui, to play tag, je risquais pas d'apprendre ça en vivant à New York puisque ça signifie "jouer au loup".
C'est donc grâce à la visite de mes cousins que je me suis retrouvée en compagnie du Frère à courir avec des ballerines en cuir que j'avais jetées à la poubelle 2h plus tôt tellement elles étaient usées pour jouer au loup avec eux dans notre jardin.
Je nous trouve drôlement cool parce qu'aucun de nos cousins a continué de jouer avec nous jusqu'à ses 20 ans et surtout pas à des jeux d'école primaire. Voilà qui en fera réfléchir certains sur leurs accusations infondées quant à ma prétendue haine des enfants. A moins que ça soit une nouvelle preuve de mon incapacité à dire non quand un truc me fait chier.
Bon ceci dit ça m'a décidée : j'adopterai. Des enfants qui ont + de 10 ans. Parce qu'avant, c'est juste intéressé par des actions infiniment répétitives et ça n'a aucune patience.
Ou alors, j'adopterai plein de chats. Après tout, mes parents m'ont montré la voie. Et on m'a toujours prédit que je finirai vieille avec plein de chats. La bonne nouvelle c'est que RJF aussi aime les chats, donc je pourrai avoir plein de chats ET ne pas finir vieille fille.
Sinon, j'ai trouvé une feinte super efficace pour éviter que mes cousins envahissent ma chambre : j'ai foutu un bordel monstre par terre avant leur arrivée (ça n'était pas tout à fait gratuit, il s'agit de tous les papiers, prospectus, plans de musée, cartes postales que j'ai ramenés de New York et que je vais regrouper dans un grand carnet de voyage). Résultat, ils ont colonisé la chambre du Frère.
Comme annoncé précédemment, j'ai aussi entamé le grand tri de mes habits de lycée. Pour l'instant, la conclusion est simple : il me reste 5 t-shirts à manches longues sur l'étagère entière que j'ai attaquée aujourd'hui. Mon cerveau avait pudiquement oublié qu'il y a 4 ans, la mode était aux inscriptions pailletées et aux pulls qui recouvrent à peine le nombril. Je sais que j'ai porté ces choses mais je n'arrive pas à comprendre comment je supportais d'avoir toute cette peau à découvert en permanence et comment j'ai pu trouver ça joli.
Par exemple aujourd'hui, to play tag, je risquais pas d'apprendre ça en vivant à New York puisque ça signifie "jouer au loup".
C'est donc grâce à la visite de mes cousins que je me suis retrouvée en compagnie du Frère à courir avec des ballerines en cuir que j'avais jetées à la poubelle 2h plus tôt tellement elles étaient usées pour jouer au loup avec eux dans notre jardin.
Je nous trouve drôlement cool parce qu'aucun de nos cousins a continué de jouer avec nous jusqu'à ses 20 ans et surtout pas à des jeux d'école primaire. Voilà qui en fera réfléchir certains sur leurs accusations infondées quant à ma prétendue haine des enfants. A moins que ça soit une nouvelle preuve de mon incapacité à dire non quand un truc me fait chier.
Bon ceci dit ça m'a décidée : j'adopterai. Des enfants qui ont + de 10 ans. Parce qu'avant, c'est juste intéressé par des actions infiniment répétitives et ça n'a aucune patience.
Ou alors, j'adopterai plein de chats. Après tout, mes parents m'ont montré la voie. Et on m'a toujours prédit que je finirai vieille avec plein de chats. La bonne nouvelle c'est que RJF aussi aime les chats, donc je pourrai avoir plein de chats ET ne pas finir vieille fille.
Sinon, j'ai trouvé une feinte super efficace pour éviter que mes cousins envahissent ma chambre : j'ai foutu un bordel monstre par terre avant leur arrivée (ça n'était pas tout à fait gratuit, il s'agit de tous les papiers, prospectus, plans de musée, cartes postales que j'ai ramenés de New York et que je vais regrouper dans un grand carnet de voyage). Résultat, ils ont colonisé la chambre du Frère.
Comme annoncé précédemment, j'ai aussi entamé le grand tri de mes habits de lycée. Pour l'instant, la conclusion est simple : il me reste 5 t-shirts à manches longues sur l'étagère entière que j'ai attaquée aujourd'hui. Mon cerveau avait pudiquement oublié qu'il y a 4 ans, la mode était aux inscriptions pailletées et aux pulls qui recouvrent à peine le nombril. Je sais que j'ai porté ces choses mais je n'arrive pas à comprendre comment je supportais d'avoir toute cette peau à découvert en permanence et comment j'ai pu trouver ça joli.
Ceci dit cette année, la mode c'est la couleur "moutarde" et les sarouel-pyjama à imprimé vichy (j'en ai vu un à Orléans, j'ai peur d'aller à Paris).
L'avenir tranchera pour déterminer ce qui est le plus ridicule.
Passerons-nous bientôt pour les mêmes navrants personnages que furent nos prédécesseurs des années 96 ?
samedi 21 mai 2011
Ohlala n°236 (Text message fail)
Vos parents font-ils aussi partie de ceux qui veulent apprendre "la technologie" ? Vous savez, cette catégorie de parents qui, bien que dotés d'un cerveau parfaitement fonctionnel, pensent que les écrans tactiles et Facebook sont des créations mi-fascinantes mi-diaboliques et font preuve d'une absence absolue d'intuition lorsqu'il s'agit d'utiliser un objet "high-tech", même pour la plus basique des opérations.
Il y a différents stades dans cette catégorie de parents que j'appellerai les bipolaires technologiques, partagés entre l'exaltation et le rejet de tous ces trucs "de ta génération".
De nos jours, la plupart des parents ont dépassé la phase de refus.
Phrase récurrente : "non mais de toute façon c'est pas pour moi c'est trucs-là".
Une légère variante de la phase 1 se rencontre chez les parents qui ont déjà des connaissances de base (ils ont eu un ordinateur il y a 30 ans) mais qui ont décroché pendant un temps et qui sont désormais persuadés que c'est trop compliqué pour eux. C'est le cas de ma maman, qui a toujours répété "je voudrais bien m'en servir mais vous avez jamais le temps de m'expliquer" alors qu'elle sait presque tout faire intuitivement une fois devant un écran.
L'an dernier, mon papa en était à la deuxième phase : il était intrigué, il avait envie de se lancer, se doutant bien que l'utilisation d'internet pouvait lui être utile, mais rapidement découragé par la moindre difficulté.
Signe caractéristique : le parent pose une question avant chaque action et utilise les mots "techniques" au mauvais moment. On note la confusion persistante des mots "fenêtre" et "site".
Phrase récurrente : "Bon allez je ferme le site." (à propos d'un document Word, en général)
Dialogue-type : "c'est bon, j'ai fini mon traitement de texte, je peux l'arrêter ?"
"Tu veux dire fermer la fenêtre ?"
"Oui"
"Il faut que tu enregistres avant."
"Ah oui ! Alors je clique sur la disquette ?"
"Oui, mais ça c'est pas la disquette, c'est l'imprimante, ça va imprimer ton document si tu cliques dessus."
"Ah mais tu crois que c'est simple mais moi j'y connais rien !"
Et puis brusquement, cette année, mes deux parents se sont mis à lire mon blog. Et en l'absence de leurs deux enfants, ils ont appris à se débrouiller tout seuls. C'est un peu comme les gamins qui se mettent à regarder des deux côtés avant de traverser uniquement quand y a plus personne pour leur tenir la main.
Maintenant ils ont tous les deux leur ordinateur et même s'ils n'ont pas encore le réflexe d'aller chercher sur google dès qu'ils rencontrent une difficulté du type "comment je change l'orientation de ma page sous OpenOffice ?" (oui ma maman travaille même avec des logiciels open source), ils savent désormais aller sur internet, écrire des mails et acheter des billets d'avion de façon autonome (ou presque). A force d'écrire des commentaires ici, mon père se sert non plus d'un mais de DEUX doigts pour taper sur son clavier.
Signe caractéristique : ils laissent des traces de leur passage partout, surtout sur les blogs de vos amis, si possible en disant des trucs gênants à caractère sexuel ou en écrivant votre nom complet.
Phrase récurrente : "Matthias en a parlé sur son blog."
Dialogue-type : "Allô Papa ? Tu vas bien ?"
"Oui très bien, je viens de laisser un commentaire sur le blog de Margaux !"
C'est là qu'on en vient à un tournant critique : le parent en veut toujours plus. Il a découvert qu'en fait il n'était pas plus con qu'un autre et il veut tout faire comme tout le monde.
Signe caractéristique pour ne pas dire symptomatique : il regarde avec envie votre nouveau portable tactile en murmurant "il serait peut-être temps que je remplace mon vieux téléphone pourri."
C'est là qu'il faut être vigilant.
Les parents, c'est comme les enfants, au début on s'émerveille de leurs progrès, on en est fier, on se dit que c'est grâce à nous tout ça. Et puis on finit par être dépassé, ils commencent à bougonner quand on veut faire un truc à leur place "rah mais laisse moi, je sais faire !" et un beau jour ils commencent à toucher à vos affaires.
Ce soir, alors qu'on dînait tranquillement, j'ai posé mon portable sur la table.
Mon père s'en est emparé en déclarant : "tiens je vais essayer le clavier coulissant, c'est ça qu'il me faudrait pour écrire des sms parce que c'est embêtant de devoir toujours changer entre le T9, sans le T9, avec majuscules, sans majuscules et tout."
Alors qu'il commençait à forcer pour ouvrir la bête, le Frère lui a montré comment faire sortir le clavier en le faisant coulisser délicatement vers la gauche.
"Et donc là on tape comme sur un clavier d'ordinateur !"
Joignant le geste à la parole, il pose le portable devant lui et commence à taper des mots avec ses deux index. Il cherche un peu comment faire un espace mais il comprend très vite comment il faut tenir une touche enfoncée tout en appuyant sur une autre pour faire un point d'exclamation.
Un peu étonnée de le voir écrire sans avoir galéré pour créer un nouveau message en se servant de l'écran tactile, je jette un oeil à l'écran et découvre que j'avais en fait laissé ouverte la boîte de réception et le dernier message reçu de Cham.
"Fais gaffe, tu réponds à Cham là."
Tout content, mon père me montre le contenu de son message en disant "ce serait plus simple si tout le monde s'appelait comme ça !". Il a écrit "Salut azertyuiop !"
Puis il reprend le portable et dit "et ça fait quoi si j'appuie sur "Envoi" ?"
Eh bien, bizarrement, ça envoie le message.
Le problème, quand les parents prennent trop confiance, c'est qu'ils agissent PENDANT qu'ils posent leur question, sans attendre la réponse.
Papa [étonné] : "Ah ben ça l'a envoyé !"
...
J'ai immédiatement confisqué l'objet et j'ai envoyé un message d'excuse et d'explication à Cham.
Si c'était mon fils, il se serait pris une claque et il aurait pu crever pour un nouveau portable (je serais un super méchante maman, c'est pour ça qu'il faut pas que j'aie d'enfants). Mais comme c'est mon papa (et que c'est lui qui paie), je serai faible et dès demain je lui achèterai sur internet son nouveau jouet avec clavier AZERTY coulissant.
Il y a différents stades dans cette catégorie de parents que j'appellerai les bipolaires technologiques, partagés entre l'exaltation et le rejet de tous ces trucs "de ta génération".
De nos jours, la plupart des parents ont dépassé la phase de refus.
Phrase récurrente : "non mais de toute façon c'est pas pour moi c'est trucs-là".
Une légère variante de la phase 1 se rencontre chez les parents qui ont déjà des connaissances de base (ils ont eu un ordinateur il y a 30 ans) mais qui ont décroché pendant un temps et qui sont désormais persuadés que c'est trop compliqué pour eux. C'est le cas de ma maman, qui a toujours répété "je voudrais bien m'en servir mais vous avez jamais le temps de m'expliquer" alors qu'elle sait presque tout faire intuitivement une fois devant un écran.
L'an dernier, mon papa en était à la deuxième phase : il était intrigué, il avait envie de se lancer, se doutant bien que l'utilisation d'internet pouvait lui être utile, mais rapidement découragé par la moindre difficulté.
Signe caractéristique : le parent pose une question avant chaque action et utilise les mots "techniques" au mauvais moment. On note la confusion persistante des mots "fenêtre" et "site".
Phrase récurrente : "Bon allez je ferme le site." (à propos d'un document Word, en général)
Dialogue-type : "c'est bon, j'ai fini mon traitement de texte, je peux l'arrêter ?"
"Tu veux dire fermer la fenêtre ?"
"Oui"
"Il faut que tu enregistres avant."
"Ah oui ! Alors je clique sur la disquette ?"
"Oui, mais ça c'est pas la disquette, c'est l'imprimante, ça va imprimer ton document si tu cliques dessus."
"Ah mais tu crois que c'est simple mais moi j'y connais rien !"
Et puis brusquement, cette année, mes deux parents se sont mis à lire mon blog. Et en l'absence de leurs deux enfants, ils ont appris à se débrouiller tout seuls. C'est un peu comme les gamins qui se mettent à regarder des deux côtés avant de traverser uniquement quand y a plus personne pour leur tenir la main.
Maintenant ils ont tous les deux leur ordinateur et même s'ils n'ont pas encore le réflexe d'aller chercher sur google dès qu'ils rencontrent une difficulté du type "comment je change l'orientation de ma page sous OpenOffice ?" (oui ma maman travaille même avec des logiciels open source), ils savent désormais aller sur internet, écrire des mails et acheter des billets d'avion de façon autonome (ou presque). A force d'écrire des commentaires ici, mon père se sert non plus d'un mais de DEUX doigts pour taper sur son clavier.
Signe caractéristique : ils laissent des traces de leur passage partout, surtout sur les blogs de vos amis, si possible en disant des trucs gênants à caractère sexuel ou en écrivant votre nom complet.
Phrase récurrente : "Matthias en a parlé sur son blog."
Dialogue-type : "Allô Papa ? Tu vas bien ?"
"Oui très bien, je viens de laisser un commentaire sur le blog de Margaux !"
C'est là qu'on en vient à un tournant critique : le parent en veut toujours plus. Il a découvert qu'en fait il n'était pas plus con qu'un autre et il veut tout faire comme tout le monde.
Signe caractéristique pour ne pas dire symptomatique : il regarde avec envie votre nouveau portable tactile en murmurant "il serait peut-être temps que je remplace mon vieux téléphone pourri."
C'est là qu'il faut être vigilant.
Les parents, c'est comme les enfants, au début on s'émerveille de leurs progrès, on en est fier, on se dit que c'est grâce à nous tout ça. Et puis on finit par être dépassé, ils commencent à bougonner quand on veut faire un truc à leur place "rah mais laisse moi, je sais faire !" et un beau jour ils commencent à toucher à vos affaires.
Ce soir, alors qu'on dînait tranquillement, j'ai posé mon portable sur la table.
Mon père s'en est emparé en déclarant : "tiens je vais essayer le clavier coulissant, c'est ça qu'il me faudrait pour écrire des sms parce que c'est embêtant de devoir toujours changer entre le T9, sans le T9, avec majuscules, sans majuscules et tout."
Alors qu'il commençait à forcer pour ouvrir la bête, le Frère lui a montré comment faire sortir le clavier en le faisant coulisser délicatement vers la gauche.
"Et donc là on tape comme sur un clavier d'ordinateur !"
Joignant le geste à la parole, il pose le portable devant lui et commence à taper des mots avec ses deux index. Il cherche un peu comment faire un espace mais il comprend très vite comment il faut tenir une touche enfoncée tout en appuyant sur une autre pour faire un point d'exclamation.
Un peu étonnée de le voir écrire sans avoir galéré pour créer un nouveau message en se servant de l'écran tactile, je jette un oeil à l'écran et découvre que j'avais en fait laissé ouverte la boîte de réception et le dernier message reçu de Cham.
"Fais gaffe, tu réponds à Cham là."
Tout content, mon père me montre le contenu de son message en disant "ce serait plus simple si tout le monde s'appelait comme ça !". Il a écrit "Salut azertyuiop !"
Puis il reprend le portable et dit "et ça fait quoi si j'appuie sur "Envoi" ?"
Eh bien, bizarrement, ça envoie le message.
Le problème, quand les parents prennent trop confiance, c'est qu'ils agissent PENDANT qu'ils posent leur question, sans attendre la réponse.
Papa [étonné] : "Ah ben ça l'a envoyé !"
...
J'ai immédiatement confisqué l'objet et j'ai envoyé un message d'excuse et d'explication à Cham.
Si c'était mon fils, il se serait pris une claque et il aurait pu crever pour un nouveau portable (je serais un super méchante maman, c'est pour ça qu'il faut pas que j'aie d'enfants). Mais comme c'est mon papa (et que c'est lui qui paie), je serai faible et dès demain je lui achèterai sur internet son nouveau jouet avec clavier AZERTY coulissant.
vendredi 20 mai 2011
Ohlala n°235 (Fukushima, Tchernobyl et les scanners abdominaux)
J'avais prévu de vous parler de sites marrants et puis j'ai eu une conversation très sérieuse avec Le Frère, on a dérivé des différences de positionnements politiques au sein d'un couple pour en arriver aux conséquences médicales de la catastrophe de Fukushima en France.
En faisant quelques recherches, on a donc découvert que le passage du nuage de Tchernobyl il y a 25 ans a représenté pour les Français un séjour de quelques semaines à la montagne. Ce qui confirme que le ski est un sport dangereux et qu'il y a une explication rationnelle au fait que les gens qui aiment vivre à la montagne ne sont pas tout à fait comme nous.
Sachez aussi que ceux qui vivent dans les villages pas très loin de Tchernobyl se prendront 14 millisieverts en 70 ans. Et qu'on en reçoit 12 en faisant un scanner abdominal. Je comprends mieux pourquoi le dentiste est pas resté dans la salle quand il m'a fait ma radio des dents de sagesse.
Histoire de détendre l'atmosphère, je vais quand même vous mettre les liens vers les sites marrants :
Il y a déjà celui-là, découvert il y a plusieurs mois : Pipotronic. Si vous manquez d'idées pour remplir un PowerPoint un jour, faites un tour là-bas et vous pourrez générer de merveilleuses phrases vides qui font bien dans ce genre de présentation.
Le site est en fait une opération très réussie de l'agence Ad Vitam, dont le site vaut à lui seul le détour : une fois dessus, cliquez sur le petit onglet à gauche "pimp my site" et... amusez-vous bien.
Dans la catégorie "customizable", j'ai découvert aujourd'hui deux autres sites (grâce à Inès, je sais pas si tu me lis parfois mais merci) :
- C'est la fête, un site qui se fout de la gueule du graphiste qui a créé l'affiche de la Fête de la Musique cette année. Il faut dire qu'il y a de quoi.
- Ties4cops, un site qui permet de se transformer en styliste de la police de New York (ties4cops = des cravates pour les flics) en mettant en scène la photo que tout le monde a vue ces derniers jours : DSK entouré de deux policiers aux cravates... joyeusement colorées. Comme je rentre à peine du pays du mauvais goût, je n'ai pas été excessivement choquée par le cliché quand je l'ai découvert mais sur Twitter ça a bien fait rigoler.
Et puis pour finir, un article de Slate.fr sur les fanatiques d'Apple : ce que j'ai toujours pensé se confirme, les gens qui vénèrent tous les produits Apple juste sous prétexte qu'ils sont des produits Apple manquent autant de discernement que les fanatiques religieux (et la comparaison serait presque méchante pour la religion quand on sait de quel aveuglement sont capable des disciples de Steve J.).
En faisant quelques recherches, on a donc découvert que le passage du nuage de Tchernobyl il y a 25 ans a représenté pour les Français un séjour de quelques semaines à la montagne. Ce qui confirme que le ski est un sport dangereux et qu'il y a une explication rationnelle au fait que les gens qui aiment vivre à la montagne ne sont pas tout à fait comme nous.
Sachez aussi que ceux qui vivent dans les villages pas très loin de Tchernobyl se prendront 14 millisieverts en 70 ans. Et qu'on en reçoit 12 en faisant un scanner abdominal. Je comprends mieux pourquoi le dentiste est pas resté dans la salle quand il m'a fait ma radio des dents de sagesse.
Histoire de détendre l'atmosphère, je vais quand même vous mettre les liens vers les sites marrants :
Il y a déjà celui-là, découvert il y a plusieurs mois : Pipotronic. Si vous manquez d'idées pour remplir un PowerPoint un jour, faites un tour là-bas et vous pourrez générer de merveilleuses phrases vides qui font bien dans ce genre de présentation.
Le site est en fait une opération très réussie de l'agence Ad Vitam, dont le site vaut à lui seul le détour : une fois dessus, cliquez sur le petit onglet à gauche "pimp my site" et... amusez-vous bien.
Dans la catégorie "customizable", j'ai découvert aujourd'hui deux autres sites (grâce à Inès, je sais pas si tu me lis parfois mais merci) :
- C'est la fête, un site qui se fout de la gueule du graphiste qui a créé l'affiche de la Fête de la Musique cette année. Il faut dire qu'il y a de quoi.
- Ties4cops, un site qui permet de se transformer en styliste de la police de New York (ties4cops = des cravates pour les flics) en mettant en scène la photo que tout le monde a vue ces derniers jours : DSK entouré de deux policiers aux cravates... joyeusement colorées. Comme je rentre à peine du pays du mauvais goût, je n'ai pas été excessivement choquée par le cliché quand je l'ai découvert mais sur Twitter ça a bien fait rigoler.
Et puis pour finir, un article de Slate.fr sur les fanatiques d'Apple : ce que j'ai toujours pensé se confirme, les gens qui vénèrent tous les produits Apple juste sous prétexte qu'ils sont des produits Apple manquent autant de discernement que les fanatiques religieux (et la comparaison serait presque méchante pour la religion quand on sait de quel aveuglement sont capable des disciples de Steve J.).
jeudi 19 mai 2011
Ohlala n°234 (Ο Γιώργος είναι συμπονετικός)
Cet été, on retourne en Grèce en famille, pour la première fois depuis des années. Alors je me suis remise au grec. Disons plutôt que j'ai recommencé depuis le début parce que j'ai appris quelques bases l'an dernier mais j'ai tout oublié. Certes, l'espagnol serait stratégiquement une langue plus "utile" et moins difficile à apprendre. Mais l'espagnol ne signifie rien de particulier pour moi, alors que le grec est symboliquement très fort pour moi.
Evidemment avec une langue pareille je ne risque pas de devenir bilingue un jour, mais je vais probablement être amenée à retourner régulièrement dans ce pays, alors autant essayer de se débrouiller dans cette langue. Il me semble impossible de connaître un pays sans parler la langue de ses habitants, si on s'en tient à l'anglais on reste toujours un étranger, dans le sens de "l'autre" et pas seulement dans le sens de celui qui vient d'un autre pays. Pour le coup, les Anglais ont été plus malins que nous puisqu'ils ont créé deux mots pour ces deux concepts : "stranger" pour celui qui vient de l'extérieur, avec tout ce que ça implique de différence et de méfiance, et "foreigner" qui signifie juste que tu viens d'un autre pays.
Tout ça pour dire que c'est le moment de faire plein de projets pour l'avenir. J'ai commencé à envoyer des candidatures pour trouver un travail le mois prochain. Il faut encore régler quelques petits détails comme le déballage final de mes valises (oui il reste toujours des trucs dans la + grosse) et l'envoi de mon appareil photo en SAV. Aucune nouvelle du double master.
Et au milieu de tout ça, il faut trouver du temps pour revoir tout le monde, ici et à Paris, prendre des nouvelles de ceux qui sont plus loin, envoyer enfin des lettres qui attendent depuis des mois voire des années d'être écrites.
On a vu pire comme obligations.
Evidemment avec une langue pareille je ne risque pas de devenir bilingue un jour, mais je vais probablement être amenée à retourner régulièrement dans ce pays, alors autant essayer de se débrouiller dans cette langue. Il me semble impossible de connaître un pays sans parler la langue de ses habitants, si on s'en tient à l'anglais on reste toujours un étranger, dans le sens de "l'autre" et pas seulement dans le sens de celui qui vient d'un autre pays. Pour le coup, les Anglais ont été plus malins que nous puisqu'ils ont créé deux mots pour ces deux concepts : "stranger" pour celui qui vient de l'extérieur, avec tout ce que ça implique de différence et de méfiance, et "foreigner" qui signifie juste que tu viens d'un autre pays.
Tout ça pour dire que c'est le moment de faire plein de projets pour l'avenir. J'ai commencé à envoyer des candidatures pour trouver un travail le mois prochain. Il faut encore régler quelques petits détails comme le déballage final de mes valises (oui il reste toujours des trucs dans la + grosse) et l'envoi de mon appareil photo en SAV. Aucune nouvelle du double master.
Et au milieu de tout ça, il faut trouver du temps pour revoir tout le monde, ici et à Paris, prendre des nouvelles de ceux qui sont plus loin, envoyer enfin des lettres qui attendent depuis des mois voire des années d'être écrites.
On a vu pire comme obligations.
mercredi 18 mai 2011
Ohlala n°233 (The Brother is back)
Voilà, la famille est au complet ! Le Frère est rentré ce soir de Paris et m'a raconté sa première année de petit padawan à ScPo. On s'est dit que maintenant qu'on a 19 et 20 ans, on va chez nos parents en vacances. Et qu'on n'aurait pas cru que ça arriverait un jour.
Le Frère a ajouté qu'un jour on aura des enfants et là pour le coup je trouvais la discussion beaucoup moins attendrissante. Je ne comprends toujours pas comment on peut avoir envie, pour de vrai, sincèrement, sans se dire "allez il est temps et puis c'est la preuve qu'on s'aime", d'avoir un bébé. D'être enceinte, d'avoir un animal qui bouge à l'intérieur du corps, de l'expulser en hurlant de douleur (et en se faisant découper "pour éviter que ça se déchire"), puis de ne plus dormir, de voir les gens s'extasier dessus, de lui consacrer sa vie. Un jour, ça viendra, je sais, on m'a prévenue. En attendant, je reste "la fille qui aime pas les enfants" et ça me va très bien.
En attendant, on écoute The Rip de Portishead.
En attendant, on parle pendant des heures, on regarde trois épisodes de Lost d'un coup, on dort dans la même chambre pour continuer la conversation, on se renverse la corbeille à pain plein de miettes sur la tête (enfin je lui renverse la corbeille sur sa tête).
Ce qui est bien, une fois qu'un petit frère grandit, c'est qu'il va plus se plaindre aux parents quand on l'embête, alors on peut l'embêter davantage et ça le fait rire. Et il finit par se venger, bien sûr.
mardi 17 mai 2011
Ohlala n°232 (O. City)
Il va falloir raconter cette journée de mémoire parce que j'ai perdu l'habitude de tout noter dans les brouillons de mon portable.
Cette journée était consacrée aux retrouvailles d'un TGL aux trois-quarts puisque Marinette la Trottinette était absente pour cause de dernier partiel. L'après-midi s'est donc déroulé en compagnie de Cham "les renards ça va dans les piscines" et de Nanou "mon petite camarade".
Après-midi qui s'est transformé en soirée au resto.
Mais avant ça, il y a eu :
Mon arrivée à la gare pour aller à O. City. Une heure avant le départ du train, parce que je me suis "un peu" plantée dans mes calculs d'horaires.
Un déjeuner sur l'herbe où j'ai tout pourri ma nouvelle tunique blanche en me vautrant sur le ventre.
La découverte de l'appart de Nanou avec un salon qui ne sert ni de chambre ni de cuisine, "ah ben pour 100 euros de + par mois, à Paris, t'as 10m² avec les chiottes sur le palier !"
La planification de la prochaine soirée :
Nanou : On fera des chamallow !
Cham : Moi à l'eau ?
Nanou : On mettra des minuteurs pour pas oublier de boire de l'eau !
Nanou (à moi) : T'as pris du poids non ? T'as l'air moins toute euh... fin t'es mieux comme ça. T'as l'air + en forme.
On a regardé des vidéos de Norman fait des vidéos.
On a écouté de la musique bien, de la musique "euh on peut changer, je sais pas ce que c'est ce truc mais je déteste !" et de la musique... (euh... musique ?) trop stylée : Colonel Reyel ("laisse-moi être celuiii qui partage ta viiiie") "c'est un vieux lover" "mais en fait il est moche non ?".
On a fredonné des "paroles" qui restent dans la tête, comme : "Dam dam dé oh ohohooooh".
On s'est rappelé nos souvenirs de jeunesse : le récit du tampon dans le train juste avant l'irruption de notre prof de latin. Le petit hippopotame de Cham.
On a croisé un enfant qui chantait "Dam dam dé oh ohohooooh" sur le quai de la gare. "C'est un peu le truc le plus horrible qui puisse exister pour Swan" "Ouais je vais rêver de lui pendu qui chante ça".
J'ai bu du chocolat blanc chaud.
J'ai fait la rencontre d'un chaton nommé Globule et découvert qu'il existe des carnets de santé pour chat.
J'ai tiré pour la première fois sur une cigarette. Verdict : c'est dégueu ça pique la gorge.
J'ai encore choisi la pizza 4 fromages au restaurant. Mais elle s'appelait "New York". Et elle était recouverte d'ingrédients introuvables aux Etats-Unis.
J'ai pris un coup de soleil sur le nez, en terrasse, à 20h30 (et peut-être un peu aussi pendant le déjeuner en plein soleil, je vous l'accorde).
JE KIFFE ETRE DE RETOUR EN FRANCE !
Cette journée était consacrée aux retrouvailles d'un TGL aux trois-quarts puisque Marinette la Trottinette était absente pour cause de dernier partiel. L'après-midi s'est donc déroulé en compagnie de Cham "les renards ça va dans les piscines" et de Nanou "mon petite camarade".
Après-midi qui s'est transformé en soirée au resto.
Mais avant ça, il y a eu :
Mon arrivée à la gare pour aller à O. City. Une heure avant le départ du train, parce que je me suis "un peu" plantée dans mes calculs d'horaires.
Un déjeuner sur l'herbe où j'ai tout pourri ma nouvelle tunique blanche en me vautrant sur le ventre.
La découverte de l'appart de Nanou avec un salon qui ne sert ni de chambre ni de cuisine, "ah ben pour 100 euros de + par mois, à Paris, t'as 10m² avec les chiottes sur le palier !"
La planification de la prochaine soirée :
Nanou : On fera des chamallow !
Cham : Moi à l'eau ?
Nanou : On mettra des minuteurs pour pas oublier de boire de l'eau !
Nanou (à moi) : T'as pris du poids non ? T'as l'air moins toute euh... fin t'es mieux comme ça. T'as l'air + en forme.
On a regardé des vidéos de Norman fait des vidéos.
On a écouté de la musique bien, de la musique "euh on peut changer, je sais pas ce que c'est ce truc mais je déteste !" et de la musique... (euh... musique ?) trop stylée : Colonel Reyel ("laisse-moi être celuiii qui partage ta viiiie") "c'est un vieux lover" "mais en fait il est moche non ?".
On a fredonné des "paroles" qui restent dans la tête, comme : "Dam dam dé oh ohohooooh".
On s'est rappelé nos souvenirs de jeunesse : le récit du tampon dans le train juste avant l'irruption de notre prof de latin. Le petit hippopotame de Cham.
On a croisé un enfant qui chantait "Dam dam dé oh ohohooooh" sur le quai de la gare. "C'est un peu le truc le plus horrible qui puisse exister pour Swan" "Ouais je vais rêver de lui pendu qui chante ça".
J'ai bu du chocolat blanc chaud.
J'ai fait la rencontre d'un chaton nommé Globule et découvert qu'il existe des carnets de santé pour chat.
J'ai tiré pour la première fois sur une cigarette. Verdict : c'est dégueu ça pique la gorge.
J'ai encore choisi la pizza 4 fromages au restaurant. Mais elle s'appelait "New York". Et elle était recouverte d'ingrédients introuvables aux Etats-Unis.
J'ai pris un coup de soleil sur le nez, en terrasse, à 20h30 (et peut-être un peu aussi pendant le déjeuner en plein soleil, je vous l'accorde).
JE KIFFE ETRE DE RETOUR EN FRANCE !
lundi 16 mai 2011
Ohlala n°231 (To throw away)
Si vous saviez tout ce que j'ai pu jeter en farfouillant dans mes vieilles affaires !
Et encore, je ne me suis pas encore attaquée aux vêtements, que je ne vais pas jeter mais donner.
Avant de déballer mes valises, j'ai décidé de faire de la place pour leur contenu dans mes étagères.
J'ai quand même balancé des crèmes pour le visage ouvertes quand j'étais... en 4ème. Je me demande comment j'ai pu les garder aussi longtemps, sans jamais y toucher, sans jamais me dire qu'il était peut-être temps de m'en séparer.
Il y a aussi des flacons de vernis à ongle secs et des pinces à cheveux dont le ressort était cassé qui ont rejoint leurs amies les crèmes au fond de la poubelle. Ces trucs étaient inutilisables depuis au moins ma 1ère année à ScPo, je le savais et je les ai gardés. De là à en déduire que j'ai un peu de mal à me séparer des choses, il n'y a qu'un pas.
Oui, mais la nouvelle Swan est arrivée ! Il n'y a eu aucune pitié pour les colliers inutiles. Disons les colliers cassés. Les autres bon je les garde au cas où je changerais de goûts brutalement, on sait jamais.
C'est ma cousine qui va être contente de récupérer plein de boucles d'oreille hideuses (elle a 7 ans, on trouve tous les bijoux jolis quand on a 7 ans).
C'est drôle de se replonger comme ça dans mes vieilles affaires, rien n'a bougé depuis la terminale parce que je n'ai presque plus passé de longues périodes dans cette chambre alors je m'y arrêtais comme dans la chambre de quelqu'un d'autre avant de repartir ailleurs, sans avoir rien touché. J'ai retrouvé mes papiers d'inscription au bac, des dissert et même la pochette remplie des autocollants que je conserve sans les utiliser depuis que j'ai 6 ans.
Tout est resté intact pendant les 3 dernières années.
C'est étonnant comme c'est plus facile de faire un tri et de décider si quelque chose me servira encore ou pas désormais, alors que j'en ai été incapable pendant les trois années précédentes. J'imagine que ça semble normal, mais ça n'était pas gagné d'avance, étant donné que je suis quand même toujours très indécise. Par contre, ce qui a changé, c'est que j'ai un rapport moins compliqué, moins angoissé au passé et à l'avenir.
Savoir davantage où je vais, et surtout avoir compris que rien ne se passe jamais comme prévu mais que je suis capable de retomber sur mes pattes, ça rend plus facile les prises de décision. Reste maintenant à mettre ce nouveau superpouvoir en pratique et à faire un tri sérieux dans le reste de mes affaires.
Et encore, je ne me suis pas encore attaquée aux vêtements, que je ne vais pas jeter mais donner.
Avant de déballer mes valises, j'ai décidé de faire de la place pour leur contenu dans mes étagères.
J'ai quand même balancé des crèmes pour le visage ouvertes quand j'étais... en 4ème. Je me demande comment j'ai pu les garder aussi longtemps, sans jamais y toucher, sans jamais me dire qu'il était peut-être temps de m'en séparer.
Il y a aussi des flacons de vernis à ongle secs et des pinces à cheveux dont le ressort était cassé qui ont rejoint leurs amies les crèmes au fond de la poubelle. Ces trucs étaient inutilisables depuis au moins ma 1ère année à ScPo, je le savais et je les ai gardés. De là à en déduire que j'ai un peu de mal à me séparer des choses, il n'y a qu'un pas.
Oui, mais la nouvelle Swan est arrivée ! Il n'y a eu aucune pitié pour les colliers inutiles. Disons les colliers cassés. Les autres bon je les garde au cas où je changerais de goûts brutalement, on sait jamais.
C'est ma cousine qui va être contente de récupérer plein de boucles d'oreille hideuses (elle a 7 ans, on trouve tous les bijoux jolis quand on a 7 ans).
C'est drôle de se replonger comme ça dans mes vieilles affaires, rien n'a bougé depuis la terminale parce que je n'ai presque plus passé de longues périodes dans cette chambre alors je m'y arrêtais comme dans la chambre de quelqu'un d'autre avant de repartir ailleurs, sans avoir rien touché. J'ai retrouvé mes papiers d'inscription au bac, des dissert et même la pochette remplie des autocollants que je conserve sans les utiliser depuis que j'ai 6 ans.
Tout est resté intact pendant les 3 dernières années.
C'est étonnant comme c'est plus facile de faire un tri et de décider si quelque chose me servira encore ou pas désormais, alors que j'en ai été incapable pendant les trois années précédentes. J'imagine que ça semble normal, mais ça n'était pas gagné d'avance, étant donné que je suis quand même toujours très indécise. Par contre, ce qui a changé, c'est que j'ai un rapport moins compliqué, moins angoissé au passé et à l'avenir.
Savoir davantage où je vais, et surtout avoir compris que rien ne se passe jamais comme prévu mais que je suis capable de retomber sur mes pattes, ça rend plus facile les prises de décision. Reste maintenant à mettre ce nouveau superpouvoir en pratique et à faire un tri sérieux dans le reste de mes affaires.
dimanche 15 mai 2011
Ohlala n°230 (Internship report fail)
Aujourd'hui c'était le dernier pour jour renvoyer les rapports de stage. Pas de panique, j'ai dit les rapports de stage, pas les rapports de séjour, donc pour mes lecteurs qui ont passé un an en université, vous avez encore 48h pour terminer le récit palpitant et critique de votre 3A.
Pour une raison mystérieuse et histoire de bien semer le trouble en nos esprits, les dates pour rendre nos rapports diffèrent en fonction de notre occupation de l'année, il faut visiblement un peu plus de temps pour rendre compte de ses 12h de cours par semaine que pour décrire une expérience enrichissante qui suscite maturité et sens des responsabilités chez ceux qui la vivent.
Ou alors, ceux qui ont fixé la date pour rendre les rapports de séjour sont juste un tout petit peu plus malins que ceux qui ont décidé qu'il nous fallait renvoyer nos rapports de stage pour le 15 mai à minuit.
En effet, le 15 mai tombait aujourd'hui et, rappelons-le, c'était dimanche.
Rappelons également que les locaux de ScPo Avenir (siège du "pôle emploi" de scpo, qui gère les stage, c'est-à-dire qui met une semaine à imprimer les conventions de stage remplies en ligne et qui... euh... met à disposition des rapports de stage imprimés. Et c'est à peu près tout) ferment le vendredi midi.
Ce qui signifie qu'à peu près la totalité de ma grosse centaine de camarades stagiaires a renvoyé son rapport à une adresse mail qui n'a pas été ouverte depuis vendredi midi.
Bizarrement, quand j'ai envoyé le mien à minuit moins cinq, j'ai reçu un message d'erreur annonçant que la boîte était pleine et ne pouvait plus recevoir d'autres messages.
Je voudrais donc que vous ayez une pensée pour tous les petits stagiaires à travers le monde qui ne savent pas lire les messages "undelivered message returned to sender", qui ont donc cru qu'ils faisaient une erreur en tapant l'adresse de la destinataire et qui vont passer leur nuit à tenter d'envoyer ce document en craignant que l'on refuse de valider leur année pour un malheureux petit mail pas envoyé.
Pour ma part, je vais dormir paisiblement et je tenterai de renvoyer le fameux document demain vers 11h, parce qu'il va falloir plusieurs heures à C. S. pour vider sa boîte mail demain matin.
Pour une raison mystérieuse et histoire de bien semer le trouble en nos esprits, les dates pour rendre nos rapports diffèrent en fonction de notre occupation de l'année, il faut visiblement un peu plus de temps pour rendre compte de ses 12h de cours par semaine que pour décrire une expérience enrichissante qui suscite maturité et sens des responsabilités chez ceux qui la vivent.
Ou alors, ceux qui ont fixé la date pour rendre les rapports de séjour sont juste un tout petit peu plus malins que ceux qui ont décidé qu'il nous fallait renvoyer nos rapports de stage pour le 15 mai à minuit.
En effet, le 15 mai tombait aujourd'hui et, rappelons-le, c'était dimanche.
Rappelons également que les locaux de ScPo Avenir (siège du "pôle emploi" de scpo, qui gère les stage, c'est-à-dire qui met une semaine à imprimer les conventions de stage remplies en ligne et qui... euh... met à disposition des rapports de stage imprimés. Et c'est à peu près tout) ferment le vendredi midi.
Ce qui signifie qu'à peu près la totalité de ma grosse centaine de camarades stagiaires a renvoyé son rapport à une adresse mail qui n'a pas été ouverte depuis vendredi midi.
Bizarrement, quand j'ai envoyé le mien à minuit moins cinq, j'ai reçu un message d'erreur annonçant que la boîte était pleine et ne pouvait plus recevoir d'autres messages.
Je voudrais donc que vous ayez une pensée pour tous les petits stagiaires à travers le monde qui ne savent pas lire les messages "undelivered message returned to sender", qui ont donc cru qu'ils faisaient une erreur en tapant l'adresse de la destinataire et qui vont passer leur nuit à tenter d'envoyer ce document en craignant que l'on refuse de valider leur année pour un malheureux petit mail pas envoyé.
Pour ma part, je vais dormir paisiblement et je tenterai de renvoyer le fameux document demain vers 11h, parce qu'il va falloir plusieurs heures à C. S. pour vider sa boîte mail demain matin.
samedi 14 mai 2011
Ohlala n°229 (Are you happy to be back?)
T'es contente d'être rentrée ?
On sera tous obligés de répondre à cette question, si ça n'a pas déjà été le cas, dans les semaines et mois qui viennent.
Ma famille m'a bien sûr posé la question ce soir.
Et je peux dire que oui, je suis vraiment contente, sans bémol.
Cette année était une année à part, comme on nous l'avait promis.
A part dans notre vie parce qu'elle représente une chance rare de se prendre en main, d'apprendre beaucoup et de se connaître mieux.
Mais aussi "à part" parce qu'on quitte sa vie pendant un moment pour en refaire une ailleurs. On reste à part de la vie des autres, même de ceux dont on prend des nouvelles, parce que le simple fait de dire "bon je te laisse faut que je prépare le dîner" "ok ben ici on va avoir un bel aprèm donc je vais sortir me promener" ça donne l'impression de vivre dans des mondes parallèles. On entre en communication avec notre planète d'origine mais on est à part dans un autre morceau de galaxie - et on y est seul, même quand on y a rencontré de nouvelles personnes, parce que ces gens resteront toujours des noms sans relief pour ceux de notre vie d'avant.
Ceux qu'on a laissés en France ne nous voient que comme un morceau de leur propre univers qui s'est éloigné temporairement du noyau, ils ne partageront jamais notre nouvel univers et il est impossible de ramener cette nouvelle vie avec soi quand on rentre. Certains en souffrent, pour eux rentrer revient à abandonner un nouveau départ prometteur et être confronté à sa négation par ceux de la "vie d'avant". D'où l'impression de revenir en arrière : on avait commencé quelque chose, fait des projets, créé des liens, puis soudain on retrouve tout ce qu'on avait laissé, intact mais pas tout à fait, comme si en plus d'avoir "perdu" ce qui s'était développé au cours des mois précédents, on avait aussi été tenu à l'écart de la vie qu'on retrouve.
C'est finalement ce que je m'attendais à vivre. Je redoutais un peu l'effet "chat qui s'est pris une voiture" que je n'aurais pas senti venir avant de rentrer.
Alors je suis un peu étonnée, bien que très contente, d'être aussi heureuse.
Impossible d'affirmer avec assurance que la vie à New York ne me manque pas du tout, parce que je suis à peine remise du décalage horaire.
Pourtant, il y a déjà quelque chose dont je suis sûre, c'est que je me sens bien dans cette reprise de l'ancienne vie. D'ailleurs, je n'ai pas l'impression que c'est l'ancienne vie. J'ai l'impression que c'est la suite de celle que je viens de quitter. Rien n'a disparu, j'ai retrouvé des choses qui me manquaient mais je n'ai pas perdu celles que j'ai découvertes. J'ai changé et je n'ai aucun mal à être celle que je suis devenue dans "l'ancien" environnement.
Dès que j'aurai fini mon rapport de stage (il me reste 22h), je commencerai à déballer mes valises et à trier mes vieilles affaires pour me débarrasser enfin de ce que j'ai gardé depuis le lycée en n'osant rien changer. Avant de partir, j'avais l'impression que ma chambre était devenue un objet figé de mon adolescence. En fait, je n'assumais pas le fait d'avoir changé au cours des années précédentes, j'étais contente de cette évolution mais je n'arrivais pas à savoir si elle était positive ou négative. Maintenant, je sais davantage vers où ScPo m'emmène et ce que je suis capable de faire par moi-même. Je me sens plus à ma place dans cette chambre qu'avant de partir, étrangement.
Dès lundi, je m'arrangerai pour revoir enfin tous les gens importants dans ma vie pour savoir si eux aussi, ils sont heureux.
Ah, et si vous voulez savoir comment je suis venue à bout de mes cousins, sachez que les batailles d'oreillers sont toujours très appréciées par les jeunes d'aujourd'hui et que c'est une activité incroyablement efficace pour vider rapidement leurs réserves d'énergie.
On sera tous obligés de répondre à cette question, si ça n'a pas déjà été le cas, dans les semaines et mois qui viennent.
Ma famille m'a bien sûr posé la question ce soir.
Et je peux dire que oui, je suis vraiment contente, sans bémol.
Cette année était une année à part, comme on nous l'avait promis.
A part dans notre vie parce qu'elle représente une chance rare de se prendre en main, d'apprendre beaucoup et de se connaître mieux.
Mais aussi "à part" parce qu'on quitte sa vie pendant un moment pour en refaire une ailleurs. On reste à part de la vie des autres, même de ceux dont on prend des nouvelles, parce que le simple fait de dire "bon je te laisse faut que je prépare le dîner" "ok ben ici on va avoir un bel aprèm donc je vais sortir me promener" ça donne l'impression de vivre dans des mondes parallèles. On entre en communication avec notre planète d'origine mais on est à part dans un autre morceau de galaxie - et on y est seul, même quand on y a rencontré de nouvelles personnes, parce que ces gens resteront toujours des noms sans relief pour ceux de notre vie d'avant.
Ceux qu'on a laissés en France ne nous voient que comme un morceau de leur propre univers qui s'est éloigné temporairement du noyau, ils ne partageront jamais notre nouvel univers et il est impossible de ramener cette nouvelle vie avec soi quand on rentre. Certains en souffrent, pour eux rentrer revient à abandonner un nouveau départ prometteur et être confronté à sa négation par ceux de la "vie d'avant". D'où l'impression de revenir en arrière : on avait commencé quelque chose, fait des projets, créé des liens, puis soudain on retrouve tout ce qu'on avait laissé, intact mais pas tout à fait, comme si en plus d'avoir "perdu" ce qui s'était développé au cours des mois précédents, on avait aussi été tenu à l'écart de la vie qu'on retrouve.
C'est finalement ce que je m'attendais à vivre. Je redoutais un peu l'effet "chat qui s'est pris une voiture" que je n'aurais pas senti venir avant de rentrer.
Alors je suis un peu étonnée, bien que très contente, d'être aussi heureuse.
Impossible d'affirmer avec assurance que la vie à New York ne me manque pas du tout, parce que je suis à peine remise du décalage horaire.
Pourtant, il y a déjà quelque chose dont je suis sûre, c'est que je me sens bien dans cette reprise de l'ancienne vie. D'ailleurs, je n'ai pas l'impression que c'est l'ancienne vie. J'ai l'impression que c'est la suite de celle que je viens de quitter. Rien n'a disparu, j'ai retrouvé des choses qui me manquaient mais je n'ai pas perdu celles que j'ai découvertes. J'ai changé et je n'ai aucun mal à être celle que je suis devenue dans "l'ancien" environnement.
Dès que j'aurai fini mon rapport de stage (il me reste 22h), je commencerai à déballer mes valises et à trier mes vieilles affaires pour me débarrasser enfin de ce que j'ai gardé depuis le lycée en n'osant rien changer. Avant de partir, j'avais l'impression que ma chambre était devenue un objet figé de mon adolescence. En fait, je n'assumais pas le fait d'avoir changé au cours des années précédentes, j'étais contente de cette évolution mais je n'arrivais pas à savoir si elle était positive ou négative. Maintenant, je sais davantage vers où ScPo m'emmène et ce que je suis capable de faire par moi-même. Je me sens plus à ma place dans cette chambre qu'avant de partir, étrangement.
Dès lundi, je m'arrangerai pour revoir enfin tous les gens importants dans ma vie pour savoir si eux aussi, ils sont heureux.
Ah, et si vous voulez savoir comment je suis venue à bout de mes cousins, sachez que les batailles d'oreillers sont toujours très appréciées par les jeunes d'aujourd'hui et que c'est une activité incroyablement efficace pour vider rapidement leurs réserves d'énergie.
vendredi 13 mai 2011
Ohlala n°228 (This is not the end, but thank you for everything)
Non, je ne vous abandonne pas. Hier j'ai passé 3h à essayer de me connecter, ou plutôt j'ai régulièrement tenté ma chance pendant 3h mais Blogger était en maintenance, j'ai donc dû renoncer à mon article du jour. Et ce matin, j'avais oublié ce que je voulais vous raconter.
Il faut dire que mon sommeil est d'une qualité médiocre en ce moment :
- 4h la veille du départ
- 2h pendant le trajet en avion + 5 minutes pile au moment où on allait toucher le sol français, "allez tiens ça fait 10h que tu es en voyage, profite donc du moment le plus émouvant pour t'assoupir"
- 2 fois 15 minutes dans le train vers Tours
- 11h entre 3h30 et 14h30 le soir de mon retour
- 3h cette nuit, entre 6h et 9h, ensuite j'ai dû me lever parce que je voulais accompagner ma maman pour faire les courses, histoire de pouvoir m'acheter plein de BOUFFE FRANCAISE.
Donc là je vais tenter, je dis bien tenter, de faire un article un peu bref, histoire de m'effondrer rapidement et de me lever à 9h demain sans que mon portable ne doive tintinnabuler 3 fois avant que j'émerge (j'adore le mot tintinnabuler, je l'ai appris en CE2).
Tout d'abord, je tiens à vous dire que je suis fort fort heureuse d'avoir tenu ce blog cette année, sans (presque) jamais faire défaut à ma résolution de publication quotidienne. J'en suis fort heureuse non pas parce que j'aime écrire, même si c'est vrai. Non j'en suis heureuse parce que ce blog va devenir un coffret à souvenirs, pas très bien rangé mais rempli de détails que je veux pouvoir retrouver plus tard.
Mais bien plus que l'aspect historique (oui oui, historique, d'un point de vue d'auto-historienne de ma vie d'ici quelques années), c'est l'aspect lecteurs qui me fait tout chaud au coeur.
Je profite de ce pas du tout dernier article pour vous dire à quel point tous vos commentaires - il y en a plus de mille, ce n'est pas une blague - m'ont fait plaisir. Vous avez été des lecteurs formidables, drôles, intelligents, toujours pertinents, chaleureux, présents, patients, je crois que je vais m'arrêter là pour les adjectifs parce que sinon je vais ouvrir mon Petit Larousse (je reste fidèle au Larousse malgré toutes les critiques et la préférence marquée pour Le Robert - ou Les Roberts... - de mon désormais fameux professeur d'Histoire-Géographie) et je vais recopier tous les adjectifs qui pourraient vous qualifier... or j'ai dit que je serai brève.
En commentant jour après jour mes articles, vous avez raconté à votre tour des petits morceaux de vous et je suis ravie d'avoir rencontré virtuellement tant de gens - ainsi que d'avoir gardé contact avec ceux que je connaissais déjà. Vous avez été ma vie sociale pendant 9 mois. Maintenant, le bébé est là, c'est ce blog, et c'est un peu votre enfant à vous aussi.
J'aurais voulu mieux rédiger ce blog pour que ce soit chaque fois un réel plaisir pour vous de lire la forme autant que le contenu. Mais la troisième année se prêtait mieux aux récits qui partent dans tous les sens, il y avait trop à en dire pour que ce soit bien organisé. Tant pis. Mon prochain blog, lui, devrait être plus soigné et je vous donnerai l'adresse dès qu'il aura un aspect définitif.
Ah, j'allais oublier : je remercie aussi mes lecteurs silencieux. Mes parents m'ont appris hier soir l'existence de l'une d'entre vous, une maman d'ami de lycée qui a aussi été mon professeur (le taux de profs qui fréquentent cet endroit avoisine celui des possesseurs de catalogue Camif - super private joke de membres de l'Education nationale d'avant la crise financière). Etant donné le nombre de visites que je reçois (et même si Margaux occupe à elle seule - probablement avec sa famille - 10% du trafic grâce au lien de son blog vers le mien), je me doute que bon nombre d'entre vous sont restés silencieux et ce n'est pas grave, chacun sa façon de lire, les commentaires sont loin d'être une obligation. Même si vous ne vous êtes jamais manifesté, merci de m'avoir lue et d'avoir fait exploser mes stats d'avril sans que je comprenne pourquoi.
C'est un plaisir d'écrire ici et comme prévu je ne vais pas m'arrêter tout de suite. Je crois que le retour et la réinsertion dans la vie "normale" fait partie de la 3ème année à l'étranger.
Et en terme de retour à la réalité, la journée de demain va envoyer du pâté puisque ce sera déjeuner avec ma grand-mère paternelle puis soirée chez mon oncle avec mes deux cousins, une de mes tantes et ma grand-mère maternelle - qui est la meilleure des grand-mères et qui, si elle n'a pas internet, n'en a pas moins utilisé ses stylos, son papier et ses jolis timbres (mais pas ses jolies cartes car "j'en trouve plus de belles cartes à la librairie, elles sont toutes moches") pour me donner régulièrement de ses nouvelles avec sa jolie écriture penchée.
Bien sûr, je vous raconterai très vite comment j'ai échappé aux supplications diaboliques de mes cousins pour que je vienne jouer avec eux - les paquets de chocolat Willy Wonka devraient rapidement gonfler leurs estomacs et les placer dans une douce torpeur libératrice.
Il faut dire que mon sommeil est d'une qualité médiocre en ce moment :
- 4h la veille du départ
- 2h pendant le trajet en avion + 5 minutes pile au moment où on allait toucher le sol français, "allez tiens ça fait 10h que tu es en voyage, profite donc du moment le plus émouvant pour t'assoupir"
- 2 fois 15 minutes dans le train vers Tours
- 11h entre 3h30 et 14h30 le soir de mon retour
- 3h cette nuit, entre 6h et 9h, ensuite j'ai dû me lever parce que je voulais accompagner ma maman pour faire les courses, histoire de pouvoir m'acheter plein de BOUFFE FRANCAISE.
Donc là je vais tenter, je dis bien tenter, de faire un article un peu bref, histoire de m'effondrer rapidement et de me lever à 9h demain sans que mon portable ne doive tintinnabuler 3 fois avant que j'émerge (j'adore le mot tintinnabuler, je l'ai appris en CE2).
Tout d'abord, je tiens à vous dire que je suis fort fort heureuse d'avoir tenu ce blog cette année, sans (presque) jamais faire défaut à ma résolution de publication quotidienne. J'en suis fort heureuse non pas parce que j'aime écrire, même si c'est vrai. Non j'en suis heureuse parce que ce blog va devenir un coffret à souvenirs, pas très bien rangé mais rempli de détails que je veux pouvoir retrouver plus tard.
Mais bien plus que l'aspect historique (oui oui, historique, d'un point de vue d'auto-historienne de ma vie d'ici quelques années), c'est l'aspect lecteurs qui me fait tout chaud au coeur.
Je profite de ce pas du tout dernier article pour vous dire à quel point tous vos commentaires - il y en a plus de mille, ce n'est pas une blague - m'ont fait plaisir. Vous avez été des lecteurs formidables, drôles, intelligents, toujours pertinents, chaleureux, présents, patients, je crois que je vais m'arrêter là pour les adjectifs parce que sinon je vais ouvrir mon Petit Larousse (je reste fidèle au Larousse malgré toutes les critiques et la préférence marquée pour Le Robert - ou Les Roberts... - de mon désormais fameux professeur d'Histoire-Géographie) et je vais recopier tous les adjectifs qui pourraient vous qualifier... or j'ai dit que je serai brève.
En commentant jour après jour mes articles, vous avez raconté à votre tour des petits morceaux de vous et je suis ravie d'avoir rencontré virtuellement tant de gens - ainsi que d'avoir gardé contact avec ceux que je connaissais déjà. Vous avez été ma vie sociale pendant 9 mois. Maintenant, le bébé est là, c'est ce blog, et c'est un peu votre enfant à vous aussi.
J'aurais voulu mieux rédiger ce blog pour que ce soit chaque fois un réel plaisir pour vous de lire la forme autant que le contenu. Mais la troisième année se prêtait mieux aux récits qui partent dans tous les sens, il y avait trop à en dire pour que ce soit bien organisé. Tant pis. Mon prochain blog, lui, devrait être plus soigné et je vous donnerai l'adresse dès qu'il aura un aspect définitif.
Ah, j'allais oublier : je remercie aussi mes lecteurs silencieux. Mes parents m'ont appris hier soir l'existence de l'une d'entre vous, une maman d'ami de lycée qui a aussi été mon professeur (le taux de profs qui fréquentent cet endroit avoisine celui des possesseurs de catalogue Camif - super private joke de membres de l'Education nationale d'avant la crise financière). Etant donné le nombre de visites que je reçois (et même si Margaux occupe à elle seule - probablement avec sa famille - 10% du trafic grâce au lien de son blog vers le mien), je me doute que bon nombre d'entre vous sont restés silencieux et ce n'est pas grave, chacun sa façon de lire, les commentaires sont loin d'être une obligation. Même si vous ne vous êtes jamais manifesté, merci de m'avoir lue et d'avoir fait exploser mes stats d'avril sans que je comprenne pourquoi.
C'est un plaisir d'écrire ici et comme prévu je ne vais pas m'arrêter tout de suite. Je crois que le retour et la réinsertion dans la vie "normale" fait partie de la 3ème année à l'étranger.
Et en terme de retour à la réalité, la journée de demain va envoyer du pâté puisque ce sera déjeuner avec ma grand-mère paternelle puis soirée chez mon oncle avec mes deux cousins, une de mes tantes et ma grand-mère maternelle - qui est la meilleure des grand-mères et qui, si elle n'a pas internet, n'en a pas moins utilisé ses stylos, son papier et ses jolis timbres (mais pas ses jolies cartes car "j'en trouve plus de belles cartes à la librairie, elles sont toutes moches") pour me donner régulièrement de ses nouvelles avec sa jolie écriture penchée.
Bien sûr, je vous raconterai très vite comment j'ai échappé aux supplications diaboliques de mes cousins pour que je vienne jouer avec eux - les paquets de chocolat Willy Wonka devraient rapidement gonfler leurs estomacs et les placer dans une douce torpeur libératrice.
mercredi 11 mai 2011
Ohlala n°227 (Island is the new black)
Depuis que j'ai dit que je suis passée par l'Islande pour rentrer en France, tout le monde s'extasie sur ce pays comme si c'était un pays trop génial que tout le monde veut voir.
Faudrait savoir, y a quelques mois c'étaient les Etats-Unis "haaaan c'est mon rêve d'aller à New Yooork ! Tu m'emmènes dans ta valise ?". Vous voulez aller partout où je vais en fait, c'est ça ?
En fait j'y suis passée mais pas vraiment, ce fut une relation brève mais intense - une heure de crapahutage dans LE terminal de LE aéroport islandais.
Force est de constater que si on ferme les yeux sur les conditions climatiques, ce pays a l'air très cool à visiter. Conditions climatiques qui ne me semblent ceci dit guère plus mauvaises que celles de l'Ecosse - dans l'avion ils prétendaient que la température maximale moyenne en juillet c'est 14°C, en me fondant sur mes préjugés j'aurais divisé le nombre par 7 donc d'un coup ça me semble un endroit riant au climat doux. On pourrait aussi dire "océanique". J'aime bien cette expression, "climat océanique", c'est une jolie litote pour "gros temps de merde, pluie 6 jours sur 7".
Vous déduisez des lignes précédentes que j'ai réussi à choper mon vol new-yorkais hier et que je suis RENTREE EN FRAAAAANCE ! Ce soir, j'ai mangé du fromage.
Joie. Allégresse. Tout ça.
C'est super bizarre de rentrer en France.
En fait j'ai l'impression d'être en vacances.
Pas vacances dans le sens "ayé j'ai plus de travail avant septembre", parce que ça c'est pas une impression c'est la REALITE uhuhuh.
Mais là je parle de vacances dans le sens "je prends un avion, je viens voir mes parents et RJF, on rigole bien et puis j'y retourne".
Je regarde ma valise et je me dis "putain, en fait là c'est pour de vrai, je suis rentrée, la 3A est finie, je retourne plus à New York, je peux rester en France ce coup-là". Et ça pourrait me rendre toute chose. Mais ça me rend juste euphorique.
Alors que l'avion dépassait les côtes anglaises et que le pilote annonçait avec un accent islandais rigolo qu'on atterrirait 30 minutes + tard (ouais, on était au-dessus de l'Angleterre et 30 minutes après pouf on était posés à Paris, j'arrive toujours pas à y croire), je me suis mise à fixer la Manche (pour les gens qui se demanderaient pourquoi je fixe mes vêtements, sachez que c'est le nom de l'eau entre l'Angleterre et la France, en fait) et un étrange sentiment de possessivité m'a envahie. Je me suis mise à songer "c'est chez moi, c'est la mer qui touche mon pays, et là c'est la côté de mon pays, et là c'est les champs de mon pays, c'est beau, il est beau mon pays, oh on voit des camions tout petits qui roulent sur les routes, c'est les routes de mon pays, putain c'est beau !".
Tout me semble empreint d'un charme typiquement français, j'ai l'impression de regarder les bâtiments comme une touriste qui apprécie le style architectural (oui même celui de la zone commerciale à côté de chez mes parents) et en même temps chaque chose semble chantonner "Oui je fais partie de ton identité, chacun de mes atomes est une partie de toi". Non, les bâtiments ne font pas de rimes, mais déjà ils chantent, je trouve que c'est impressionnant, vous êtes un peu durs.
Ceci dit, le retour n'a pas été super marrant. Enfin d'un point de vue interne. De loin ça devait être hilarant.
Je transportais une valise de 24kg - à roulettes, certes, mais avec une poignée rectangulaire... que l'homme qui a songé à faire une poignée rectangulaire se dénonce puis saute d'une falaise, pourquoi pas incorporer des lames de rasoir et l'enrober de fil barbelé ?
Mais je transportais aussi un "bagage à main" d'une bonne quinzaine de kilos (estimation à la douleur de mes courbatures des membres supérieurs ce soir).
Et puis mon "sac à main" qui est loin d'être un sac à préservatif (vous savez les pochettes de 2cm sur 4 que certaines filles portent autour de l'épaule comme si c'étaient des sacs et comme si ça pouvait contenir autre chose que l'article susmentionné) et ce gros sac ne pouvait tout simplement plus fermer.
Et aussi un parapluie géant qui ne logeait pas dans ma valise.
Donc en gros c'est comme si je me déplaçais avec l'équivalent du poids de moi-même réparti dans plusieurs endroits du corps - des endroits qui font mal quand on appuie beaucoup dessus, comme toute partie du corps en fait, par exemple les épaules.
Ce qui est cocasse quand vous vous déplacez avec 4 bagages, c'est que la nature ne vous a doté que de deux bras (voire moins si vous n'êtes pas très chanceux). Donc vous trouvez de subtils subterfuges d'empilement de choses et ça se casse subtilement la gueule régulièrement. Disons qu'après avoir descendu les deux étages de mon building, j'étais déjà à bout de forces - surtout que je portais un gilet en cachemire et mon manteau d'hiver parce que plus de place pour les caser dans les bagages et évidemment c'est ce jour-là qu'il s'est mis à faire 25°C.
Mais le meilleur épisode, c'était à l'aéroport Charles de Gaulle. Quand j'ai pris un escalator. Et que j'ai commis L'ERREUR.
J'ai fait passer ma grosse valise à roulette AVANT moi. Donc elle s'est retrouvée une marche + haute que moi. Pas très pratique de l'incliner délicatement et de la pousser vers l'avant quand on a le nez au niveau des roulettes (j'exagère si je veux, c'est pour un effet de dramatisation de la situation). D'autant moins facile que j'avais un sac de 15kg qui me défonçait l'épaule du bras qui tentait le combo inclinaison+poussée.
Evidemment, les roulettes de la valise se sont bloquées dans le tapis roulant.
Si tu te trouves DEVANT ta valise, si les roulettes se bloquent, dans un joli effet de balancier tu peux déporter ton poids dans le sens inverse de la valise et la tirer d'un coup sec pour la débloquer.
Mais si tu es derrière et que des sacs cisaillent chacune de tes épaules, tu ne peux pas te pencher en sens inverse et effectuer une poussée, parce que ça ferait des dominos avec tous les gens derrière toi. Ce qui n'est pas très gentil. Marrant hein. Mais pas gentil. Donc on fait pas.
MAIS ALORS QUE S'EST-IL PASSE ?
Eh ben les roulettes ont continué de bloquer. Et j'étais sur la marche juste derrière donc je suis arrivée plutôt vite au point de blocage. Dans ce genre de situation, il y a des gens qui savent tout de suite ce qu'il faudrait faire. Et puis il y a des gens qui ne savent pas. Je vais vous dire ce que j'ai fait et puis vous me rangerez dans la catégorie appropriée.
J'ai dit "oh non je suis désolée".
Voilà.
En fait je suis la fille qui, le jour où on lui dit "attention, un piano est en train de tomber par cette fenêtre et tu te trouves juste en-dessous, reste immobile et dit "c'est trop bête de mourir comme ça".
Etrangement, mon action n'a pas suffit à résoudre le problème et l'escalator a continué d'escalater. Donc mes pieds ont buté dans la valise, qui a refusé de bouger. Donc le tapis a glissé sous mes pieds bloqués par la valise bloquée. Donc j'ai été déséquilibrée et je suis tombée sur la valise, entraînée par mes deux sacs d'épaule et mon parapluie-bâton magique sans pouvoir. Là je me suis dit qu'il était temps d'agir avec mes muscles inférieurs, parce que mes muscles faciaux étaient impuissants. Donc avant de m'écraser tel un excrément qui tombe de haut, j'ai soulevé un peton et j'ai fait un grand pas en avant pour enjamber la valise. Bon, ça n'a pas trop marché parce que j'étais déjà inclinée à 45° et ma valise fait un mètre de haut mais en m'appuyant aussi un peu avec mes mains j'ai atteint le sol de l'autre côté de la valise farceuse.
Toi aussi, joue à saute-mouton avec ta valise quand il y a des gens derrière sur l'escalator.
EUH.
Des gens derrière ?
Han ben oui dis donc !
C'est donc de leurs bouches qu'émanent ces petits cris !
Les gens ont commencé à faire comme moi mais avec moins de réactivité, c'est-à-dire qu'ils s'entassaient derrière la valise-pute en vacillant et en émettant des sons surpris.
C'est fou, en fait, moi qui adore imaginer des scénarios catastrophe ou "ce qui se passe quand ce truc déconne", j'avais jamais songé au coup de l'élément perturbateur en haut de l'escalator. Et visiblement, les gens qui étaient derrière moi non plus, ou alors ils n'avaient pas trouvé de solution au problème lors de leur réflexion.
Je vous raconte tout ça au ralenti donc vous devez avoir l'impression que ça dure des heures mais en fait depuis le "oh non désolée" il n'y a que 4 marches qui ont atteint le bout de l'escalator. C'est encore un effet de style, appelons-le un ralenti, c'est un peu comme au ciné dans les films d'action vois-tu, pour mieux laisser le spectateur juger du caractère dramatique de la scène.
N'écoutant que mon courage - et libérée des deux brassards qui avaient fui en glissant sournoisement le long de mes bras puis sur le sol - j'ai fait volte-face pour affronter cette connasse de valise, je l'ai chopée par la poignée, je l'ai tirée de toutes mes frêles forces en poussant un cri de défense jusqu'à ce qu'elle cède - non sans meurtrir mes phalanges avec son attaque de la poignée rectangulaire.
Pour info, le cri de défense, c'était "OHLALA JE SUIS DESOLEE JE SUIS DESOLEE"
Voilà, j'avais vaincu.
Entre temps une dame était à moitié tombée sur ma valise et puis derrière ça chahutait ferme, d'autant que les gens vraiment derrière ne pouvaient pas voir ce qu'il se passait en haut puisqu'ils étaient trop bas, ils entendaient juste des cris. J'espère qu'ils ont cru qu'il y avait une attaque terroriste ou un autre truc marrant du genre.
Ensuite le flux en haut de l'escalator est rapidement redevenu fluide et il n'y avait plus trace de l'évènement, mis à part mes effets personnels éparpillés au sol. Les gens qui arrivaient en haut de l'escalator regardaient mes valises avec un air étonné, comme quand on essaie de voir s'il y a des blessés en passant près d'un accident de voiture - fin moi je regarde jamais mais je suis sûre que vous le faites, bande de badauds).
Finalement, j'ai remis tous mes bagages à leur place inconfortable sur mon corps et j'ai continué mon chemin jusqu'à la gare SNCF.
Ce soir, j'ai mal aux bras, aux jambes (je ressemble à un cosmonaute sur la Lune quand j'essaie de marcher), aux épaules, au dos, aux orteils, aux articulations des doigts et j'ai des bleus partout sur les jambes.
Mais je suis en France. Avec mes parents. Et les chats. Et du fromage.
Faudrait savoir, y a quelques mois c'étaient les Etats-Unis "haaaan c'est mon rêve d'aller à New Yooork ! Tu m'emmènes dans ta valise ?". Vous voulez aller partout où je vais en fait, c'est ça ?
En fait j'y suis passée mais pas vraiment, ce fut une relation brève mais intense - une heure de crapahutage dans LE terminal de LE aéroport islandais.
Force est de constater que si on ferme les yeux sur les conditions climatiques, ce pays a l'air très cool à visiter. Conditions climatiques qui ne me semblent ceci dit guère plus mauvaises que celles de l'Ecosse - dans l'avion ils prétendaient que la température maximale moyenne en juillet c'est 14°C, en me fondant sur mes préjugés j'aurais divisé le nombre par 7 donc d'un coup ça me semble un endroit riant au climat doux. On pourrait aussi dire "océanique". J'aime bien cette expression, "climat océanique", c'est une jolie litote pour "gros temps de merde, pluie 6 jours sur 7".
Vous déduisez des lignes précédentes que j'ai réussi à choper mon vol new-yorkais hier et que je suis RENTREE EN FRAAAAANCE ! Ce soir, j'ai mangé du fromage.
Joie. Allégresse. Tout ça.
C'est super bizarre de rentrer en France.
En fait j'ai l'impression d'être en vacances.
Pas vacances dans le sens "ayé j'ai plus de travail avant septembre", parce que ça c'est pas une impression c'est la REALITE uhuhuh.
Mais là je parle de vacances dans le sens "je prends un avion, je viens voir mes parents et RJF, on rigole bien et puis j'y retourne".
Je regarde ma valise et je me dis "putain, en fait là c'est pour de vrai, je suis rentrée, la 3A est finie, je retourne plus à New York, je peux rester en France ce coup-là". Et ça pourrait me rendre toute chose. Mais ça me rend juste euphorique.
Alors que l'avion dépassait les côtes anglaises et que le pilote annonçait avec un accent islandais rigolo qu'on atterrirait 30 minutes + tard (ouais, on était au-dessus de l'Angleterre et 30 minutes après pouf on était posés à Paris, j'arrive toujours pas à y croire), je me suis mise à fixer la Manche (pour les gens qui se demanderaient pourquoi je fixe mes vêtements, sachez que c'est le nom de l'eau entre l'Angleterre et la France, en fait) et un étrange sentiment de possessivité m'a envahie. Je me suis mise à songer "c'est chez moi, c'est la mer qui touche mon pays, et là c'est la côté de mon pays, et là c'est les champs de mon pays, c'est beau, il est beau mon pays, oh on voit des camions tout petits qui roulent sur les routes, c'est les routes de mon pays, putain c'est beau !".
Tout me semble empreint d'un charme typiquement français, j'ai l'impression de regarder les bâtiments comme une touriste qui apprécie le style architectural (oui même celui de la zone commerciale à côté de chez mes parents) et en même temps chaque chose semble chantonner "Oui je fais partie de ton identité, chacun de mes atomes est une partie de toi". Non, les bâtiments ne font pas de rimes, mais déjà ils chantent, je trouve que c'est impressionnant, vous êtes un peu durs.
Ceci dit, le retour n'a pas été super marrant. Enfin d'un point de vue interne. De loin ça devait être hilarant.
Je transportais une valise de 24kg - à roulettes, certes, mais avec une poignée rectangulaire... que l'homme qui a songé à faire une poignée rectangulaire se dénonce puis saute d'une falaise, pourquoi pas incorporer des lames de rasoir et l'enrober de fil barbelé ?
Mais je transportais aussi un "bagage à main" d'une bonne quinzaine de kilos (estimation à la douleur de mes courbatures des membres supérieurs ce soir).
Et puis mon "sac à main" qui est loin d'être un sac à préservatif (vous savez les pochettes de 2cm sur 4 que certaines filles portent autour de l'épaule comme si c'étaient des sacs et comme si ça pouvait contenir autre chose que l'article susmentionné) et ce gros sac ne pouvait tout simplement plus fermer.
Et aussi un parapluie géant qui ne logeait pas dans ma valise.
Donc en gros c'est comme si je me déplaçais avec l'équivalent du poids de moi-même réparti dans plusieurs endroits du corps - des endroits qui font mal quand on appuie beaucoup dessus, comme toute partie du corps en fait, par exemple les épaules.
Ce qui est cocasse quand vous vous déplacez avec 4 bagages, c'est que la nature ne vous a doté que de deux bras (voire moins si vous n'êtes pas très chanceux). Donc vous trouvez de subtils subterfuges d'empilement de choses et ça se casse subtilement la gueule régulièrement. Disons qu'après avoir descendu les deux étages de mon building, j'étais déjà à bout de forces - surtout que je portais un gilet en cachemire et mon manteau d'hiver parce que plus de place pour les caser dans les bagages et évidemment c'est ce jour-là qu'il s'est mis à faire 25°C.
Mais le meilleur épisode, c'était à l'aéroport Charles de Gaulle. Quand j'ai pris un escalator. Et que j'ai commis L'ERREUR.
J'ai fait passer ma grosse valise à roulette AVANT moi. Donc elle s'est retrouvée une marche + haute que moi. Pas très pratique de l'incliner délicatement et de la pousser vers l'avant quand on a le nez au niveau des roulettes (j'exagère si je veux, c'est pour un effet de dramatisation de la situation). D'autant moins facile que j'avais un sac de 15kg qui me défonçait l'épaule du bras qui tentait le combo inclinaison+poussée.
Evidemment, les roulettes de la valise se sont bloquées dans le tapis roulant.
Si tu te trouves DEVANT ta valise, si les roulettes se bloquent, dans un joli effet de balancier tu peux déporter ton poids dans le sens inverse de la valise et la tirer d'un coup sec pour la débloquer.
Mais si tu es derrière et que des sacs cisaillent chacune de tes épaules, tu ne peux pas te pencher en sens inverse et effectuer une poussée, parce que ça ferait des dominos avec tous les gens derrière toi. Ce qui n'est pas très gentil. Marrant hein. Mais pas gentil. Donc on fait pas.
MAIS ALORS QUE S'EST-IL PASSE ?
Eh ben les roulettes ont continué de bloquer. Et j'étais sur la marche juste derrière donc je suis arrivée plutôt vite au point de blocage. Dans ce genre de situation, il y a des gens qui savent tout de suite ce qu'il faudrait faire. Et puis il y a des gens qui ne savent pas. Je vais vous dire ce que j'ai fait et puis vous me rangerez dans la catégorie appropriée.
J'ai dit "oh non je suis désolée".
Voilà.
En fait je suis la fille qui, le jour où on lui dit "attention, un piano est en train de tomber par cette fenêtre et tu te trouves juste en-dessous, reste immobile et dit "c'est trop bête de mourir comme ça".
Etrangement, mon action n'a pas suffit à résoudre le problème et l'escalator a continué d'escalater. Donc mes pieds ont buté dans la valise, qui a refusé de bouger. Donc le tapis a glissé sous mes pieds bloqués par la valise bloquée. Donc j'ai été déséquilibrée et je suis tombée sur la valise, entraînée par mes deux sacs d'épaule et mon parapluie-bâton magique sans pouvoir. Là je me suis dit qu'il était temps d'agir avec mes muscles inférieurs, parce que mes muscles faciaux étaient impuissants. Donc avant de m'écraser tel un excrément qui tombe de haut, j'ai soulevé un peton et j'ai fait un grand pas en avant pour enjamber la valise. Bon, ça n'a pas trop marché parce que j'étais déjà inclinée à 45° et ma valise fait un mètre de haut mais en m'appuyant aussi un peu avec mes mains j'ai atteint le sol de l'autre côté de la valise farceuse.
Toi aussi, joue à saute-mouton avec ta valise quand il y a des gens derrière sur l'escalator.
EUH.
Des gens derrière ?
Han ben oui dis donc !
C'est donc de leurs bouches qu'émanent ces petits cris !
Les gens ont commencé à faire comme moi mais avec moins de réactivité, c'est-à-dire qu'ils s'entassaient derrière la valise-pute en vacillant et en émettant des sons surpris.
C'est fou, en fait, moi qui adore imaginer des scénarios catastrophe ou "ce qui se passe quand ce truc déconne", j'avais jamais songé au coup de l'élément perturbateur en haut de l'escalator. Et visiblement, les gens qui étaient derrière moi non plus, ou alors ils n'avaient pas trouvé de solution au problème lors de leur réflexion.
Je vous raconte tout ça au ralenti donc vous devez avoir l'impression que ça dure des heures mais en fait depuis le "oh non désolée" il n'y a que 4 marches qui ont atteint le bout de l'escalator. C'est encore un effet de style, appelons-le un ralenti, c'est un peu comme au ciné dans les films d'action vois-tu, pour mieux laisser le spectateur juger du caractère dramatique de la scène.
N'écoutant que mon courage - et libérée des deux brassards qui avaient fui en glissant sournoisement le long de mes bras puis sur le sol - j'ai fait volte-face pour affronter cette connasse de valise, je l'ai chopée par la poignée, je l'ai tirée de toutes mes frêles forces en poussant un cri de défense jusqu'à ce qu'elle cède - non sans meurtrir mes phalanges avec son attaque de la poignée rectangulaire.
Pour info, le cri de défense, c'était "OHLALA JE SUIS DESOLEE JE SUIS DESOLEE"
Voilà, j'avais vaincu.
Entre temps une dame était à moitié tombée sur ma valise et puis derrière ça chahutait ferme, d'autant que les gens vraiment derrière ne pouvaient pas voir ce qu'il se passait en haut puisqu'ils étaient trop bas, ils entendaient juste des cris. J'espère qu'ils ont cru qu'il y avait une attaque terroriste ou un autre truc marrant du genre.
Ensuite le flux en haut de l'escalator est rapidement redevenu fluide et il n'y avait plus trace de l'évènement, mis à part mes effets personnels éparpillés au sol. Les gens qui arrivaient en haut de l'escalator regardaient mes valises avec un air étonné, comme quand on essaie de voir s'il y a des blessés en passant près d'un accident de voiture - fin moi je regarde jamais mais je suis sûre que vous le faites, bande de badauds).
Finalement, j'ai remis tous mes bagages à leur place inconfortable sur mon corps et j'ai continué mon chemin jusqu'à la gare SNCF.
Ce soir, j'ai mal aux bras, aux jambes (je ressemble à un cosmonaute sur la Lune quand j'essaie de marcher), aux épaules, au dos, aux orteils, aux articulations des doigts et j'ai des bleus partout sur les jambes.
Mais je suis en France. Avec mes parents. Et les chats. Et du fromage.
mardi 10 mai 2011
Ohlala n°226 (H-24 : saying goodbye)
Je suis retournée voir la statue de la liberté depuis Battery Park.
J'ai marché jusqu'à Ground Zero, les nouvelles tours s'élèvent de plus en plus haut, j'ai découvert - il y a toujours quelque chose à découvrir dans cette ville - qu'il y avait un local qui commémorait les attaques et présentait le projet du futur mémorial. Maintenant, je sais que quand ils disent "les fondations des piscines sont désormais clairement visibles" sur les panneaux qui entourent le chantier, ça désigne les deux piscines/fontaines qui ont été construites à la place des anciennes fondations des tours jumelles. Il y aura de l'eau qui coulera le long des parois de ces piscines et les noms des 3000 personnes qui sont mortes dans l'attentat seront gravés dans du bronze tout autour du bord des piscines.
Je suis allée une dernière fois au shelter pour dire au revoir à tout le monde. L'autre jour je vous avais parlé de K., une des résidentes que j'aimais bien. Elle s'est lissé les cheveux, elle les a teints en noir, elle porte des faux cils, un soutif push-up et un collier en chaîne dorée. Je l'ai à peine reconnue, en fait j'ai mis plusieurs minutes à être sûre que c'était elle. Alors qu'elle avait l'air cool et originale, elle ressemble à n'importe quelle pouffe américaine. Je me dis que tous ces changements sont une façon de se donner confiance et de s'intégrer aux autres filles de son âge qui ne vivent pas dans la rue et qui ont les moyens de se faire lisser les cheveux chez le coiffeur, mais bon, j'aimais quand même mieux la K. d'avant.
J'ai déjeuné avec Molly, on a parlé de plein de choses, c'était vraiment sympa, tout ça en mangeant des onion rings et un cheeseburger avec un vrai steak saignant (difficile à obtenir aux USA, ils les font toujours un peu trop cuire, mais celui-là était parfait).
J'ai aussi marché un peu sur Broadway, mais c'est vraiment pas là qu'il y a les choses les plus intéressantes à voir.- à moins qu'on considère que les cartes postales à 1$ les 10 et les cubes de cristal avec la statue de la liberté gravée à l'intérieur, ce soit intéressant.
Et puis ce soir, valise !
Elle n'est pas terminée mais c'est en bonne voie et apparemment, joie, tout va tenir dans ma grande valise + mon bagage à main.
Demain, dernière visite : The Botanic Garden of Brooklyn! Puis un dernier Starbucks avec Magda. Et il sera temps de partir pour l'aéroport ! Je ne suis pas sûre de pouvoir prendre le temps de publier un article avant.
Départ prévu (à moins qu'un tyrannosaure rose débarque ou que les inondations du sud montent brutalement vers le nord) à 20h35.
Arrivée le lendemain en France à 13h05.
J'ai marché jusqu'à Ground Zero, les nouvelles tours s'élèvent de plus en plus haut, j'ai découvert - il y a toujours quelque chose à découvrir dans cette ville - qu'il y avait un local qui commémorait les attaques et présentait le projet du futur mémorial. Maintenant, je sais que quand ils disent "les fondations des piscines sont désormais clairement visibles" sur les panneaux qui entourent le chantier, ça désigne les deux piscines/fontaines qui ont été construites à la place des anciennes fondations des tours jumelles. Il y aura de l'eau qui coulera le long des parois de ces piscines et les noms des 3000 personnes qui sont mortes dans l'attentat seront gravés dans du bronze tout autour du bord des piscines.
Je suis allée une dernière fois au shelter pour dire au revoir à tout le monde. L'autre jour je vous avais parlé de K., une des résidentes que j'aimais bien. Elle s'est lissé les cheveux, elle les a teints en noir, elle porte des faux cils, un soutif push-up et un collier en chaîne dorée. Je l'ai à peine reconnue, en fait j'ai mis plusieurs minutes à être sûre que c'était elle. Alors qu'elle avait l'air cool et originale, elle ressemble à n'importe quelle pouffe américaine. Je me dis que tous ces changements sont une façon de se donner confiance et de s'intégrer aux autres filles de son âge qui ne vivent pas dans la rue et qui ont les moyens de se faire lisser les cheveux chez le coiffeur, mais bon, j'aimais quand même mieux la K. d'avant.
J'ai déjeuné avec Molly, on a parlé de plein de choses, c'était vraiment sympa, tout ça en mangeant des onion rings et un cheeseburger avec un vrai steak saignant (difficile à obtenir aux USA, ils les font toujours un peu trop cuire, mais celui-là était parfait).
J'ai aussi marché un peu sur Broadway, mais c'est vraiment pas là qu'il y a les choses les plus intéressantes à voir.- à moins qu'on considère que les cartes postales à 1$ les 10 et les cubes de cristal avec la statue de la liberté gravée à l'intérieur, ce soit intéressant.
Et puis ce soir, valise !
Elle n'est pas terminée mais c'est en bonne voie et apparemment, joie, tout va tenir dans ma grande valise + mon bagage à main.
Demain, dernière visite : The Botanic Garden of Brooklyn! Puis un dernier Starbucks avec Magda. Et il sera temps de partir pour l'aéroport ! Je ne suis pas sûre de pouvoir prendre le temps de publier un article avant.
Départ prévu (à moins qu'un tyrannosaure rose débarque ou que les inondations du sud montent brutalement vers le nord) à 20h35.
Arrivée le lendemain en France à 13h05.
lundi 9 mai 2011
Ohlala n°225 (Sunday)
Si on fait bien attention, "sunday", ça veut dire "jour du soleil". Eh ben c'est faux. Il fait un temps tout pourri à New York. Tout le monde couine en se plaignant de la chaleur insupportable en France mais moi je veux bien partager hein.
Bon ça ne vaut pas les 6°C qui régnaient sur Toronto le jour de notre visite (le 3 mai, oui oui, au mois de mai) mais passer une journée entière sans plusieurs heures de temps très couvert avec un vent à décorner les chèvres, c'est presque impossible.
Enfin bon, je suis bien conscience qu'il y a des choses autrement + graves dans la vie.
Comme d'habitude, ce dimanche a été canapé-friendly, autrement dit mon postérieur est resté installé sur mon canapé jaune moutarde depuis 9h ce matin.
Ceci dit, je n'ai pas été inactive (mentalement) puisque je me suis offert une petite séance de rattrapage du côté de l'actualité internationale. J'avais aussi prévu de commencer mon rapport de stage, ce que j'ai fait d'une certaine manière puisque j'ai créé le document Word et que je lui ai donné un titre.
Demain, valise !
Et une fois que tout ce qui ne m'est plus indispensable pour les dernières 24 heures sera emballé, j'irai faire un tour dans New York en suivant un parcours improvisé au fur et à mesure, histoire de me promener une dernière fois dans la cité du "tout est possible".
Chose étrange, ce qui va peut-être le plus me manquer, c'est quelque chose que je n'aurai connu que pour un temps réduit : les locaux de MSF. J'ai tellement adoré l'ambiance incroyable de cet endroit, c'était encore mieux que tout ce que j'avais imaginé. Les gens y sont encore plus chaleureux que tous les gens chaleureux que j'ai rencontrés aux USA (et pourtant c'est un peu le principal trait de caractère de la population ici) et on baigne dans une atmosphère enthousiasmante de sérieux et de passion.
S'il y a bien un endroit où je voudrais travailler, c'est là-bas. Je me demande si l'état d'esprit est le même au siège français. J'avais été très impressionnée par l'endroit quand j'y étais allée l'an dernier mais j'avais été assez mal à l'aise. En même temps j'y allais pour un entretien en visioconférence et en anglais et je n'y suis restée qu'une heure.
Bon ce n'est évidemment pas le seul endroit qui m'a marquée, mais c'est celui où je me suis le plus sentie à ma place, alors même que je n'étais que bénévole.
Mon appart me manquera peut-être un peu aussi. J'ai commencé aujourd'hui à regarder les studios sur Paris, VK m'a dit que les loyers ont encore augmenté de 18% en un an. Ce sera difficile de retrouver un endroit aussi calme et accessible dans Paris. Par contre, ce qui est sûr, c'est que le lit gonflable ne me manquera pas. Mais puisque je suis encore là pour deux nuits et qu'il faut profiter de ces deux derniers jours sans se lever à 11h, je file le rejoindre !
Bon ça ne vaut pas les 6°C qui régnaient sur Toronto le jour de notre visite (le 3 mai, oui oui, au mois de mai) mais passer une journée entière sans plusieurs heures de temps très couvert avec un vent à décorner les chèvres, c'est presque impossible.
Enfin bon, je suis bien conscience qu'il y a des choses autrement + graves dans la vie.
Comme d'habitude, ce dimanche a été canapé-friendly, autrement dit mon postérieur est resté installé sur mon canapé jaune moutarde depuis 9h ce matin.
Ceci dit, je n'ai pas été inactive (mentalement) puisque je me suis offert une petite séance de rattrapage du côté de l'actualité internationale. J'avais aussi prévu de commencer mon rapport de stage, ce que j'ai fait d'une certaine manière puisque j'ai créé le document Word et que je lui ai donné un titre.
Demain, valise !
Et une fois que tout ce qui ne m'est plus indispensable pour les dernières 24 heures sera emballé, j'irai faire un tour dans New York en suivant un parcours improvisé au fur et à mesure, histoire de me promener une dernière fois dans la cité du "tout est possible".
Chose étrange, ce qui va peut-être le plus me manquer, c'est quelque chose que je n'aurai connu que pour un temps réduit : les locaux de MSF. J'ai tellement adoré l'ambiance incroyable de cet endroit, c'était encore mieux que tout ce que j'avais imaginé. Les gens y sont encore plus chaleureux que tous les gens chaleureux que j'ai rencontrés aux USA (et pourtant c'est un peu le principal trait de caractère de la population ici) et on baigne dans une atmosphère enthousiasmante de sérieux et de passion.
S'il y a bien un endroit où je voudrais travailler, c'est là-bas. Je me demande si l'état d'esprit est le même au siège français. J'avais été très impressionnée par l'endroit quand j'y étais allée l'an dernier mais j'avais été assez mal à l'aise. En même temps j'y allais pour un entretien en visioconférence et en anglais et je n'y suis restée qu'une heure.
Bon ce n'est évidemment pas le seul endroit qui m'a marquée, mais c'est celui où je me suis le plus sentie à ma place, alors même que je n'étais que bénévole.
Mon appart me manquera peut-être un peu aussi. J'ai commencé aujourd'hui à regarder les studios sur Paris, VK m'a dit que les loyers ont encore augmenté de 18% en un an. Ce sera difficile de retrouver un endroit aussi calme et accessible dans Paris. Par contre, ce qui est sûr, c'est que le lit gonflable ne me manquera pas. Mais puisque je suis encore là pour deux nuits et qu'il faut profiter de ces deux derniers jours sans se lever à 11h, je file le rejoindre !
dimanche 8 mai 2011
Ohlala n°224 (Last days in the USA)
Boston
Niagara Falls
Je pourrais vous en mettre des tartines parce que j'ai pris énormément de photos cette semaine - jusqu'à ce que mon Canon G10 soit bousillé par une stupide bouteille d'eau mal refermée. Ce sera probablement irréparable puisque les SAV répondent systématiquement "ah ben nan c'est cassé on peut pas réparer, il faut en racheter un". Fuck.
Toujours est-il que je ne mettrai probablement pas davantage de photos sur ce blog - à moins que vous ayez vraiment très très envie de voir des photos d'écureuil qui grignotent dans des arbres, qui courent dans des arbres, qui courent sur le sol, qui sont pétrifiés en face d'un humain blond qui leur tend une cigarette, etc.
Par contre je vais recommencer à écrire tous les jours, c'est promis.
C'est difficile de résumer tout ce qu'on a fait cette semaine en un seul article.
Disons que je n'avais jamais mangé aussi souvent au restaurant de ma vie et que je n'avais jamais dépensé aussi vite mon argent. Mais ça en valait largement la peine.
On a mangé chinois, afro-américain, thaï, américain, éthiopien, indien, français et j'en oublie sûrement.
Le restaurant le plus fou était de loin le restaurant indien de l'East Village, Panna II, où on a eu droit à une formule spéciale "parce que vous êtes mes premiers clients aujourd'hui" (en fait on a été les seuls ce midi-là). Au programme, soupe de noix de coco, "ananas poori" (de l'ananas dans un pain/galette rôti si j'ai bien compris, en tout cas c'était trooop bon) "c'est marrant t'as pris de l'ananas pourri", sauces qui piquent beaucoup, sauces qui piquent moins, plat de riz avec plusieurs viandes assaisonné de pois, de noix de coco et de grains de raisins, du paiiiin trop bon (je suis gravement en manque de pain, je n'en peux PLUS du pain de mie et du pain "italien") mais surtout SURTOUT une musique très forte tout droit venue des pires ululements bollywoodiens que vous puissiez imaginer et une déco... "rutilante". Puisque je n'ai pas de photos de l'endroit, je vous laisse jeter un oeil à la galerie de photos de leur site.
Le resto éthiopien de Boston était cool quoiqu'un peu cher, on a mangé notre poulet et nos légumes avec les mains en déchirant des morceaux de notre "assiette" en pain, le tout assis sur des chaises en bois sombre et très dur dans une ambiance tamisée.
Mais on n'a pas fait que manger !
Par exemple, ce matin, après un petit brunch en compagnie de FZ et A. dans Lower East Side, on est allés se promener dans le Chelsea Flea Market, une brocante abritée dans un immense garage sur deux étages. Entre les robes de grand-mère, les vieux appareils photos déglingués, les montres anciennes et les bijoux en plastique, on pouvait trouver des trucs sympas comme des albums photo remplis d'inconnus, des statuettes pornographiques chinoises, un écureuil empaillé et des objets nazis.
Et après le départ de RJF, je suis retournée au Brooklyn Museum puisque c'était le premier samedi du mois et que l'entrée était donc gratuite toute la soirée. J'ai pu voir des salles qui étaient fermées la fois précédente, notamment à l'étage des arts décoratifs : il y a plusieurs maisons américaines typiques du XVIIe au XIXe siècle dont le mobilier est entièrement reconstitué, on peut même entrer dans le hall des maisons pour jeter un oeil dans chaque pièce.
Bien sûr j'ai revu la table triangulaire avec tous les noms des femmes influentes à travers l'histoire.
Et puis il y avait des concerts gratuits, la dernière fois j'avais réussi à les éviter mais là il y en avait à plusieurs étages. Je n'ai pas trop compris l'intérêt de faire un concert dans un endroit qui n'est acoustiquement pas du tout prévu pour ça - si ce n'est que ça fait hype. Impossible de comprendre un traître mot de ce que les gens criaient dans le micro, même quand ils parlaient au lieu de chanter, et l'écho était si fort qu'en fait, à part les basses, on ne distinguait pas grand chose parmi la bouillie sonore qui emplissait les salles.
Mais bon, je pourrai dire que j'ai assisté - de loin - à des concerts de nuit dans le Brooklyn Museum, c'est la classe.
En rentrant, l'appartement semblait infiniment grand et silencieux. J'ai déjà commencé ma valise dans ma tête. La 3A touche à sa fin pour tout le monde, les gens annoncent tour à tour leurs dates de retour. Dans 3 jours, je serai dans l'avion. On verra bien si moi aussi, finalement, je me sens "comme un chat qui s'est pris une voiture" après quelques jours. Mais je crois que je serai plutôt comme un chat qui retrouve ses autres copains chats pour aller faire des glissades dans les gouttières.
mardi 3 mai 2011
Ohlala n°223 (Niagara Falls, Toronto and Ben Laden)
Nouvelle absence due au fait que j'ai trop de choses à vivre pour prendre le temps de les raconter.
C'est un peu le paradoxe de l'écriture, si on s'y consacre trop on a moins de choses à raconter et quand on vit beaucoup de choses on n'arrive plus à prendre le temps d'en garder des traces.
Hier, dans l'avion qui nous emmenait du soleil radieux vers le brouillard dégueu (de Boston à Buffalo donc), le nombre de passagers qui regardaient les news à la place des pubs pour les brosses qui nettoient les pieds jusqu'entre les orteils était inhabituellement élevé. Les images tournaient en boucle sur toutes les chaînes d'information : Barack Obama, Oussama Ben Laden, des gens qui pleurent en parlant du 11 septembre et qui se réjouissent de la mort d'un homme en affirmant que la "justice des hommes" a parlé. On avait appris la nouvelle quelques heures plus tôt, au matin, sans avoir rien remarqué la veille.
Je n'ai pas le temps de disserter sur le sujet, le bus pour New York part dans quelques minutes.
De Buffalo, on est allés à Niagara Falls. Et on a décidé de modifier nos plans et de partir le lendemain pour Toronto au lieu de passer notre journée dans cette ville artificielle resplendissante de kitsch et de mauvais goût.
Donc je vous écris depuis un Starbucks de Toronto, encore humide des litres d'eau qui nous sont tombés sur la tête. La journée était imprévue et imprévisible, avec quelques mauvais moments (notamment le moment où mon appareil photo s'est noyé dans mon sac à cause d'une bouteille mal refermée) et beaucoup de très belles découvertes. Finalement, une excellente journée pour célébrer un heureux non-évènement qui a commencé il y a un an.
Demain matin, on retrouve New York et j'aurai le temps d'écrire plus longuement.
Il y aura des photos et tout et tout, promis !
C'est un peu le paradoxe de l'écriture, si on s'y consacre trop on a moins de choses à raconter et quand on vit beaucoup de choses on n'arrive plus à prendre le temps d'en garder des traces.
Hier, dans l'avion qui nous emmenait du soleil radieux vers le brouillard dégueu (de Boston à Buffalo donc), le nombre de passagers qui regardaient les news à la place des pubs pour les brosses qui nettoient les pieds jusqu'entre les orteils était inhabituellement élevé. Les images tournaient en boucle sur toutes les chaînes d'information : Barack Obama, Oussama Ben Laden, des gens qui pleurent en parlant du 11 septembre et qui se réjouissent de la mort d'un homme en affirmant que la "justice des hommes" a parlé. On avait appris la nouvelle quelques heures plus tôt, au matin, sans avoir rien remarqué la veille.
Je n'ai pas le temps de disserter sur le sujet, le bus pour New York part dans quelques minutes.
De Buffalo, on est allés à Niagara Falls. Et on a décidé de modifier nos plans et de partir le lendemain pour Toronto au lieu de passer notre journée dans cette ville artificielle resplendissante de kitsch et de mauvais goût.
Donc je vous écris depuis un Starbucks de Toronto, encore humide des litres d'eau qui nous sont tombés sur la tête. La journée était imprévue et imprévisible, avec quelques mauvais moments (notamment le moment où mon appareil photo s'est noyé dans mon sac à cause d'une bouteille mal refermée) et beaucoup de très belles découvertes. Finalement, une excellente journée pour célébrer un heureux non-évènement qui a commencé il y a un an.
Demain matin, on retrouve New York et j'aurai le temps d'écrire plus longuement.
Il y aura des photos et tout et tout, promis !
dimanche 1 mai 2011
Ohlala n°222 (Boston 2)
Plein d'optimisme après avoir été réveillés par le soleil, on est sortis dehors comme si c'était l'été. Quand on a lu sur un écran qu'il faisait 53°F (soit un peu moins de 12°C), on a compris pourquoi on avait pas chaud. Mais on a tenu vaillamment, parce qu'on est des warriors.
On a marché jusqu'au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et on s'est promenés dedans puisque c'était grand ouvert. Puis on est retournés dans le centre pour dépenser notre argent intelligemment (chemise, maillot de joueur de basket, smoothie orange/mange, cocktail au gin et au pamplemousse).
Point culminant de la journée (j'aime bien faire des jeux de mots pourris quand je suis fatiguée) : notre pause en haut d'un immense centre commercial, au 52ème étage, occupé par un restaurant très classe et pas atrocement cher.
Ce soir, repas dans un restaurant éthiopien et demain, direction les chutes du Niagara !
On a marché jusqu'au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et on s'est promenés dedans puisque c'était grand ouvert. Puis on est retournés dans le centre pour dépenser notre argent intelligemment (chemise, maillot de joueur de basket, smoothie orange/mange, cocktail au gin et au pamplemousse).
Point culminant de la journée (j'aime bien faire des jeux de mots pourris quand je suis fatiguée) : notre pause en haut d'un immense centre commercial, au 52ème étage, occupé par un restaurant très classe et pas atrocement cher.
Ce soir, repas dans un restaurant éthiopien et demain, direction les chutes du Niagara !
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