Bon, finalement j'ai fait le mouton à cuillère dorée dans la bouche et je suis allée à la fameuse réception donnée par R. D. sur la 77th St. en l'honneur des 3ème années actuellement en stage ou à l'université à NYC ou autour.
J'arrive devant l'hôtel (avec doorman qui veut absolument ouvrir la porte pour toi alors même qu'elle a un petit moteur pour s'ouvrir tout seul donc il la pousse juste - feignasse). J'entre dans le hall. Euh. Ok. Y a des gens en costard qui discutent dans des canapés. Où aller ? Je demande à la réception "Yes, take the elevator, second floor, room 215". Euh "room" ? Genre "chambre" ? Genre on va dans la chambre de RD en fait ? Qu'est-ce que c'est que ce délire ?
Bon. Je prends l'ascenseur. Chelou l'ascenseur, tout noir et blanc avec des miroirs, on se croirait dans la salle de bain de Jo (c'est ma tante, mes parents comprendront) mais en + petit (vraiment tout petit cet ascenseur pour 2 personnes, pas très classe pour un hôtel de l'Upper East Side). C'est hyper oppressant d'avoir du carrelage et des murs en noir et blanc partout autour de toi dans un espace de 2m².
Bon. Je suis dans le couloir. Effectivement y a que des chambres. Et donc là j'imagine que je suis censée trouver la 215. Suivons les flèches. C'est ici. La porte est ouverte. Je jette un oeil (et le ramasse bien vite). Un gars de mon âge est en train de se débarrasser de son manteau dans les bras d'une fille souriante. Ce serait donc vraiment ici. J'approche. Good evening Good evening... merde mais ça parle anglais c'est nul.
"BONJOUR !" Wah mais qui crie comme ça ?! "Bon bah je vais faire l'accueil hein ! Je suis Nadia Mar*k !". Euh y a Nadia Mar*k qui est en train de me tendre la main pour me dire bonjour. Genre la directrice adjointe de l'école qui forme l'élite de la France me tend la main pour me dire bonjour. Waaaah. On se réveille. "Bonjour ! Enchantée... (merde, je m'appelle comment déjà ? Je dis quoi, mon vrai prénom ou le prénom que les gens retiennent ? ou est-ce que je m'amuse à dire nimp, genre Margaux Bardon, ou...) C***** B."
Merde j'ai dit mon vrai nom. Wow ça fait super bizarre, j'avais pas prononcé ce nom depuis facile 6 mois. Je dois avoir l'air choquée par cette découverte parce qu'elle me regarde d'un drôle d'air. Bon. Je donne mon manteau, mon sac, je jette un coup d'oeil autour, on est donc vraiment dans une chambre, tous les meubles ont été retirés mais y a une TV à écran plat. Ah tiens quelqu'un que je connais, je vais dire bonjour. Tout le monde insiste pour qu'on prenne à boire, donc je me laisse tenter par un Coca (folie folie). D'autres entament une belle grande coupe de champagne, d'autres ont un verre de vin rouge à la main. Je suis pas hype et je m'en fous.
Des étudiants qui sont en échange à Columbia arrivent, on discute. Soudain, RD est à nos côtés. Il nous demande ce qu'on fait à NY, chacun répond à tour de rôle. Il nous demande si tout se passe bien. Ce qui nous a le + surpris depuis qu'on est ici. Si le niveau des étudiants est bon. Si on s'est bien intégré à la vie professionnelle. Entre chaque question un bref silence "wah trop bizarre on est en train de parler à RD, euh, on est censés lui dire quoi en fait ?".
Et puis il dit qu'au Japon ou à Pékin l'intégration est pas facile et je lui demande pourquoi, il se met à nous parler de la société japonaise où les femmes ne prennent jamais la parole même dans les + grandes universités et des Chinois qui respirent + de trucs toxiques que d'oxygène. Je ne sais plus si c'est à Pékin ou à Tokyo mais dans une de ces deux villes, il n'y a pas de système de nom de rues, tu dois te démerde pour savoir où se trouve l'endroit où on te donne rendez-vous mais il n'y a pas, je répète, ni de nom ni de numéro dans les rues. C'est complètement hallucinant.
J'enchaîne en lui demandant s'il a des nouvelles des étudiants en Egypte, histoire de savoir ce qui me serait arrivé si j'avais été là-bas. Ils sont sur le point d'être rapatriés, on les a laissé faire comme ils voulaient au départ mais maintenant ils sont fortement incités à rentrer. D'ailleurs, les journalistes aussi sont en train de partir, demain matin au Caire il n'y aura plus que des Egyptiens pour tenir le monde au courant de ce qui se passe place Tahrir, les hôtels mettent tout le monde dehors et les militaires font des descentes pour confisquer les ordinateurs et les appareils photos.
Et puis RD enchaîne sur les étudiants américains qui sont incapables de tenir une conversation sur l'actualité internationale et sur la bourse qui vient justement d'être attribuée à un étudiant de Yale. Puis il parle du système des concours, du système éducatif français basé sur "la moyenne" (j'ai failli parler de June Prune), de la façon dont on choisit les candidats à l'ENA... Il finit par nous laisser pour faire un discours officiel de remerciement, fin du quart d'heure surréaliste (et non pas quart d'heure américain, je vous vois venir).
Ensuite chacun reforme de petits groupes pour se donner des nouvelles, je rencontre la coloc de Khedidja, je parle avec des gens de la même promo que moi, que j'ai côtoyés pendant 2 ans et que je n'ai jamais vus de ma vie, c'est marrant. Bon, ça a un petit côté agaçant rappelé par Nadia M. à un moment quand elle a dit pour rire au milieu du discours de RD "c'est pas grave, on est entre nous hein !". Oui, voilà, entre "nous". Ce qui m'agace le +, c'est peut-être bien de sentir que malgré mon ton sarcastique, je fais bien partie du "nous".
Mais bon, j'admets que ça fait du bien de partager ses expériences et de pouvoir parler tout le temps en français. Finalement, un peu avant 21h, je rentre. Je serais bien restée un peu - quoique certain(e)s commençaient à avoir un peu trop bu et à devenir légèrement lourd(e)s - mais il fallait que j'aille discuter avec A.
Oui parce que, rebondissement dans l'affaire A., je lui ai dit hier que je partais le 15 et voilà qu'elle m'annonce par mail ce matin que ça va pas du tout et qu'il faut que je reste jusqu'à la fin du mois parce que ça va être compliqué de trouver une nouvelle coloc pour le milieu du mois !! Non mais je rêve.
Rappelons que j'ai déjà payé le loyer pour tout le mois de février. Donc je vois pas où est le problème si je me barre le 15 et qu'elle trouve quelqu'un que le 1er mars, ça fait quand même la transition, financièrement parlant. Pire, si elle trouve quelqu'un avant - ce qui va évidemment arriver puisqu'il faut environ 3 jours pour visiter un appart et y emménager à NYC - elle gagne 15 jours de loyer rien que pour elle puisqu'elle a déjà le mien en poche.
Et voilà qu'elle me sort que les gens en hiver bougent très peu à NY et que donc ça va être compliqué. Un putain de petit village de 8,4 millions d'habitants, j'avoue, gros challenge en perspective.
Elle terminait son mail en disant qu'elle voulait qu'on en parle ce soir. Donc j'ai juste répondu que oui, d'accord, on se parlerait ce soir. Manque de bol quand je suis rentrée à 21h30 elle était déjà au lit apparemment, en tout cas elle a pas bougé pour venir me parler et quand j'ai essayé d'aller la voir à 22h30 elle a pas répond quand j'ai toqué à sa porte.
Donc on verra ça demain. J'ai super super super envie de me foutre ouvertement de sa gueule et de lui dire presque sans demi-mot à quel point elle est "fucking stupid" de venir me faire chier avec ses "normalement quand on dit qu'il faut donner 30 jours de préavis ça veut dire qu'on reste dans l'appartement pendant les 30 jours ou alors on part juste quelques jours avant". Non, A., les 30 jours de préavis ça veut dire que tu PAIES les 30 jours suivants. Et il se trouve que je te paie même davantage que 30 jours puisque je t'ai annoncé le 25 que j'allais partir et je te paie jusqu'au 28 février.
Evidemment, comme d'hab, je vais la jouer aimable et courtoise. Mais je vous le dis à vous, si je pouvais lui parler en français et pas en anglais, je crois bien que je me ferais le plaisir de lui parler exactement comme elle nous parle, en répétant "tu ne comprends pas" "est-ce que je peux parler ou est-ce que tu cherches juste à dire quelque chose ?" "laisse moi être claire sur ce point" tout en agitant mon index comme une prof de CE1.
Décidément, parfois, je regrette que mes parents m'aient si bien éduquée.
Je me demande si je dois être contente ou pas que ce RD pense comme moi sur la moyenne... Je ne fais pas partie du "entre nous", et ça me va très bien, alors dois-je autoriser les "entre nous" à me piquer mes convictions ? ;-)))
RépondreSupprimerMargaux Bardon, ce serait pas juste un nom parfait, ça ? :D
RépondreSupprimerSinon je regrette aussi que tu sois si bien élevée. Parce que franchement, The Freak mérite de grosses, grosses claques dans sa face de Freak. Mais je sais aussi à quel point c'est différent de s'énerver dans une langue étrangère. Le fait de devoir penser à ce que tu vas dire enlève tout le côté spontanément vénèr de la chose... Nevertheless, je pense que tu devrais quand même lui crever yeux, mais ce n'est que mon humble et pacifique avis :)
Chère Margaux,
RépondreSupprimerIl est impossible de refaire l'éducation de ma fille car tout se joue avant 6 ans et elle en a largement 3 fois plus. De plus, je déconseille fortement le crevage d'oeil car l'Américain étant procédurier, cela pourrait entraîner une grosse perte financière...Je conseille donc à notre fille de penser à ses parents et de garder sa bonne éducation !
Saluons le grand retour de June Prune ! Tiens, elle n'avait pas la tête à lire ton blog ? Pourtant, il est bien connu que le métier d'enseignant est de tout repos...Pour ma part, je précise que je serai en grève le 10, ce qui ne m'était pas arrivé depuis très, très longtemps, mais quand on te tape dessus, c'est pas interdit, en tout cas pas encore,de dire que ça fait mal...
RépondreSupprimerPhoque, la petite sauterie rien que pour les new-yorkais. Jaloux. Pourquoi Richie n'est pas venu au Texas? Phoque.
RépondreSupprimerTu n'as même pas pris de champagne. Weird.
et oui, tu es Nous. Miaou
Grand retour, je ne sais pas, mais retour... Je me suis trop reposée, c'est pour ça que je n'écrivais rien et que je ne visitais plus de blogs ;-)
RépondreSupprimer-> VK : Il était à New York pour lancer ScPo USA histoire de faire du fundraising chez les anciens qui ont bien réussi, ceux que les "Nous" connaissent par leur prénom.
RépondreSupprimerEt j'ai pas pris de champagne parce que je bois plus d'alcool, mais aussi parce que j'aime pas le champagne - voilà, c'est dit, traitez-moi d'über-snob si vous voulez.
-> Margaux : A moins qu'elle fasse vraiment chier au dernier moment, je ne m'énerverai pas contre elle. Je préfère avoir de la pitié pour elle, c'est + rabaissant que de considérer qu'elle est apte à entendre mes propos.
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